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seigneurial, système

Publié le 07/02/2013

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1   PRÉSENTATION

seigneurial, système, système de relations politiques, économiques et sociales entre les seigneurs et leurs paysans au Moyen Âge. Le système seigneurial diffère de la féodalité, laquelle concerne les relations politico-militaires entre les seigneurs.

2   ORIGINES HISTORIQUES : LES VILLAS ROMAINES

Dans l’Empire romain, l’exploitation de la terre est progressivement concentrée sur de grands domaines, ou villas, où travaille une abondante main-d’œuvre d’esclaves et d’affranchis. Même si certains reçoivent une portion du domaine qu’ils peuvent cultiver pour leur propre subsistance, tous demeurent sous la domination du maître. Vers la fin du IIIe siècle, un édit impérial oblige tous les paysans et leurs descendants à rester attachés à leurs terres, lesquelles, en échange, ne peuvent leur être retirées. Par ce système, les grands propriétaires en viennent à exercer les pouvoirs du pater familias sur les coloni, personnes libres ou serviles installées sur leurs terres. En tant que propriétaires du domaine dont ils dirigent la mise en valeur, les grands ont le pouvoir économique et acquièrent souvent, par don ou usurpation des pouvoirs du gouvernement impérial, une juridiction politique.

Au sein du domaine, tout est centré sur l’habitation du propriétaire (villa, manoir) et ses dépendances — cuisines, four, pressoir, ateliers, étables, écuries, caves et celliers. Les esclaves domestiques sont logés au voisinage de la maison ; les couples mariés et les paysans libres ou affranchis sont, quant à eux, généralement établis dans des habitations séparées, communément appelées villages.

La superficie de ces domaines est variable (d’une quinzaine à quelques centaines d’hectares) avec une surface moyenne d’environ 400 ha sur les terres de bonne qualité agricole. Ces dernières se distinguent selon leur exploitation : terres dont la production est réservée au seigneur ; terres dont les paysans ont la jouissance. Certaines terres ne sont pas cultivées (prairies, pâtures, forêts et jachères) mais sont nécessaires à l’économie quasi autarcique du domaine. Les paysans disposent d’un droit de « vaine pâture « sur les prés communaux et peuvent ramasser du bois (de chauffage et de construction) dans les forêts et les jachères communales. En revanche, ils n’ont aucun droit de chasse ou de pêche.

Lorsque les envahisseurs germaniques conquièrent l’Empire romain occidental au Ve siècle, ils adoptent ce système politique de grands domaines avec des paysans dépendants. Il en est de même à l’extérieur de l’Empire — en Angleterre, en Allemagne et en Scandinavie —, où le système seigneurial est introduit par l’Église et les princes. Les quelques petits propriétaires libres qui subsistent ont tendance à se « recommander « à un seigneur. L’affaiblissement du pouvoir central au XIe siècle précipite le développement du système seigneurial comme forme locale de l’autorité politique. Avec le déclin des villes et de l’économie des échanges, le régionalisme économique à petite échelle renforce parallèlement la puissance économique du seigneur, à la tête d’une unité agricole de production et de consommation. Toute personne se trouvant sous la juridiction et le pouvoir économique du seigneur est progressivement assimilée à la « famille « du maître : le seigneur juge, punit et dirige le travail de chaque individu ; placé sous sa garde et sa protection, ce dernier devient son « serf «, terme en usage après le Xe siècle.

3   L’APOGÉE DU SYSTÈME SEIGNEURIAL

La période du début du XIe siècle au milieu du XIVe siècle correspond à l’apogée du système seigneurial. Dans toute l’Europe occidentale, avec des différences régionales, la classe seigneuriale domine la vie des paysans. La richesse et le pouvoir des seigneurs sont très variables, comme la taille de leurs domaines. Il n’en demeure pas moins que tous sont souverains, employeurs et patriarches sur leur terre. Les paysans, de condition servile ou libre, sont les sujets et les employés des seigneurs. Dès le XIIIe siècle, l’autorité et les droits seigneuriaux sont clairement définis dans la plupart des seigneuries.

Le seigneur possède un droit de justice : quand lui-même ou ses représentants tiennent cour, les paysans doivent y assister pour présenter leurs plaintes et être jugés pour les fautes relevant de l’autorité seigneuriale. Le seigneur possède également des droits économiques : pour chaque lopin alloué à un paysan, il reçoit en compensation un nombre défini de jours de travail et des jours supplémentaires pour le labour, la récolte, etc. Afin d’augmenter ses revenus, le seigneur peut installer un moulin, un four ou un pressoir « banaux « et imposer leur utilisation contre une taxation (voir Banalités). Dépositaire de droits seigneuriaux multiples, seul le seigneur accorde les autorisations de mariage ; il peut imposer à ses paysans une capitation annuelle, taxer leurs revenus, prélever une partie de leur héritage à leur mort et reprendre leurs terres s’ils meurent sans descendance. En retour, les paysans de toute condition peuvent transmettre leurs terres à leurs héritiers (voir Mainmorte). Le seigneur dispose du droit de vendre ou de donner ses sujets, avec leur descendance, mais doit alors céder également les tenures qui leur sont attachées.

4   LE DÉCLIN VERS LA FIN DU MOYEN ÂGE

La réapparition d’une économie d’échange affaiblit progressivement la base économique du système seigneurial. Les paysans, capables de vendre l’excédent de leur production, utilisent leurs gains pour acheter diverses libertés à leur seigneur. L’intérêt de cette transaction pour le seigneur est de jouir alors d’une main-d’œuvre salariée, plus disciplinée et souvent moins coûteuse. La puissance politique des seigneurs est également minée par le développement des cours princières qui se saisissent des procès les plus lucratifs. De surcroît, l’essor des villes permet l’émergence d’une nouvelle classe, la bourgeoisie, qui déstabilise le système jusqu’ici binaire de la féodalité. Au bas Moyen Âge, la Peste noire administre le coup de grâce au système seigneurial : la rareté et le coût élevé de la main-d’œuvre, conséquences de la dépopulation, obligent les nobles, pour que leurs terres continuent d’être exploitées et de rapporter un revenu, à accorder des franchises plus systématiques aux paysans.

Au XVIe siècle, le servage et le pouvoir seigneurial sont en régression dans toute l’Europe, avec des disparités géographiques : alors qu’ils déclinent rapidement dans le nord-ouest de l’Europe, plus lentement dans l’Europe germanique et méridionale, ils se renforcent dans l’Europe centrale et orientale (on a parlé d’un « second servage «). Même si globalement les seigneurs demeurent socialement dominants et exercent encore une influence personnelle, les paysans sont dorénavant légalement libres de changer de résidence et d’emploi.

Le système seigneurial a eu deux rôles significatifs dans l’histoire de la civilisation occidentale. Il a permis de structurer et de stabiliser le morcellement de l’autorité politique au cours du Moyen Âge ; il a rassemblé ensuite la main-d’œuvre libre et servile de l’Antiquité en une classe homogène de paysans qui, à la fin du Moyen Âge, ont acquis franchises et droits sur leurs terres.

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