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Révolution russe de 1905 - Histoire

Publié le 13/02/2013

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1   PRÉSENTATION

Révolution russe de 1905, insurrection qui aboutit, dans l'Empire russe, à la création d'une assemblée consultative.

L'année 1905 marqua pour le tsar Nicolas II le renoncement à l'autocratie absolue telle qu'il l'avait à peu près pratiquée jusqu'alors. Deux poussées révolutionnaires successives le contraignirent à accepter la réunion d'une Assemblée nationale élue, la douma, qui allait constituer, en dépit de toutes ses précautions, un contre-pouvoir réel à son absolutisme.

2   CAUSES DE LA RÉVOLUTION

Les causes de cette révolution furent à la fois économiques, politiques et militaires.

Sur le plan économique, la Russie agricole (soit 85 p. 100 de la population) connut deux années de récoltes catastrophiques. Cette situation était d'autant plus dramatique que, malgré l'abolition du servage décidée en 1861, les paysans restaient encore largement dépendants des grands propriétaires. Seuls quelques koulaks (paysans riches) et quelques ouvriers agricoles avaient pu solliciter de la Banque paysanne des prêts leur permettant d'acquérir un lopin de terre ; mais l'endettement restait la règle dans un système agricole où les rendements étaient à peine supérieurs à ceux de la France médiévale. Les campagnes connurent 670 « bounts «, des jacqueries, contre lesquelles le tsar envoya les cosaques, entre 1900 et 1904 ; les « Terres noires « surpeuplées furent particulièrement touchées.

La Russie industrielle et urbaine, elle aussi, connaissait une forte dépression : jusqu'en 1903, le chômage avait suivi des phénomènes de concentration massive, mais, à partir de 1903, la reprise des commandes militaires en particulier permit aux ouvriers de renouer avec les luttes sociales ; à Bakou, les compagnies pétrolières durent accorder augmentations de salaires et droits sociaux après plusieurs semaines de grève en 1903.

Sur le plan politique, la Russie avait connu depuis la fin du XIXe siècle l'émergence de courants révolutionnaires qui, en dépit de tensions internes très vives (scission en 1902 du Parti ouvrier social démocrate entre bolcheviques et mencheviques), avaient pénétré les milieux ouvriers, paysans et étudiants. Le mouvement syndical lui aussi s'était étoffé, au point que le tsar avait demandé à sa police de tenter de le noyauter en créant des syndicats ouvriers. Enfin, le terrorisme, endémique depuis 1880, continuait de frapper les élites politiques (le ministre Plehvé fut tué en 1904), même si l'Okhrana, la police secrète, avait su y infiltrer de redoutables agents doubles comme Evno Azev.

Sur le plan militaire enfin, les années 1904-1905 furent marquées par la défaite de la Russie face à ceux que Nicolas II appelait les « macaques « : les Japonais. L'armée et la marine russes sortirent à la fois vaincues et humiliées de ce conflit qui manifestait la totale obsolescence du système militaire impérial (voir Russo-japonaise, guerre).

3   DÉROULEMENT DE LA RÉVOLUTION

La révolution éclata en janvier 1905 à Saint-Pétersbourg. Des grèves y sévissaient depuis le mois de décembre 1904, et quatre ouvriers furent licenciés aux usines Poutilov ; devant l'intransigeance des patrons, le pope Gapone, qui présidait la Société des ouvriers russes, organisa une manifestation gigantesque le dimanche 22 janvier devant le palais d'Hiver. L'armée ouvrit le feu sur les manifestants, couchant sur le pavé de 200 à 300 morts et de 1 000 à 2 000 blessés : le Dimanche rouge déclencha le processus révolutionnaire. Dans toutes les villes, les grèves de solidarité avec les ouvriers de Saint-Pétersbourg se multiplièrent et les assemblées régionales des paysans, les zemstvos, énoncèrent des revendications de liberté de plus en plus pressantes. Le 1er mars, Nicolas II promit de créer une commission des réformes, mais, le 3 mars, il fit arrêter les dirigeants ouvriers de Saint-Pétersbourg.

Le printemps fut marqué par la constitution, dans plusieurs centres industriels, de soviets (« conseils «) ouvriers organisant les grèves face au patronat. Dans le port d'Odessa, les cosaques intervinrent et la ville fut mise en état de siège. La mutinerie du cuirassé Potemkine fut spectaculaire, mais la majorité des marins refusa de pactiser avec les grévistes. La même période fut aussi marquée par un rapprochement entre les partisans modérés du tsar comme Witte et les libéraux, soucieux d'obtenir des libertés politiques mais redoutant une révolution sociale.

