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Le mouvement libertin

Publié le 22/03/2014

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Le mouvement libertin 

Au début du XVII siècle, un esprit de contestation se développe chez les écrivains, mais aussi chez les savants, les médecins et les philosophes. Le mouvement libertin se présente d´abord comme un courant de pensée philosophique et comme une contestation des dogmes de l´église pour devenir au XVIII siècle un mouvement littéraire et culturel qui revendique la quête des plaisirs. Il favorise la création artistique à travers sa passion du luxe. La noblesse se précipite dans la recherche du luxe et des plaisirs. La Cour, l´opéra, les petites maisons, les boudoirs sont les lieux où s´exercent les jeux de la séduction. Le mot libertin, au XVIII siècle, renvoie à tous ceux qui revendiquent la libération des mœurs et le culte des plaisirs, dans la société comme dans la littérature. 

Les principes du mouvement : 

Affirmer la liberté de penser : les libertins partagent le même scepticisme devant les croyances, les préjugés et les superstitions. Ils rejettent la foi aveugle dans les principes religieux et la soumission à l´autorité de l´Église. 

Rechercher le plaisir : les libertins sont à la recherche du plaisir sensuel et de la volupté. Ils dénoncent l´hypocrisie sociale. Ils manifestent leur esprit de révolte contre les interdits, les tabous imposés par la morale et la société. Il défie l´autorité paternelle, l´institution du mariage, les conventions sociales. 

 

Biographie 

Donatien Alphonse François de Sade, né le 2 juin 1740 à Paris et mort le 2 décembre 1814 à Charenton. Homme de lettres, philosophe, libertin, révolutionnaire français et athée. Il est associé à des actes impunis de violence et de cruauté (fustigations, tortures, meurtres, incestes, viols, etc.). 

Descendant d´une famille aristocratique, Sade est élevé au collège d´Harcourt, chez les jésuites. A 14 ans, il entre dans une école militaire réservée aux fils de la plus ancienne noblesse. Nommé sous-lieutenant au régiment d´infanterie du roi puis capitaine de cavalerie, il participe à la guerre de Sept ans contre la Prusse. Il brille par son courage, mais aussi par son goût pour le vice. Revenu, en 1763, avec le grade de capitaine, il fréquente les actrices de théâtre et les courtisanes. Son père cherche à le marier au plus vite. Le 17 mai 1763, il épouse une aristocrate, Mlle de Montreuil. Cinq mois après son mariage, il est incarcéré pour la première fois pendant deux semaines au donjon de Vincennes, pour « débauches outrées « (flagellation, sacrilège, sodomie homosexuelle). C´est le début d´une longue série de scandales, d´incarcérations et de fuites qui conduisent le marquis de Sade à être emprisonné de 1778 à 1790. Il est détenu sous tous les régimes politiques (monarchie, république, empire). En 1768, il est à nouveau incarcéré six mois pour avoir enlevé et torturé une passante. A Marseille, en 1772, il est accusé d'empoisonnement (il avait distribué, lors d'une orgie, des pastilles aphrodisiaques à quatre prostituées qui avaient rendu malade) et doit s'enfuir en Savoie. Condamné à mort par contumace, il est arrêté, s'évade, puis cinq ans plus tard (au cours desquels il alterne voyages et scandales), il est arrêté à Paris où il était venu régler ses affaires après la mort de sa mère. Malgré les interventions de sa femme, il va passer cinq années dans le donjon de Vincennes, écrivant pièces de théâtre et romans pour tromper son ennui. Avant d'être transféré à la Bastille où il commence la rédaction de Cent vingt journées de Sodome (1785). En juillet 1789, dix jours avant la prise de la bastille, il est transféré à Charenton, dans un asile de fous. Il doit abandonner sa bibliothèque de six cents volumes et ses manuscrits. 

