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Lorenzaccio De Musset Est-Elle Une Pièce Politique Ou Autobiographique ?

Publié le 22/03/2014

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musset

Lorenzaccio, Alfred de Musset 

 

Lorenzaccio est une pièce d' Alfred de Musset, écrite en 1833, et très controversée car elle a bouleversé le théâtre classique et les normes du XIXème siècle. Elle relate l'histoire d'une bataille sans fin à Florence au XVIème siècle entre le pouvoir et le peuple avec, comme personnage central, Lorenzo de Médicis. Des sujets très délicats pour l'époque y sont abordés, ce qui ne laisse pas le lecteur et/ou le spectateur indifférent. 

Lorenzaccio de Musset est-elle une pièce politique ou autobiographique ? 

Nous parlerons dans un premier temps de la politique de la pièce puis dans un second temps du thème autobiographique. 

 

La politique définit tout ce qui est relatif aux affaires publiques. Elle est très présente dans Lorenzaccio. 

Lorenzaccio est inspirée d'une histoire vraie, racontée dans une chronique sur la vie de Florence au XVIème siècle, La storia fiorentina de Benetto Varchi. L'ouvrage original ayant été écrit au XVIème siècle, des faits historiques et politiques se retrouvent comme, par exemple, le règne de Charles Quint ou celui des Médicis, mais l'auteur y a aussi glissés des faits politiques de sa propre époque, comme un message à ses lecteurs. 

Les événements politiques contemporains sont rappelés par les événements de la pièce avec le peuple qui aspire au changement. Celui-ci est en majorité républicain et donc, se bat contre la tyrannie, ici, des Médicis. 

On voit cette révolte par deux actes : 

- Dans la scène 2 de l'acte I, cela ressemble aux révoltes du peuple à Paris en 1830 (2 ans avant l'écriture de la pièce). Le peuple y est très présent : on y trouve le marchand, l'orfèvre, des écoliers, des bourgeois... Dans toutes leurs discussions, il est question du pouvoir, qu'ils en parlent en bien ou en mal. Par exemple, l'orfèvre critique le trop plein pouvoir des Médicis : « (…) les Médicis gouvernent au moyen de leur garnison ; ils nous dévorent comme une excroissance vénéneuse dévore un estomac malade (…) «.- Dans la scène 3 de l'acte I, on évoque le bonnet de la liberté qui était utilisé à Paris à la fin du XVIIIème siècle et qui était le signe de la liberté : « Et le bonnet de la Liberté, n'est-il pas vrai, petite sœur ? «. C'est donc un anachronisme volontaire car ce bonnet n'existait bien évidemment pas au XVIème siècle, il est seulement utilisé pour rappeler la révolution. 

Des actes plus vagues peuvent aussi faire penser à des références historiques et politiques comme la succession d'Alexandre de Médicis par Côme de Médicis à la fin de l'histoire qui est identique aux successions des tyrans. On peut aussi penser que Charles Quint est la représentation du nationalisme.Enfin, le peuple florentin est certainement une référence à la France de 1830 puisque le nationalisme apparaît également à Paris dans les années 1830. 

Alfred de Musset dénonce donc la monarchie et la tyrannie à travers le registre pathétique de son texte: il pousse au nationalisme. 

Aussi, l'histoire tourne toujours autour de la famille des Médicis qui est au pouvoir. Sont mis en scène, Lorenzo qui essaye d'accomplir un coup d'état en assassinant son propre cousin, le peuple républicain qui souhaite renverser le pouvoir ou tout du moins s'en protéger, le peuple monarchiste qui soutient et sert le pouvoir ,et enfin, le pouvoir en lui-même représenté par Alexandre de Médicis. La pièce tourne donc toujours autour du pouvoir de Florence et donc de la politique. 

 

Alfred de Musset a donc utiliser de nombreux faits politiques pour sa pièce de théâtre mais pas seulement. Il utilise aussi sa propre expérience. 

 

Utiliser son expérience pour une histoire donne de l'épaisseur à celle-ci, c'est ainsi que l'auteur s'est inspiré de lui-même pour Lorenzaccio. 

En effet on retrouve plusieurs traits de l'auteur dans le personnage de Lorenzo. 

Tout d'abord, comme Musset, Lorenzo a connu une adolescence modèle, on l'apprend dans l'acte 4 de la scène II, lorsque Marie Soderini, sa mère dit : « Je songeais aux jours où j'étais heureuse, aux jours de ton enfance, mon Lorenzino. « et « (…) lui qui passait autrefois les nuits à travailler «. Elle explique ici qu'elle était heureuse et fière de lui quand il était plus jeune. 

Toujours comme l'auteur, il s'est ensuite transformé en débauché, avide de luxure. On le voit dès la première scène lorsque ,avec son cousin, ils attendent la « livraison « d'une très jeune fille dont il fait l'éloge : « Voir dans un enfant de quinze ans la rouée à venir (...) « et « Jamais arbuste en fleur n'a promis de fruits plus rares, jamais je n'ai humé dans une atmosphère enfantine plus exquise odeur de courtisanerie. «. 

Il parle donc ici d'une jeune fille de 15 ans qui doit être « livrée « à Alexandre, chose dont il paraît être fier. Il est ici en pleine débauche. 

Enfin, ressemblance plus subtile mais non négligeable : Alfred de Musset a eu une histoire d'amour avec Georges Sand mais celle-ci l'a trompé à maintes reprises, or, dans la pièce, une femme aussi trompe son mari, c'est la marquise Cibo. Sachant que l'histoire de Lorenzaccio a été donné à l'auteur par Georges Sand et que celle-ci lirait donc sûrement l’œuvre finie , peut-être est-ce un message qu'il souhaitait lui faire passer... 

 

La pièce de théâtre Lorenzaccio a donc un côté autobiographique mais la politique est tout de même plus présente car l'histoire est inspirée de faits réels et non de la vie de Musset même si celle-ci, par moments, ressort. Elle est donc inspirée de faits historiques mais a aussi une portée politique car elle résonne comme un appel à la révolution contre la monarchie afin de se battre pour une république libre.

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