L'été 1905 vit l'unification du mouvement revendicatif : les paysans envoyèrent à Moscou une centaine de délégués de vingt-deux provinces, élus dans le cadre d'une Union centrale paysanne issue des zemstvos, pour réclamer non seulement une réforme agraire, mais aussi des libertés politiques et une constitution.

Jusqu'en octobre, la tension monta : Nicolas II, qui avait signé la paix de Portsmouth avec le Japon en septembre, suivit l'avis de Trepov, gouverneur général de Saint-Pétersbourg, et choisit l'épreuve de force. Le 20 octobre, il fit arrêter les dirigeants de l'Union des cheminots de Moscou. Immédiatement, une grève générale éclata, et des mesures préventives, à Moscou et à Saint-Pétersbourg, furent prises par les grévistes pour éviter les charges des cosaques.

Les revendications en faveur d'une douma représentative et souveraine, de libertés politiques et individuelles et d'une constitution furent reprises dans tout le pays. Trepov fut remplacé par Witte et, le 30 octobre, un manifeste impérial annonça l'élection d'une douma dont les pouvoirs demeuraient assez limités. De constitution, il n'était pas encore question.

La fin de l'année vit l'éclatement et la défaite du front révolutionnaire. Les modérés, une partie des élites urbaines (en particulier dans la fonction publique) et une fraction de la paysannerie étaient satisfaits des concessions accordées par l'empereur. La colère populaire fut détournée contre les juifs, les mouvements d'extrême droite traditionnels (les « cent-noirs «) réactivés lancèrent de terribles pogroms qu'appuya la population dont le vieux fonds antisémite se trouvait flatté. Les partis révolutionnaires furent isolés sur le plan politique par les libéraux et les « Cadets « (KD, constitutionnels-démocrates) et les tentatives de pousser plus loin le mouvement insurrectionnel à Moscou en décembre furent réprimées dans le sang, tandis que les dirigeants de l'Union paysanne avaient été arrêtés dès le 27 novembre. Les élections à la douma pouvaient avoir lieu : la révolution était terminée.

4   ANALYSE DE 1905

La permanence tout au long de l'année d'une mobilisation quasi unanime — ou au moins très puissante — de la population russe révéla l'ampleur du malaise que connaissait l'empire. Outre les conséquences fâcheuses pour l'image internationale de la Russie (la France suspendit ses émissions d'emprunts entre 1903 et 1906), cette mobilisation montrait la multiplicité des mécontentements. En sortirent aussi un certain nombre d'expériences qui, de la douma aux soviets, devaient s'inscrire profondément dans la pratique politique russe.

La capacité d'action des partis révolutionnaires, en dépit des efforts des polices du tsar, fut mise en évidence ainsi que leur audience dans les usines et dans certaines campagnes. Trotski fit à cette occasion ses premiers coups d'éclat révolutionnaires et, plus globalement, la révolution de 1905 fut une véritable école pour l'ensemble des cadres révolutionnaires des partis russes, sociaux-démocrates, qui refusèrent d'entrer dans le jeu électoral, et sociaux-révolutionnaires, qui acceptèrent de s'y plier.

Le tsar sortit profondément affaibli de l'année 1905, malgré l'inauguration triomphale de la douma en février 1906. Non seulement la défaite face aux Japonais avait entamé le prestige de son armée, mais le Dimanche rouge avait montré à toute la Russie que le tsar pouvait n'être qu'un égorgeur. La résurrection des mouvements mystiques proposant des tsars perdus, voire des Messies nouveaux, fut l'un des indices de ce malaise. Les hésitations de Nicolas II entre une politique de répression féroce et une politique d'ouverture contribuèrent à son discrédit.

La révolution russe de 1905, comme en témoigne l'unification d'étapes assez distinctes sous cette dénomination, devint l'objet d'un véritable culte de la part des dirigeants socialistes bolcheviques. Le film de Sergueï Eisenstein, qui glorifia l'épisode très secondaire de la mutinerie du cuirassé Potemkine, fut l'un des éléments les plus puissants d'une construction mythologique entamée dès le lendemain de la Révolution russe d'octobre 1917 et qui devait faire de 1905 l'un des lieux de mémoires de l'histoire soviétique.

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