Il recouvre la liberté en 1790. Sa femme, lasse de ses violences, obtient la séparation. Ses deux fils émigrent. Pour survivre dans le Paris révolutionnaire, il cherche à faire jouer ses pièces, il se lie avec une jeune actrice, Marie Constance Quesnet, qui lui restera fidèle jusqu'au bout. Pour faire oublier ses origines nobles, il milite dans la section révolutionnaire de son quartier. Il participe à la Révolution française comme secrétaire à la section des Piques. Fin 1793, il est arrêté et condamné à mort. Il échappe à la guillotine et est libéré en octobre 1794. Mais Sade est à nouveau arrêté, sept ans plus tard, comme auteur des romans scandaleux. On ne lui pardonne pas sa violence érotique, son délire du vice et sa pornographie. Sans jugement, il est enfermé dans l'asile de fous de Charenton par décision administrative. Malgré ses suppliques et ses protestations, c´est là qu´il meurt le 1er décembre 1814 à l´âge de soixante quatorze ans sans jamais retrouver la liberté. Sur ses 74 années de sa vie, il passe 30 ans en prison. Il est enterré religieusement, contrairement aux souhaits formulés dans son testament. Ses descendants refusent de porter le titre de marquis. 

Son nom est passé à la postérité sous forme de substantif, « sadisme«, qui fait référence aux actes de cruauté décrits dans ses œuvres, une perversion dans laquelle la satisfaction sexuelle ne peut être obtenue qu'en infligeant des souffrances physiques ou morales à autrui. 

 

Son œuvre  

 

Sade peut être considéré comme l'un des grands écrivains français. Il maîtrise parfaitement la langue française. Son œuvre est philosophique et politique. Il provoque un renversement de toutes les règles morales traditionnelles : la calomnie, le vol, le meurtre et les pires excès de cruauté pour lui sont conformes à la propre nature humaine. Il alterne dans ses ouvrages les scènes pornographiques souvent extrêmes et les dissertations philosophiques. Pour l´esthétique, il est de coté baroque à cause de l´accumulation, un style chargé, mais il admire aussi les classiques. 

L´œuvre de Sade reste interdite pendant un siècle et demi. Occultée et clandestine pendant tout le XIXe siècle, il faut attendre au XXe siècle pour que son œuvre, qui ouvre la voie à la psychologie sexuelle moderne, soit réhabilitée par Jean- Jacques Pauvert qui la sort de la clandestinité en publiant en 1957 ouvertement ses œuvres sous son nom d'éditeur, malgré la censure officielle. La dernière étape vers la reconnaissance est sans doute représentée par l’entrée de Sade dans la Bibliothèque de la Pléiade en 1990. 

Sade commence à écrire en prison. « L’écrivain naît quand agonise l’homme « disait Simone de Beauvoir. Sa production en prison est plus riche que l’œuvre de sa liberté. Ses œuvres intra-muros sont plus nombreuses et plus denses que ses écrits extra-muros et sa radicalité est proportionnelle aux conditions de détention. D’abord à la Bastille de 1784 à 1789 (Les Cent vingt journées, 1785 ; Les infortunes de la vertu, 1787 ; Justine ou les malheurs de la vertu, 1788) et immédiatement après l’incarcération de 1793-1794 (La philosophie dans le boudoir, 1795 ; La nouvelle Justine et l’Histoire de Juliette, 1796-1797). 

 

Ses œuvres plus importantes : 

Les Cent Vingt Journées de Sodome (1785). 

C´est la première grande œuvre de Sade et un des plus violents et des plus controversés de la littérature française. Cet ouvrage conte crûment les orgies sadiques de quatre hommes enfermés dans un château pour torturer, violer et humilier des jeunes filles et des jeunes garçons. Le livre comprend des actes de sadisme, d'inceste, de zoophilie et de nécrophilie 

Encore aujourd'hui, certains pays refusent qu'il soit publié. La Corée du Sud, par exemple, l´année dernière a fait détruire tous les exemplaires qui circulaient. 

 

Justine ou les Malheurs de la vertu (1791). 

Il y a trois versions de Justine. Justine est une jeune fille vertueuse, dont l´innocence et la naïveté excitent la convoitise et la cruauté des libertins. L´écrivant renverse à travers elles les valeurs morales élémentaires, dans son œuvre la vertu est toujours punie et le vice récompensé. C´est pourquoi Juliette, sa sœur, entrée dans la carrière du vice, va de succès en succès. Riche et admirée, elle incarne le libertinage dans ses pires excès. Juliette et Justine représentent le vice et la vertu, le mal et le bien, la vertu écrasée par le vice. 

