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Quand le suicide devient-il légitime ?

Publié le 27/02/2008

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L'APPORT D'ÉMILE DURKHEIM

• En 1897, dans son ouvrage le Suicide, Èmiie Durkheim (18581917), le créateur de l'école française de sociologie, pose les fondements modernes de l'étude de ce qu'il considérait non pas comme un crime moral, mais un mal social.

• Il envisage le taux de suicide en tant qu'indicateur de la morale prévalant dans une société donnée. Il commence par récuser les explications couramment avancées au xix' siècle, comme le rôle de l'hérédité ou de la folie. Puis, en étudiant les statistiques, il compare les variations du taux de suicide dans le temps comme dans l'espace afin de saisir les facteurs susceptibles d'affecter le phénomène. Le suicide révèle alors l'emprise ou, au contraire, la faiblesse de l'emprise qu’exerce la société sur l'individu : « Le suicide varie en raison inverse du degré d'intégration des groupes sociaux dont fait partie l’individu. »

• Durkheim établit alors une typologie des formes de suicide fondée sur deux critères : l'intégration sociale - le fait que les individus partagent une conscience commune avec les autres et se sentent voués à des objectifs communs - et   -

• S'il condamne le suicide, le premier catholicisme, par la voix de ses Pères - Ignace d’Antioche, Chrysostome, Ambroise, Clément d'Alexandrie -, tend à justifier celui des saintes martyres comme Apolline (morte en 247), qui se jeta dans le feu pour devancer son supplice, ou Pélagie (iv* siècle), qui se précipita du haut de sa maison pour échapper au viol. De même, dans certaines circonstances, la prééminence de la vie humaine peut être remise en question quand il s'agit du sauvetage d'un peuple, la défense d'une valeur reconnue ou la fidélité à Dieu.

• Toutefois, au ve siècle, saint Augustin, évêque d'Hippone, exclut toute complaisance envers les martyrs volontaires.

la régulation sociale - l'autorité morale de la société sur les individus, qui leur fixe des limites et circonscrit leurs désirs.

• Une intégration sociale défaillante est à l'origine à la fois du suicide altruiste et du suicide égoïste.

Le suicide altruiste - par exemple, le militaire qui se donne la mort à l’issue d'une bataille perdue -procède d'une intégration sociale forte au point de méconnaître l'individualité. Le suicide égoïste provient, à l'inverse, d'une carence de liens sociaux : une individuation trop poussée conduit au repli de l'individu sur lui-même, qui ne peut parfois trouver des motifs d'existence.

• Durkheim constate ainsi qu'à la fin du xixe siècle, le taux de suicide des célibataires est plus élevé que celui des veufs et nettement supérieur à celui des hommes mariés. Il en conclut que le mariage préserve du suicide puisque la vie familiale constitue une forme d'intégration dans un groupe.

De fait, le défaut d'intégration sociale crée un sentiment d'isolement favorable au suicide : la progression du taux de suicide avec l’âge coïncide ainsi avec la fin de l'activité professionnelle.

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