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La nature a-t-elle des droits ?

Publié le 03/10/2005

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Le philosophe anglais Francis Bacon va encore plus loin dans La Nouvelle Atlantide en annonçant que la science doit permettre de « réaliser toutes les choses possibles «.

2)      Le mécanisme et la notion de fin : cette conception de la science s'appuie sur une vision de la nature livrée au mécanisme et à la nécessité. En la prolongeant dans la Critique de la raison pratique, Kant notait que seul l'homme, être conscient, peut être pris comme fin de l'action morale - je considère autrui en son humanité comme fin en soi et non comme un moyen. La nature se trouve ainsi exclut du règne des fins et sa préservation ne peut en être une : toujours moyen et jamais fin en soi, la nature est instrumentalisée à ses dépens. 3)      L'absence de droit: de ce point de vue, la nature ne possède donc aucun droit, à l'inverse de l'homme. Il convient donc de s'interroger sur la possibilité de fonder la nature sur le concept de « droit « ; autrement dit, comment considérer que la nature puisse être sujet de droit(s) ?    

II - La nature peut-elle être un sujet du droit ?  

1)      Le contrat social : la personne à laquelle s'applique le droit est toujours d'emblée engagée par la réciprocité. Ainsi, le droit de l'un correspond au devoir de l'autre, et vice versa. Cette idée prend corps dans le Contrat social, tel que Rousseau le définit dans l'ouvrage du même nom.

Se demander si la nature a des droits, c'est interroger le lien d'identité entre l'homme et la nature : « sujet de droit « par excellence (cf. la Déclaration universelle des droits de l'homme), l'homme peut-il accorder ce statut à la nature. Ainsi, il faut se demander ce qu'implique la notion de « sujet de droit « ; en d'autres termes, des êtres inanimés ou non-conscients peuvent-ils y prétendre ?

Pour la conscience écologique, les pratiques humaines requiert la reconnaissance d'un « droit « ou de « droits « de la nature, obligeant l'homme à moduler son action envers l'environnement. Mais, premièrement, cela sous-entend que l'activité humaine (science, technique et/ou technologie) serait pernicieuse et, deuxièmement, que la nature serait justement susceptible de recevoir un traitement identique à l'homme.

Afin de battre en brèche ces deux idées, nous montrerons d'abord comment l'idéal d'une maîtrise scientifique et utilitariste de la nature s'est progressivement imposée, au détriment, il est vrai, d'une prise en compte de la nature. Toutefois, nous analyserons dans un second temps l'impossibilité de fonder la nature sur le concept de « sujet de droit «, uniquement applicable à l'homme conscient. Nous examinerons enfin les conséquences qui en découlent : le recours à la notion de valeur et l'introduction d'une responsabilité humaine consistant à hiérarchiser la nature et à adapter l'intervention technoscientifique humaine.

« Problématique La question ici posée consiste d'abord à savoir si la nature, c'est-à-dire l'ensemble des choses qui existent par elles-mêmes indépendamment de la volonté humaine, a des droits.

Nous sommes ici confrontés à un problèmed'anthropomorphisme qui consiste à projetter un comportement humain sur une nature : ce ne semble en effet être quemétaphoriquement que nous projetons des droits (notion humaine) à un ensemble de choses (entités matérielles).

En cesens, ce sujet pose un double problème : la capacité à identifier la nature à un seul être ou à une seule chose (problèmede l'unité de l'ensemble des choses naturelles) et la capacité à identifier cette unité à une unité personnelle, c'est-à-dire àattribuer un comportement humain à ce que nous avons l'habitude d'identifier simplement à une chose.

Ce n'est donc qu'àcette double condition que nous pourrons penser des droits particuliers à la nature.

Autrement dit, se demander si lanature a des droits revient à se demander pour quelle raison on pourrait identifier la nature à une personne qui a desdroits. Le paradoxe est ici qu'il semble à la fois par définition impossible d'attribuer des droits à la nature, qui n'est qu'une chosefaite de choses, et nécessaire de lui reconnaître des droits, puisque supposer que la nature n'est qu'un outil à notredisposition revient à s'arroger des droits sur elle (comme la manipulation) et risquer de détruire un équilibre naturel quenous ne maîtrisons pas fondamentalement et dont nous ne faisons que partie intégrante (nous sommes des chosescorporelles dans l'ensemble naturel).

exige souvent qu'il agisse sans réfléchir et vise au plus pressé. Plan rédigé proposé 1.Ia.

Nous pouvons tout d'abord considérer que la nature a une autonomie de fonctionnement qui s'impose à l'homme etqui peut en menacer l'existence, ce qui revient à supposer que la nature fonctionne comme une personne, ou en tout cascomme englobe l'existence humaine et ne peut simplement faire l'objet des désirs de l'homme. Ib.

À cet égard, il faudrait donner des droits à la nature afin de réguler le rapport de l'homme à elle (définir les modalitésd'un rapport respectueux de l'homme avec la nature). Ic.

Ce n'est donc pas tant que la nature serait une personne au sens strict, mais que la reconnaissance des droits devientnécessaire négativement, en tant que nous n'avons aucun droit sur elle, et que le fait d'en réclamer metfondamentalement en péril ce que nous sommes. 2.

IIa.

Toutefois, devant l'évolution des sciences et des techniques qui permettent de plus en plus de maîtriser la nature, ilsemble que le rapport de domination entre l'homme et la nature s'inverse. IIb.

Nous serions alors portés à penser qu'il faut considérer la nature comme une personne véritable qui a des droitspuisqu'il faut la protéger d'une souffrance et de dangers qu'elle encoure dans la mesure où elle ne peut se défendrecomme un homme. IIc.

Plus profondément, ce raisonnement engage une redéfinition des droits et des entités susceptibles d'en avoir.

Au nomde quoi peut-on en effet supposer que seul l'homme a le droit à des droits ? L'anthropocentrisme juridique relève d'unégoïsme humain qui est non seulement dangereux pour l'homme lui-même, mais plus fondamentalement pour toute chosequi a bien une dignité d'existence et qui ne dépend pas de l'agir de l'homme, quand bien même ce dernier tente de lasoumettre à ses projets. 3.

IIIIa.

Paradoxalement toutefois, il semble que cette analyse reste marquée d'un anthropomorphisme illusoire puisque lanature n'a pas besoin de l'homme pour survivre et son cycle de vie peut très bien être marqué par des changementsradicaux qui ne remettront jamais en cause son existence.

La disparition d'espèces n'a jamais, par exemple, empêché lanature de se prolonger, et de continuer à vivre sous la forme d'un équilibre qui se transforme. IIIb.

Dès lors, s'il faut se préoccuper de la nature et lui donner des droits, c'est dans la mesure où elle seule nous permetde vivre.

Si l'homme veut donner des droits à la nature, c'est donc pour se donner la possibilité de conserver son milieu devie. IIIc.

Loin d'être simplement utilitariste, cette approche a pour objet de penser que la nature doit être traitée avecprudence parce qu'elle conditionne certes l'existence de l'homme, mais surtout parce que l'homme est incapable de lacomprendre fondamentalement.

La réserve ou la précaution (sur le mode du principe de repsonsabilité) est donc la seuleattitude digne, qui permet à l'homme de ne pas se croire doté d'un pouvoir sur la nature, et de ne pas non plus l'assignerà une existence qu'il ne maîtrisera jamais fondamentalement.. »

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