 

La Philosophie dans le boudoir (1795). 

La Philosophie dans le boudoir est une des œuvres majeures de Sade. L´œuvre est composé sous la forme de sept dialogues entrecoupés de discours philosophique et politique sur la liberté, la religion, la politique et la morale. 

Le cinquième dialogue « Français encore un effort si vous voulez être républicains «, dans lequel Sade justifie ses opinions révolutionnaires. C´est un pamphlet qui atteste que l’émancipation politique, économique et sociale des Français ne se peut concevoir sans une entière libération sexuelle. 

L' œuvre narre l'éducation érotique, dans un boudoir, d'une jeune fille, Eugénie de Mistival, que Madame de Saint-Ange et le chevalier de Mirval, son frère, vont initier à toutes les facettes de la luxure, une luxure exagérée et illimitée (jusqu'au crime). Les personnages font l’amour dans toutes les positions imaginables et ils sont soumis aux exigences de plus en plus déraisonnables du désir : après les pénétrations vaginales, la sodomie ; après la sodomie, les flagellations ; après l’amour à deux, l’amour à plusieurs ; etc…À la fin du récit, le boudoir se transforme en salon de torture : Eugénie et ses instituteurs immoraux infligent à Madame de Mistival une série de coups et de vexations morales, puis la violent et la font violer par un homme porteur d’une maladie vénérienne. Ensuite, l’horreur atteint son apogée : Eugénie et Dolmancé cousent le vagin et l’anus de la malheureuse. 

 

Quelques idées sur Sade 

Dans le monde de Sade, le droit à la jouissance, à la volupté est sacré. Il nous montre l´intérieur de la personne humaine sauvage, les pulsions, pourquoi la personne humaine fonctionne au niveau du sexe. Sade nous apprendre à découvrir les pulsions cachés de notre corps, de maitriser notre corps. C´est la nature humaine, la sexualité et la jouissance, la capacité de l´homme de jouir, jouissance personnel qui lui-même peut produire étant donné que nous sommes un corps. Chaque citoyen et chaque citoyenne sont donc tenus de se prêter aux désirs de chaque autre. Sade revendique sur ce point une parfaite égalité entre les hommes et les femmes. Sade souligne que chacun est singulier, en chacun la force du désir domine mais ces désirs sont de nature différente. 

Puisque la jouissance des plus forts est sacrée, toute protection de l’enfance est rejetée : Dès qu’on accorde le droit à la jouissance, aucune considération portant sur les effets produits par la jouissance n’est admissible. C´est pour cela qu´il défend la pédophilie et l´inceste. 

Il va découvrir que l´homme a deux natures en même temps, il est bon et méchant en même temps. Chaque personne est capable de faire du bien et du mal. C´est un humanisme qui contient le coté mauvais. Il est matérialiste parce qu´il s´occupe de sensation, de l´expérience du corps humain, mais d´une façon exagéré. Il fait une défense de valeurs républicaines. 

Il va contre la religion, contre l´église avec une violence énorme. Il propose l´athéisme, l´élimination de l´église comme institution pour permettre le développement de l´état républicain. L´athéisme est, selon Sade, « le seul système de tous les gens qui savent raisonner «. Le Dieu des religions n’est qu’une invention des politiques pour mieux discipliner les peuples par la peur des enfers ; rien n’existe que la nature et les mouvements de la nature et en particulier les passions sont dans l’ordre, aucun désir ne peut sortir qui ne soit naturel. 

Pour Sade le meurtre n´est pas un crime. Aucun geste criminel ne peut être condamné. La mort est dans l’ordre du monde, elle fait partie de l’économie vitale. Sans la mort, aucune génération ne serait possible. Seul l’orgueil humain peut penser l’homicide comme un mal absolu. Les animaux se tuent entre eux ; l’homme tue les animaux, l’homme est un animal comme les autres. Le meurtre n’est pas un crime aux yeux de la nature, le meurtre est sa loi, quand l’homme se livre à l’homicide, c’est une impulsion naturelle qui le pousse, l’homme qui détruit son semblable est à la nature. Sade précise qu’il est absolument indifférent à la nature que tel ou tel homme meure dans l’instant ou vive plus longtemps. 

