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Pouvoir et dépendance

Publié le 30/03/2014

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Pouvoir et dépendance

 

Chacun est sous la dépendance d'un autre aussi longtemps qu'il est soumis au pouvoir de cet autre, et [...] il relève de lui-même dans la mesure où il peut repousser toute violence, punir comme il le juge bon le dommage qui lui est causé, et d'une manière générale vivre selon sa propre complexion. Celui-là tient un autre en son pouvoir, qui le tient enchaîné, ou à qui il a pris toutes ses armes, tout moyen de se défendre ou d'échapper, ou à qui il a su inspirer de la crainte, ou qu'il s'est attaché par des bienfaits, de telle sorte que cet autre veuille lui complaire plus qu'à soi-même, et vivre selon le désir de son maître plutôt que suivant son propre désir. Mais le premier et le deuxième moyen de tenir un homme en son pouvoir ne concernent que le corps et non l'âme, tandis que par le troisième moyen, ou le quatrième, on s'empare et du corps et de l'âme, mais on ne les tient qu'aussi longtemps que durent la crainte et l'espérance ; si ces sentiments viennent à disparaître, celui dont on était le maître redevient son propre maître.

B. Spinoza, Traité politique, chap. II, § 9, 10, « Œuvres « IV,

Garnier-Flammarion, 1965.

 

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