Molière fait dire au bourgeois Chrysale dans « les Femmes savantes : Il n'est pas bien honnête et pour beaucoup de causes Qu'une femme étudie et sache tant de choses : Former aux bonnes moeurs l'esprit de ses enfants, Faire aller son ménage, avoir l'oeil Sur ses gens Et régler sa dépense avec économie Doit être sa science et sa philosophie. Dégagez l'idée générale contenue dans ces vers et discutez-la. En quoi est-elle juste? En quoi est-elle excessive ?

L'idée générale est que les femmes n'ont besoin que d'une instruction élémentaire et pratique. Toute étude désintéressée et qui n'a pas d'utilité directe dans la vie de famille est inutile ou même nuisible. Il suffira de leur donner l'éducation qui fera d'elles de bonnes mères de famille et de bonnes ménagères. Le thème de la discussion vous invite à examiner successivement le pour et le contre. Vous pouvez l'étudier en théorie, donner des raisons abstraites de justice, de sagesse, d'utilité pour démontrer d'une part qu'il est bon de donner aux femmes la même instruction qu'aux hommes, d'autre part que le bonheur dans la famille tient malgré tout au travail de l'homme qui gagne l'argent et aux qualités domestiques de la femme qui dirige le ménage. Mais votre discussion sera à la fois beaucoup plus solide et beaucoup plus commode si vous partez des faits. En fait, l'avenir a donné tort à Molière puisqu'aujourd'hui, dans presque tous les pays européens ou de culture européenne, les femmes reçoivent la même instruction que les hommes. En fait, il est très difficile de prétendre que ce soit cette instruction qui puisse leur donner le mépris des vertus ménagères; l'amour maternel, l'ordre et l'économie peuvent exister et existent aussi bien chez une femme instruite que chez une femme ignorante. D'autre part, c'est un fait que la répartition des tâches dans la famille n'est plus la même qu'autrefois. Beaucoup de femmes non mariées doivent gagner leur vie et c'est l'instruction qui, souvent, leur en donne les moyens; beaucoup de femmes mariées gagnent et doivent gagner une partie de l'argent qui fait vivre le ménage. Elles ne peuvent donc plus, matériellement, donner le même temps aux soins de ce ménage; et c'est justement leur intelligence, développée par la culture, qui leur permettra souvent de remplacer le temps par le savoir-faire, l'ingéniosité.