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Les conditions du bonheur.

Publié le 05/11/2009

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Sans diminuer la responsabilité personnelle pour autant, il faut admettre que, dans certains cas, l'effort de la conscience pour transcender ses déterminations est plus difficile que dans d'autres et peut-être, à la limite, impossible sans une aide.

1 — Les conditions physiques-organiques. Quoique le thème de « l'égalité des chances « soit aujourd'hui tellement à la mode dans les revendications politiques qu'il est inconvenant de le contester, nous devons constater que des différences congénitales existent et que, certaines portent le germe d'un malheur : le mongolisme (malformation génétique entravant le développement général et intellectuel. Il y a 400.000 mongoliens en France) et les autres malformations cérébrales ou physiques, les difformités, les handicaps multiples (sensoriels comme ceux des aveugles-nés, des sourds-muets de naissance, des maladies cérébro-méningées ou encéphalitiques de l'enfance ou de l'adolescence), etc. constituent des obstacles dramatiques à la réalisation du bonheur de la vie. S'y ajoute tout ce qui diminue les capacités physiques dans le cours de l'existence (séquelles de maladies, blessures, amputations, douleurs persistantes, etc.). Certes on voit des handicapés réagir avec un courage étonnant alors que d'autres moins atteints se laissent glisser vers la démission personnelle et la déchéance physique et morale. Le skieur unijambiste, le chanteur de radio, aveugle et amputé des deux bras, le paraplégique Président des États-Unis font preuve d'une qualité morale autre que le mendiant ou l'ivrogne atteint des mêmes malheurs physiques. Cependant il faut admettre que la bonne forme physique et mentale, la pleine disponibilité de son corps et de ses facultés sont facilitantes. De là, la nécessité, pour l'avenir, du sport, des soins du corps, de l'entraînement intellectuel, de la culture et des apprentissages multiples.

« 3 — Les conditions conjugales. La façon dont s'organise l'existence affective de l'adulte constitue un autre ensemble de conditions favorables ou défavorables au bonheur.

Généralement (pour 90 % des gens) cette existenceaffective est le mariage ou ses substituts.L'amour partagé est à juste titre considéré comme facteur de bonheur, tout au moins potentiellement.

Bien descompensations existent au malheur conjugal (fuite dans le travail, recherche de liaisons extra-conjugales, évasionsdans des compensations diverses), mais le mariage malheureux devient pure contrainte, au point que certainsauteurs dénoncent le mariage comme étant une aliénation, et inventent quantité de formes de vie pour leremplacer.

Le mariage n'est aliénation que s'il est « raté ».

Rater son mariage, c'est d'abord un fait dont on nes'aperçoit qu'après, et d'autre part c'est être impliqué dans une situation affective productrice de tourment, desouffrance morale, de peine et de malheur.Il est classique de soutenir que le bonheur conjugal, comme tout bonheur, se construit, se bâtit à la responsabilitédes partenaires qui doivent s'en occuper comme d'un bien commun précieux, plus précieux que tous les avoirsmatériels, et on en énumère les conditions.— choix conjugal décidé en fonction de l'avenir à bâtir en commun et d'un authentique amour conjugal (nettementdifférent d'une part de la passion tragique à la mode romantique et d'autre part du simple désir sexuel du moment) ;— connaissance, par chacun, du « système des attentes » de l'autre (cf.

R.

Mucchielli, « Psychologie de la vieconjugale ») et réponse à ces attentes ;— communication permanente, fondée sur la double valeur de « transparence » (laisser voir ce que l'on éprouve,révéler ce qui déçoit en l'autre) et « clairvoyance » (comprendre ce qui se passe pour l'autre, ressentir ce qu'iléprouve) (M.

A.

Guilhot) ;— désir commun de dépasser les tensions et les crises, et de les utiliser pour se mieux comprendre, et pourgouverner la vie à deux de façon à aller vers un plus grand bonheur conjugal puis familial.En fait, en dehors du conflit des individualismes et des égoïsmes, il faut constater que la vie conjugale apporte unlot d'événements qui risquent de détruire toute possibilité de construction du bonheur : blessures ou handicaps del'un, mort d'un enfant, naissance d'un enfant anormal, maladie mentale de l'un des époux, ruine sociale, abandon parl'être aimé, conflit avec les familles respectives, etc.La répétition et la gravité des épreuves constituent donc aussi, au niveau des conditions conjugales, des obstaclesplus ou moins difficiles à surmonter et pouvant même ruiner tout courage (sinon toute espérance) dans laconstruction du bonheur à plusieurs.

Et cependant le bonheur solitaire reste un faux-semblant. 4 — Les conditions sociales. L'existence personnelle et familiale dès les débuts s'inscrit dans une situation sociale, historique, économique, culturelle, qui apporte aussi son lot de conditions positives ou négatives pour le bonheurfutur.Dès les premiers âges de la vie, ces conditions interviennent par l'intermédiaire des parents, qui y baignent, et qui,en en étant victimes, peuvent (« peuvent» seulement, car leur responsabilité propre vis-à-vis de l'enfant n'en estpas pour nul nul supprimée) en répercuter les effets sur leurs enfants.La sous-alimentation, la misère, la persécution sociale, la guerre, la révolution, l'exode, le déplacement autoritaire, ladétention des parents, les conditions de l'existence sociale malheureuse, oui sur les individus des influencescatastrophiques qui rendent inimaginables, impossibles ou vains, les efforts personnels vers le bonheur,Certes dans ce domaine aussi, on connaît des exceptions héroïques.

On est étonné d'apprendre que tel grandhomme a subi, dans son existence d'enfant, une somme de conditions catastrophiques et de malheurs qui eussentconduit à la déchéance ou au suicide beaucoup d'autres.

On constatera dans ces cas (moins rares qu'on ne le croit; voyez la vie des « self-made men ») que les premières années ont assuré les bases du courage et de la force duMoi (soit grâce à un milieu parental normal, soit grâce à un milieu substitut suffisant).

Mais il faut admettre ici laresponsabilité de la Société et des États dans la mesure où de telles conditions du malheur des humains sontproduites par l'organisation (ou la désorganisation) socio-historico-politique.Conclusion.

Le bonheur ne peut être atteint ni dans l'abstraction, ni dans l'unilatéralité de l'individualisme.

Il impliquel'Amour, l'ouverture aux autres, la conscience des buts poursuivis et de leur-valeur par rapport à la réalisation ensoi-même de la Personne.Les philosophes contemporains estiment que l'exigence même de totalité qui est au cœur du bonheur rend celui-ciinaccessible puisqu'il suffit de savoir que des malheurs existent dans le monde (et les communications de plus enplus larges entre les parties du monde nous informent aussitôt des malheurs du monde) pour annuler notre bonheuren lui donnant mauvaise conscience (par exemple « Nous sommes tous des assassins » et autres distillations de laculpabilité occidentale).

Ainsi Sartre développe une théorie de l'impossibilité du bonheur en assurant, dans « Huis-clos », que « l'enfer, c'est les autres ».

Dans « Les Mouches », Electre n'est pas heureuse niais aigrie et méfiante.C'est là oublier la leçon de Nietzsche pour qui l'épreuve doit être l'occasion d'un dépassement de soi.

Le refrain de«Zarathoustra est: «L'homme est quelque chose qui doit être surmonté ».

Le bonheur n'est jamais un « état de fait», c'est une attitude, un étal d'esprit, une volonté et probablement une virtus, une qualité de l'être capable dedonner à sa vie des buts qui dépassent son individu.. »

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