Toutes les philosophies politiques classiques s’accordent sur l’idée que les hommes se sont réunis en société pour mettre fin à l’insécurité qui régnait dans l’état de nature. La première règle collective est donc celle qui interdit le meurtre. Sade s’oppose radicalement à l’ensemble de cette tradition et décline une autre conception de l’existence collective. La morale civile de Sade reconnaît donc à chacun la liberté d’homicide et préconise l’abolition de la peine de mort comme sanction légale du meurtre. Sade se justifie en soulignant qu’il est contradictoire de condamner le crime et de commettre un autre de même sorte en mode de sanction. Il note surtout que le crime commis dans la chaleur de la passion a pour excuse une impulsion vitale. 

Dans un monde où les individus sont libres de satisfaire leur désir aux dépens de leur victime, il est clair que la propriété ne sera plus reconnue comme un droit défendu par la force commune. Le vol par lequel un individu s’approprie du bien qu’un autre possédait n’est qu’une manifestation vitale du désir et de la force du premier. De plus, le vol apprend à celui qui est volé à mieux prendre attention de ses biens. Il a aussi pour effet une égalisation des richesses, ce qui est toujours un avantage politique dans une république. 

La loi qui garantit la propriété et punit le vol est donc doublement injuste et inefficace. Il faudrait mieux punir l’homme assez négligent pour se laisser voler. Quant au voleur il n’a fait que suivre le premier et le plus sage des mouvements de la nature, celui de conserver sa propre existence n’importe aux dépens de qui. 

 

 

 

Sainte-Beuve affirme que Sade peut-être été un des plus grands inspirateurs de nos modernes. 

Flaubert est un grand lecteur de Sade. « Arrive. Je t’attends. Je m’arrangerai pour procurer à mes hôtes un de Sade complet ! 

Il y a vraiment chez Flaubert une obsession de de Sade. Il va jusqu’à dire, dans ses plus beaux paradoxes, qu’il est le dernier mot du catholicisme (9 avril 1861). « 

Baudelaire écrit dans Projets et notes diverses : « II faut toujours en revenir à de Sade, c'est-à-dire à l'Homme Naturel, pour expliquer le mal. « Je compare ces vers étranges 

 

Dans À Rebours, Huysmans consacre plusieurs pages au sadisme, « ce bâtard du catholicisme «. 

 

MME DE SAINT-ANGE : Ce sceptre de Vénus, que tu vois sous tes yeux, Eugénie, est le premier agent des plaisirs en amour : on le nomme membre par excellence ; il n’est pas une seule partie du corps humain dans lequel il ne s’introduise. Toujours docile aux passions de celui qui le meut, tantôt il se niche là (elle touche le con d’Eugénie) : c’est sa route ordinaire... la plus usitée, mais non pas la plus agréable ; recherchant un temple plus mystérieux, c’est souvent ici (elle écarte ses fesses et montre le trou de son cul) que le libertin cherche à jouir : nous reviendrons sur cette jouissance, la plus délicieuse de toutes ; la bouche, le sein, les aisselles lui présentent souvent encore des autels où brûle son encens ; et quel que soit enfin celui de tous les endroits qu’il préfère, on le voit, après s’être agité quelques instants, lancer une liqueur blanche et visqueuse dont l’écoulement plonge l’homme dans un délire assez vif pour lui procurer les plaisirs les plus doux qu’il puisse espérer de sa vie. 

EUGÉNIE : Oh ! que je voudrais voir couler cette liqueur ! 

MME DE SAINT-ANGE : Cela se pourrait par la simple vibration de ma main : vois, comme il s’irrite à mesure que je le secoue ! Ces mouvements se nomment pollution et, en terme de libertinage, cette action s’appelle branler. 

EUGÉNIE : Oh ! ma chère amie, laisse-moi branler ce beau membre. 

 

DOLMANCÉ : On ne saurait davantage : voilà précisément ce que je demandais, agitez maintenant ces beaux culs de tout le feu de la lubricité ; qu’ils se baissent et se relèvent en cadence ; qu’ils suivent les impressions dont le plaisir va les mouvoir... Bien, bien, c’est délicieux !... 

