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Sujet : Toute prise de conscience est-elle libératrice ?

Publié le 21/07/2010

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conscience

L’esprit et la conscience des êtres humains sont perfectibles. En effet, il est normal que tout ne nous apparaisse pas clair ou ne nous apparaisse pas du tout, nous n’avons pas de façon naturelle le don de sentir, de percevoir tout ce qui est autour de nous. Nous ne pouvons comprendre certains points et aspects de notre univers comme de nous-même, dans le sens où l’on ne sait pas qu’ils existent, ou alors que l’on n’en aperçoit que les contours sans avoir la certitude du contenu. Quand l’esprit vagabonde sur quelque chose dont il n’arrive pas à se rendre compte, nous sommes comme dans un manoir ancien sans lampe torche en pleine nuit. On a beau deviner qu’il y a quelque chose, on ne peut le saisir à pleines mains, comme dans le noir.    La prise de conscience en devient d’autant plus importante. L’effet de surprise décuple la force des émotions que l’on ressent. Nous et notre conscience réagissons plus intensément à ce que l’on n’attendait pas comme dans le sport quand un club amateur bat un club professionnel dans le cadre de telle ou telle compétition. Comme cette victoire est inattendue, on y réagit plus fortement que ce soit dans la joie, la surprise… Il en revient de même avec une prise de conscience. Du fait de son caractère mystérieux, la prise de conscience insuffle une énergie nouvelle, une force qui est peut-être éphémère et que l’on ne pouvait déceler jusque là. Elle agit comme un élan libérateur, un bond en avant.  La prise de conscience va ainsi libérer une zone d’ombre dans nos pensées, agir comme un rayon de soleil perçant la nébulosité de nos incertitudes, de nos doutes. Quand certaines choses qui nous paraissaient floues s’éclairent, c’est toute une partie de notre monde qui s’éclaire. Elle va nous permettre de mieux nous connaître, mieux nous comprendre dans notre monde personnel qu’il est parfois si difficile d’apprivoiser. On peut penser par exemple à Dom Juan, qui à travers les révélations d’un nouvel amour naissant est pris d’un élan de conquête. La prise de conscience lui a permis de retrouver l’envie et la liberté d’aimer une autre femme. Ce déclic ressemble presque à un détonateur comme les barrières qui se lèvent pour laisser les chevaux galoper sur les hippodromes. Elle redonne espoir et foi en quelque chose de nouveau, de neuf. Quand nous nous rendons compte de tout ce qui est autour de nous, tout ce que l’on a, tout ceux sur qui l’on peut compter…on ressent une sorte de chaleur intérieure, la sensation bien qu’illusoire d’être invincible, intouchable, invulnérable. Cette sensation ne peut être pleinement ressentie que lorsque l’on se trouve en adéquation avec soi-même, l’image de ne faire vraiment qu’un entre soi et soi-même, son univers. C’est cette prise de conscience qui nous permet de vraiment « voir « tout cela, elle nous relâche de tout ce qui nous enserrait, nous empêchait d’être pleinement nous. Qui oserait clamer qu’il n’a jamais ressenti cet instant de plénitude, où l’on se sent juste vivant pour de bon ?  Cette prise de conscience est comme un phénomène universel et qui peut nous venir d’un fait tout aussi bien positif que négatif. Là où un fait agréable, des mots, des gestes gentils nous font forcément plaisir ; des évènements plus négatifs peuvent aussi nous libérer de l’emprise de ce que l’on ne connaît pas. La découverte de la Shoah avait ainsi libéré le tabou qui régnait autour des agissements sur les juifs durant la seconde guerre mondiale et avait permis la libération des opinions sur ce sujet. Les juifs ont ainsi pu prouver ce que l’on leur avait fait subir et des mouvements ont ainsi pu être menés par la suite. On peut aussi en constatant les malheurs des autres trouver sa situation finalement préférable alors que l’on n’arrêtait pas de la trouver mauvaise. Ainsi, en voyant la misère de certaines populations du Tiers-monde, on peut se dire qu’il est égoïste et stupide de se plaindre de ne pas posséder le dernier « Ipod «. C’est parfois à la vue de certaines choses vraiment pas enclines à nous aider à première vue que l’on va se libérer. N’est-il pas normal de se trouver heureux d’être vivant au milieu des pierres tombales ? Le ressenti positif qui nous permettra de nous libérer peut venir de tout et n’importe quoi.    