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« Y a-t-il des conditions indispensables au bonheur ? »

Publié le 21/07/2010

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Le sujet « Y a-t-il des conditions indispensables au bonheur « met en avant la possibilité d’existence d’une obligation de remplir certaines conditions afin d’accéder au bonheur. Le sujet nous questionne donc sur l’existence de ces conditions et leur nature. En effet ces conditions peuvent se manifester sous la forme d’obligations physiques, morales, légales, sociales, naturelles… Le sujet met donc en place un paradoxe par l’association des mots bonheur et condition : en effet le premier se réfère à une obligation, à une restriction ce qui est antinomique de l’idée de bonheur. De cette réflexion émanent plusieurs questions préliminaires : « Qu’est-ce que le bonheur ? « mais également « Peut-on être heureux ? «. Afin de répondre le plus précisément possible à la question posée, nous allons dans un premier temps démontrer l’existence de conditions indispensables au bonheur puis nous allons montrer que ces conditions sont subjectives.  Tout d’abord, avant de débuter l’argumentation proprement dite, nous devons répondre aux deux questions précisées dans l’introduction. Tout d’abord, il faut définir le bonheur. Le bonheur ne doit pas être confondu avec le plaisir, en effet le plaisir désigne quelque chose de physique, alors que le bonheur désigne un état spirituel. Cette notion est complexe et possède plusieurs sens en fonction du contexte. Dans le contexte courant, le bonheur correspond à un état de joie permanent, ce qui le différencie du plaisir ou de la passion qui sont temporaires voire instantanés. Le bonheur dépend d’une apparence : citons la réflexion suivante : « Vous ne connaissez pas votre bonheur «. Ce mot prend un autre sens en philosophie. Les différentes écoles philosophiques ont leur propre interprétation du bonheur. Nous allons ici définir trois interprétations différentes du bonheur, celle de l’hédonisme, celle de l’épicurisme et celle du stoïcisme. L’hédonisme se réfère à la nature sensible de l’homme qui est son guide vers le bonheur. Elle écarte la souffrance, synonyme de mal alors que la recherche des plaisirs est le guide des bonheurs. L’épicurisme, lui, contrairement à la définition commune, possède une morale qui tend vers la recherche du bonheur. Cette morale est portée certes sur le plaisir mais avec une restriction fondamentale : l’abus ou le mauvais usage des plaisirs entraîne la souffrance et détruit toute chance de bonheur. Epicure ne retient que les plaisirs naturels et nécessaires : « Quelle chose admirable que le pain et l’eau lorsqu’on les trouve dans le temps de la faim et de la soif «. Enfin, le stoïcisme n’est une morale du bonheur que dans la mesure où la douleur est suivie, acceptée, intégrée. Cette école à été en concurrence avec l’épicurisme. La dernière école des stoïciens a été latine (Epictète, Sénèque, Marc Aurèle) qui était marquée par le rationalisme latin. Après avoir répondu à cette question, nous pouvons désormais répondre à la question « Peut-on être heureux ? «. Afin d’y répondre, suggérons la formule suivante : « Où ? Quand ? Comment ? «. Le vrai bonheur peut être vécu quelque soit l’endroit : le fou dans son asile, le condamné inconscient dans sa prison, l’Hermite dans sa montagne. Quand à la question du temps, nous pouvons répondre que le bonheur est intemporel, mais n’est ni instantané, ni éternel. Le bonheur se manifeste de façon intérieure, comme le sage ou extérieure. Le bonheur a ses apologues et ses détracteurs comme les nihilistes. Après avoir répondu à ses questions, nous pouvons entrer dans le vif du sujet que sont les conditions du bonheur. Tout d’abord, nous pouvons affirmer que le bonheur n’est pas inné et n’est pas un propre de l’homme sinon celui-ci ne serait pas en quête d’un bonheur parfois inaccessible, ce préalable posé, recherchons ces conditions. L’une des premières serait la liberté. En effet pour l’esclave la recherche du bonheur passe obligatoirement par l’acquisition de la liberté, c'est-à-dire l’affranchissement. En matière pénale, la privation de liberté temporaire ou définitive a pour but de sanctionner l’individu en le privant en même temps d’un bien précieux qu’est le bonheur, c’est l’exemple du condamné. Enfin, la privation ou la limitation du droit de pensée entraîne le repli de l’homme sur soi-même et le prive de son droit au bonheur. Les états totalitaires ont usé de cette forme de pression pour réduire l’individu à sa condition purement matérielle. Une autre de ces conditions peut être la volonté. L’homme veut être heureux, en effet ne dit on pas : « Pour vivre heureux, vivons cachés «. Selon Stuart Mill, l’ignorant est heureux parce qu’il n’a pas idée de ce qu’il manque donc d’il n’a pas besoin de vouloir être heureux. Une autre des conditions sont les facteurs matériels. En effet, il ne suffit pas de vouloir, il faut