EUGÉNIE : Ah ! ma bonne, que tu me fais de plaisir !... Comment appelle-t-on ce que nous faisons là ? 

MME DE SAINT-ANGE : Se branler, ma mie... se donner du plaisir ; mais, tiens, changeons de posture ; examine mon con... c’est ainsi que se nomme le temple de Vénus. Cet antre que la main couvre, examine-le bien : je vais l’entrouvrir. Cette élévation dont tu vois qu’il est couronné s’appelle la motte : elle se garnit de poils communément à quatorze ou quinze ans, quand une fille commence à être réglée. Cette languette, qu’on trouve au-dessous, se nomme le clitoris. Là gît toute la sensibilité des femmes ; c’est le foyer de toute la mienne ; on ne saurait me chatouiller cette partie sans me voir pâmer de plaisir... Essaie-le... Ah ! petite friponne ! comme tu y vas !... On dirait que tu n’as fait que cela toute ta vie !... Arrête !... Arrête !... Non, te dis-je, je ne veux pas me livrer !... Ah ! contenez-moi, Dolmancé !... sous les doigts enchanteurs de cette jolie fille, je suis prête à perdre la tête ! 

DOLMANCÉ : Eh bien ! pour attiédir, s’il se peut, vos idées en les variant, branlez-la vous-même ; contenez-vous, et qu’elle seule se livre... Là, oui !... dans cette attitude ; son joli cul, de cette manière, va se trouver sous mes mains ; je vais le polluer légèrement d’un doigt... Livrez-vous, Eugénie ; abandonnez tous vos sens au plaisir ; qu’il soit le seul dieu de votre existence ; c’est à lui seul qu’une jeune fille doit tout sacrifier, et rien à ses yeux ne doit être aussi sacré que le plaisir. 

 

MME DE MISTIVAL : Juste ciel ! mon Eugénie est perdue, cela est clair... Eugénie, ma chère Eugénie, entends pour la dernière fois les supplications de celle qui t’a donné la vie ; ce ne sont plus des ordres, mon enfant, ce sont des prières ; il n’est malheureusement que trop vrai que tu es ici avec des monstres ; arrache-toi de ce commerce dangereux, et suis-moi, je te le demande à genoux ! (Elle s’y jette.) 

DOLMANCÉ : Ah ! bon ! voilà une scène de larmes !... Allons, Eugénie, attendrissez-vous ! 

EUGÉNIE, à moitié nue, comme on doit s’en souvenir : Tenez, ma petite maman, je vous apporte mes fesses... les voilà positivement au niveau de votre bouche ; baisez-les, mon coeur, sucez-les, c’est tout ce qu’Eugénie peut faire pour vous... Souviens-toi, Dolmancé, que je me montrerai toujours digne d’être ton élève. 

MME DE MISTIVAL, repoussant Eugénie avec horreur : Ah ! monstre ! Va, je te renie à jamais pour ma fille ! 

EUGÉNIE : Joignez-y même votre malédiction, ma très chère mère, si vous le voulez, afin de rendre la chose plus touchante, et vous me verrez toujours du même flegme. 

DOLMANCÉ : Oh ! doucement, doucement, madame ; il y a une insulte ici ; vous venez à nos yeux de repousser un peu trop durement Eugénie ; je vous ai dit qu’elle était sous notre sauvegarde ; il faut une punition à ce crime ; ayez la bonté de vous déshabiller toute nue pour recevoir celle que mérite votre brutalité. 

MME DE MISTIVAL : Me déshabiller !... 

DOLMANCÉ : Augustin, sers de femme de chambre à madame, puisqu’elle résiste. (Augustin se met brutalement à l’ouvrage ; elle se défend.) 

MME DE MISTIVAL, à Mme de Saint-Ange : Oh ! ciel ! où suis-je ? Mais, madame, songez-vous donc à ce que vous permettez qu’on me fasse chez vous ? Imaginez-vous donc que je ne me plaindrai pas de pareils procédés ? 

MME DE SAINT-ANGE : Il n’est pas bien certain que vous le puissiez. 

MME DE MISTIVAL : Oh ! grand Dieu ! l’on va donc me tuer ici ! 

DOLMANCÉ : Pourquoi pas ? 