Seulement, certaines prises de conscience font mal et on préfèrerait ne pas les avoir comprises. Il y a des choses qui quand elles font surface nous détruisent plus qu’elles ne nous aident. Lorsque l’on comprend certaines choses, certaines parts d’ombre, on se rend compte qu’elles sont noires, négatives. C’est un fait : tout n’est pas blanc dans la vie mais il est sans doute plus facile d’accepter une fatalité comme le fait que la guerre existe bien plutôt que quelque chose dont on était ignorant et qui nous tombe dessus sans prévoir.    Et finalement, cela a un effet inhibiteur, on se retrouve comme prisonnier de soi-même. Notre conscience devient alors notre enclave peut-être par peur, par timidité ou encore par culpabilité. La femme qui découvre l’infidélité de son conjoint pour qui elle a de vrais sentiments, est comme détruite et ne sais plus quoi faire, comment s’en sortir. Elle se sent chez elle comme dans une « triste boite qui la tiens « comme le chante Tom Delongue du groupe Angels And Airwaves. Elle est véritablement paralysée par cette néfaste découverte. On peut également penser à Mark Chapman, l’assassin de John Lennon, interprété par Jared Leto dans le film Chapitre 23. Il se retrouve comme enchaîné par sa pensée de tuer son idole qu’est le chanteur des Beatles. Il ne peut plus penser à quoi que ce soit d’autre, cela l’obsède et il finit par tuer celui qui était son modèle. La prise de conscience qu’il a ne lui permet plus de faire machine arrière, il est comme possédé par ce déclic mais pour autant il ne se libère pas même après son acte. Certaines pensées vous « prennent « totalement et vous ne vivez plus qu’à travers elles. Tout vos sens, vos instincts se retrouvent déboussolés, désorientés par cette prise de conscience. Vous n’êtes plus qu’esclaves d’elles et vous subissez ce qu’elle vous dicte plutôt que de vraiment vivre. Nous sommes donc prisonniers de vos révélations, comme plongés dans un trou noir, sans l’optique d’un point de lumière, d’une corde pour vous rattraper et revenir à vous-même.    Les prises de conscience peuvent faire l’effet d’un vrai coup de fouet, d’une énergie venue de nulle part et qui fait un bien fou. Elles nous font ressentir un esprit de liberté et juste le bonheur. Mais dans un même temps, elles peuvent totalement nous contrôler, nous ronger et on se retrouve prisonnier d’elles. Mais en quoi une prise de conscience est-elle libératrice si l’on ne sait pas vraiment ce qu’est la liberté. Qu’est-ce qu’est la liberté ? Est-ce de savoir qui l’on est à travers ces prises de conscience, alors qu’il nous est impossible de savoir parfaitement qui l’on est de nous-même ? Est-ce de tout comprendre, tout maîtriser, en enlevant tout le plaisir de la découverte et de l’étonnement (il n’y aurait par conséquence plus de prises de conscience) ? Tout dépend du regard que l’on porte à ces prises de conscience. Sont-elles vraiment primordiales quand au sens de notre vie ? Les pessimistes verront la bouteille à moitié vide, les optimistes à moitié pleine. Pourtant, rien n’est tout blanc, ou tout noir. Ce qui nous entoure est un mélange des deux : un gris nuancé ça et là par les péripéties de nos existences.  Et puis on dit également que quelque chose qui est négatif ne nous tue pas mais à l’inverse nous rend plus fort ; et les prises de conscience ne se présentent pas sous la forme de la faucheuse. On pourra simplement constater que si l’on essaie de voir les points positifs en tout, ces prises de conscience peuvent alors être considérées comme des douleurs qui se gardent, qui font plus de bien que de mal.

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