pouvoir : pour atteindre le bonheur, l’homme a toujours cherché à se révolter contre l’oppression et à se pourvoir des facteurs matériels (biens de consommation, argent …). Ce qui implique la notion d’utilitarisme. Sans moyens matériels, la frustration entraîne le malheur antinomique du bonheur. La connaissance peut également être une clé pour être heureux. Le fou ne sait pas qu’il est heureux. Le but que se donne la science est d’acquérir les connaissances du Monde et de l’Homme. Le sage recherche le bon, le vrai, le beau pour atteindre une vérité qui le porte au bonheur. Mais le fou ignore toutes ces valeurs et exalte un bonheur inconditionnel. Nous pouvons enfin citer une dernière condition : l’aptitude du corps et de l’esprit, mais cela pose une question : « L’adéquation du corps et de l’esprit est-elle une condition du bonheur ? «. Non car l’intégrité de l’un et de l’autre peuvent être dissociés, la souffrance absolue, destructrice de volonté est source de malheur mais l’esprit, les facultés intellectuelles et morales peuvent subsister dans certains cas. Nous avons donc dans cette première partie démontré l’existence de conditions préalables au bonheur.  Dans cette seconde partie, nous allons découvrir si les conditions indispensables au bonheur sont universelles ou si elles peuvent varier d’une personne ou d’un groupe de personne à un autre. Tout d’abord nous allons différencier deux types de vision du bonheur : le bonheur qualitatif et quantitatif. En effet, en fonction de la personne interrogée, certaines personnes vont préférer posséder plus, quitte à ce que la qualité soit médiocre, alors que d’autres vont préférer la qualité. Nous pourrions illustrer cette différenciation par un exemple pratique qu’est celui du chocolat. Si on donne une somme d’argent donnée a un groupe de personnes, une partie d’entre elle va acheter du chocolat bon-marché, mais en grosse quantité alors que d’autres vont acheter du chocolat dans un magasin reconnu mais en plus faible quantité. Ce choix entre qualité et quantité est souvent motivé par une expérience. En effet comment choisir objectivement entre qualité et quantité si l’on n’a jamais essayé l’un ou l’autre. Ce choix, symbolisant sa vision du bonheur est donc conditionné par l’expérience propre de la personne. Les personnes ont donc des visions du bonheur différentes. Afin d’appuyer cette affirmation, nous allons étudier différents stéréotypes, afin d’observer leur vision du bonheur, et donc leurs conditions pour accéder au bonheur. Nous allons tout d’abord observer l’exemple du sage : le sage aspire à la connaissance la plus grande possible, il s’agit de son activité principale, le bonheur pour lui passe par le savoir, qui est donc logiquement une de ses conditions afin d’accéder au bonheur. Il est également à noter que le sage importe le plus souvent une belle importance à la liberté, qui pourrait être également une de ses conditions, en effet le sage aspire également à la liberté de pensée. Au contraire, le sot aspire à un bonheur matériel et n’est pas intéressé par la recherche de la connaissance, ne l’ayant jamais connue. En revanche, il peut accorder une certaine importance à la liberté, afin de rester libre de ses actes. Il est également intéressé par la possession de biens matériels qui peut être une condition pour accéder au bonheur pour lui. L’esclave quand à lui est le plus souvent motivé par la recherche de la liberté qu’il cherche à reconquérir. Pour lui, le bonheur est conditionné par la liberté. Par ailleurs, l’excès de liberté pourrait être rapproché de l’anarchisme, qui peut malgré lui conduire au malheur. Afin d’appuyer ceci, nous pouvons citer la fable du philosophe Buridan dans laquelle un âne, libre de choisir entre l’eau et l’avoine finit par mourir de soif et de faim faute d’avoir choisi, le libre arbitre pouvant donc mener l’homme à sa perte. Le sadique, lui, est à part, en effet, il prend du plaisir à faire souffrir les autres, on pourrait donc conclure sur le sadique en déclarant que le bonheur du sadique passe par l’absence de bonheur chez les autres. Au contraire, l’altruiste prend du plaisir à répandre le bonheur autour de lui. Son bonheur est conditionné par le bonheur des autres. Que pouvons-nous conclure de cette étude si ce n’est que les conditions nécessaires au bonheur sont des notions très subjectives et bien qu’existantes, ne sont pas fixées.  Entre la joie, la passion, le plaisir, l’homme peut choisir. Mais quel choix entre les philosophes ? Etre hédoniste et ne rechercher que le plaisir ? Etre épicurien et adopter une ligne de conduite pour atteindre le bonheur ? Etre stoïcien donc subir comme le loup dans le poème de Vigny ? Peut on faire un clin d’œil en se rapprochant de Spinoza en posant la question : a-t-il voulu parler de l’amour ou de bonheur lorsqu’il a ou aurait affirmé « C’est comme une auberge espagnole, on y trouve que ce qu’on y apporte « ?

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