MME DE SAINT-ANGE : Un moment, messieurs. Avant que d’exposer à vos yeux le corps de cette charmante beauté, il est bon que je vous prévienne de l’état dans lequel vous allez le trouver. Eugénie vient de me tout dire à l’oreille : hier, son mari lui donna le fouet à tour de bras, pour quelques petites fautes de ménage... et vous allez, m’assure Eugénie, trouver ses fesses comme du taffetas chiné. 

DOLMANCÉ, dès que Mme de Mistival est nue : Ah ! parbleu : rien n’est plus véritable. Je ne vis, je crois, jamais un corps plus maltraité que celui-là... Comment, morbleu ! mais elle en a autant par-devant que par-derrière !... Voilà pourtant un fort beau cul. (Il le baise et le manie.) 

MME DE MISTIVAL : Laissez-moi, laissez-moi, ou je vais crier au secours ! 

MME DE SAINT-ANGE, s’approchant d’elle et la saisissant par le bras : Écoute, putain ! je vais à la fin t’instruire !... Tu es pour nous une victime envoyée par ton mari même ; il faut que tu subisses ton sort ; rien ne saurait t’en garantir... Quel sera-t-il ? je n’en sais rien ! peut-être seras-tu pendue, rouée, écartelée, tenaillée, brûlée vive ; le choix de ton supplice dépend de ta fille ; c’est elle qui prononcera ton arrêt. Mais tu souffriras, catin ! Oh ! oui, tu ne seras immolée qu’après avoir subi une infinité de tourments préalables. Quant à tes cris, je t’en préviens, ils seraient inutiles : on égorgerait un boeuf dans ce cabinet que ses beuglements ne seraient pas entendus. Tes chevaux, tes gens, tout est déjà parti. Encore une fois, ma belle, ton mari nous autorise à ce que nous faisons, et la démarche que tu fais n’est qu’un piège tendu à ta simplicité, et 

 

EUGÉNIE : Que vas-tu faire, mon ami, que vas-tu faire à cette garce ? À quoi vas-tu la condamner, en perdant ton sperme ? 

DOLMANCÉ, toujours fouettant : La chose du monde la plus naturelle : je vais l’épiler et lui meurtrir les cuisses à force de pinçures. 

MME DE MISTIVAL, recevant cette vexation : Ah ! le monstre ! le scélérat ! il m’estropie !... juste ciel !... 

DOLMANCÉ : Ne l’implore pas, ma mie : il sera sourd à ta voix, comme il l’est à celle de tous les hommes ; jamais ce ciel puissant ne s’est mêlé d’un cul. 

MME DE MISTIVAL : Ah ! comme vous me faites mal ! 

DOLMANCÉ : Incroyables effets des bizarreries de l’esprit humain !... Tu souffres, ma chère, tu pleures, et moi je décharge... Ah ! double gueuse ! je t’étranglerais, si je n’en voulais laisser le plaisir aux autres. À toi, Saint-Ange. (Mme deSaint-Ange l’encule et l’enconne avec son godemiché ; elle lui donne quelques coups de poing ; le chevalier succède ; il parcourt de même les deux routes, et la soufflette en déchargeant. Augustin vient ensuite ; il agit de même et termine par quelques chiquenaudes, quelques nasardes. Dolmancé, pendant ces différentes attaques, a parcouru de son engin les culs de tous les agents, en les excitant de ses propos.) Allons, belle Eugénie, foutez votre mère ; enconnez-la d’abord ! 

EUGÉNIE : Venez, belle maman, venez, que je vous serve de mari. Il est un peu plus gros que celui de votre époux, n’est-ce pas, ma chère ? N’importe, il entrera... Ah ! tu cries, ma mère, tu cries, quand ta fille te fout !... Et toi, Dolmancé, tu m’encules !... Me voilà donc à la fois incestueuse, adultère, sodomite, et tout cela pour une fille qui n’est dépucelée que d’aujourd’hui !... Que de progrès, mes amis !... avec quelle rapidité je parcours la route épineuse du vice !... Oh ! je suis une fille perdue !... Je crois que tu décharges, ma douce mère ?... Dolmancé, vois ses yeux !... n’est-il pas certain

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