zapatiste, mouvement
Publié le 05/04/2013
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1 | PRÉSENTATION |
zapatiste, mouvement, mouvement révolutionnaire indigène mexicain apparu en 1994 dans l’État du Chiapas.
2 | L’HÉRITAGE ZAPATISTE |
L’Armée zapatiste de libération nationale (Ejército Zapatista de Liberación Nacional, EZLN) est créée en 1993 à partir de l’union de mouvements d’origines très diverses : dirigeants paysans indigènes, groupuscules d’extrême gauche, catéchistes proches de la théologie de la libération, anciens guérilleros latino-américains. Ce noyau de révolutionnaires a vécu dans les montagnes (dans la forêt Lacandone) dans les années 1980, avant d’envoyer ses militants éduquer et entraîner les Indiens des villages du Chiapas. Le nombre de combattants est estimé entre 2 000 et 3 000 hommes ; les sympathisants des bases d’appui dans les villages sont plus d’une dizaine de milliers.
L’EZLN est le bras armé du Comité clandestin révolutionnaire indigène (CCRI) et est dirigée par un leader charismatique, connu sous le pseudonyme de sous-commandant Marcos. Son nom se réfère à Emiliano Zapata (1879-1919), héros populaire incarnant la redistribution des terres et la révolution mexicaine. Le mouvement est également parfois qualifié de « néo-zapatiste «.
3 | L’INSURRECTION DU 1ER JANVIER 1994 |
Le 1er janvier 1994, quelques milliers d’hommes armés et cagoulés font irruption sur la scène politique nationale et internationale en s’emparant de plusieurs villes du Chiapas. Le choix de cette date est symbolique : elle correspond à l’entrée en vigueur de l’Accord de libre échange nord-américain (Alena), ratifié deux ans auparavant. Rassemblées dans la Déclaration de la forêt Lacandone, les revendications qui sont à l’origine de cette rébellion sont nombreuses : opposition à l’hégémonie du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), parti-État qui gouverne le pays depuis 1929, protestation face à la situation d’extrême pauvreté des indigènes et des petits paysans de tout le pays, revendication du droit de propriété sur les terres arrachées aux communautés indigènes, nécessité d’une plus juste répartition des richesses, participation des différentes ethnies à l’organisation de leur État et à l’organisation de la nation dans le respect des différences ethniques et culturelles qui la composent. L’État du Chiapas est l’un des États mexicains qui possède les plus grandes ressources naturelles (pétrole, bois, mines et terres fertiles pour l’agriculture). Malgré cela, il détient le record d’inégalités car son organisation repose encore sur les anciennes structures sociopolitiques fondées sur l’autoritarisme et le latifundisme.
Le PRI répond au soulèvement zapatiste par l’envoi de troupes fédérales dans les villes occupées. Des affrontements ont lieu entre l’armée gouvernementale et les guérilleros dans les principales villes de l’État comme San Cristóbal de las Casas et Ocosingo. Toutefois les deux parties passent rapidement des armes à la négociation, alors que l’EZLN ne recherche pas d’affrontements militaires trop violents et durables afin de ne pas ternir son image favorable auprès de l’opinion, et que le PRI ne veut pas adopter une attitude trop guerrière. Le gouvernement mexicain dépêche, en qualité de médiateurs, l’ancien maire de la capitale, Manuel Camacho Solis, et l’évêque de San Cristobal, Samuel Ruiz — l’Église du Chiapas se positionne au côté des indigènes et des paysans en luttant pour leurs droits les plus élémentaires. Ils négocient une issue pacifique au conflit en échange de concessions gouvernementales, mais, malgré la trêve obtenue, un climat d’hostilité persiste.
4 | LES TENTATIVES DE DIALOGUE POLITIQUE |
Le 16 février 1996, le gouvernement et la guérilla parviennent à un premier accord (accord de San Andres) portant sur la culture et les droits des indigènes et reconnaissant une certaine forme d’autonomie en faveur des populations autochtones. Dans le sillage de ces avancées, les zapatistes investissent le champ politique et créent un Front zapatiste de libération nationale (FZLN), une organisation « civile et pacifique, indépendante et démocratique «, avec l’ambition de mobiliser la société civile mexicaine. Mais le massacre à Acteal de 45 indigènes tzotziles provoque un regain de tension et une offensive des forces armées en juin 1998. Sur fond de guérilla larvée, les tentatives de dialogue échouent jusqu’en 2000, date de la victoire historique à l’élection présidentielle du candidat de l’opposition, Vicente Fox, qui reprend les négociations de paix avec l’EZLN. Le retrait des troupes fédérales de sept bases du Chiapas, l'une des conditions de base fixées par les rebelles pour reprendre les discussions de paix, intervient en mars 2001. Au terme d’une marche triomphale à travers plusieurs États du Sud et du centre du pays qui met en évidence le soutien de nombreuses couches de la population, plusieurs dirigeants zapatistes sont invités à intervenir devant le Congrès mexicain, à Mexico, afin de promouvoir les revendications des populations indigènes.
5 | LA RECHERCHE DE NOUVELLES FORMES D’ACTION |
Toutefois, le projet de loi pour la culture et les droits indigènes, soumis en 2001 au Congrès par Vicente Fox, est voté amputé des clauses portant sur l’autonomie. Le mouvement zapatiste s’oriente vers des formes alternatives d’autonomie locale et la transformation effective du cadre de vie des Indiens du Chiapas, avec l’organisation de systèmes d’éducation, de santé, de commerce, etc. En 2003, des « conseils de bonne gouvernance « sont créés afin de veiller sur le bon fonctionnement des communautés gérées par l’EZLN. Toutefois, les améliorations apportées aux populations restent limitées, compte tenu du manque de moyens financiers dont dispose le mouvement zapatiste et, pour ses détracteurs, du dogmatisme dont il fait preuve. En revanche, l’EZLN, qui de guérilla s’est transformée en mouvement social, bénéficie d’un appui considérable tant auprès des classes urbaines mexicaines que des déshérités d’Amérique latine et, surtout, d’un retentissement mondial exceptionnel, qui s’inscrit dans le cadre plus général du mouvement altermondialiste. Pour l’écrivain mexicain Jorge Volpi, le zapatisme demeure, dix ans après son apparition, un « symbole de la lutte contre les inégalités et les injustices entretenues par le modèle néolibéral «.
Le succès de la communication zapatiste, qui doit beaucoup à la personnalité charismatique et médiatique du sous-commandant Marcos, s’explique par plusieurs facteurs, notamment un discours efficace et modéré et une grande maîtrise des médias et des outils de communication modernes (en particulier Internet).
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