Devoir de Philosophie

Penser la mort, est-ce un moyen d'échapper à sa propre mort ?

Publié le 04/12/2005

Extrait du document

La pensée n'est pas toujours une façon de pouvoir comprendre ni chercher la vérité mais c'est aussi une manière de vouloir la maîtriser. Car la mort est bien la chose que l'on ne peut pas contrôler car elle est inévitable, alors y penser permet de mettre des mots sur une angoisse bel et bien réelle. L'expliquer c'est en partie se rassurer. Car tout ce qui est incompris est encore bien plus terrifiant. Épictète, Manuel : « Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses, mais les opinions tranchées qu'ils ont sur les choses ; par exemple, la mort n'a rien d'effrayant, [...] mais c'est l'opinion tranchée selon laquelle la mort est effrayante qui est elle-même effrayante. »   Troisième partie : Penser la mort selon Epicure.   « Habitue-toi en second lieu à penser que la mort n'est rien pour nous, puisque le bien et le mal n'existent que dans la sensation. D'où il suit qu'une connaissance exacte de ce fait que la mort n'est rien pour nous permet de jouir de cette vie mortelle, en nous évitant d'y ajouter une idée de durée éternelle et en nous enlevant le regret de l'immortalité. Car il n'y a rien de redoutable dans la vie pour qui a compris qu'il n'y a rien de redoutable dans le fait de ne plus vivre.

« « Habitue-toi en second lieu à penser que la mort n'est rien pour nous,puisque le bien et le mal n'existent que dans la sensation.

D'où il suit qu'uneconnaissance exacte de ce fait que la mort n'est rien pour nous permet dejouir de cette vie mortelle, en nous évitant d'y ajouter une idée de duréeéternelle et en nous enlevant le regret de l'immortalité.

Car il n'y a rien deredoutable dans la vie pour qui a compris qu'il n'y a rien de redoutable dans lefait de ne plus vivre.

Celui qui déclare craindre la mort non pas parce qu'unefois venue elle est redoutable, mais parce qu'il est redoutable de l'attendreest donc un sot.

[…] Ainsi donc, le plus effroyable de tous les maux, la mort, n'est rien pour nous, puisque tant que nous vivons, la mort n'existe pas.

Etlorsque la mort est là, alors, nous ne sommes plus.»Un des principaux conseils que prodigue Epicure dans sa Lettre à Ménécée,est donc celui de ne pas s'inquiéter quant à notre mort.

Il explique avec toutelogique que la mort ne devrait jamais être une source d'angoisse lorsque l'onest vivant puisqu'elle n'existe pas et lorsque nous sommes morts, étant donnéque nous ne sommes plus, alors elle n'est pas non plus.Finalement l'appréhension que l'on se crée de la mort est basée totalementsur notre imagination, et ainsi mourir ce n'est pas être mort mais c'est êtrevivant et penser à la mort.

Ainsi penser ne serait pas du tout une façon d'échapper à sa propre mort, car yéchapper c'est ne pas y réfléchir, c'est presque à l'opposé fuir l'idée de la mort.

En revanche penser la mort, c'estse renfermer dans l'idée que la mort est quelque chose de concret et qu'il est possible d'en faire un sujet deréflexion.

Seulement Epicure souligne bien que toutes ces craintes sont irrationnelles et ne font qu'agrémenter unepeur fondée sur la superstition. Dans la Lettre à Ménécée, Épicure conduit une réflexion opposée à celle du platonisme : elle s'en tient à un strictmatérialisme.

La mort n'est pas une évasion de l'âme, elle est un pur non-être qui ne nous concerne en rien, puisquevivants, nous appartenons à l'être.

"Tout bien et tout mal résident dans la sensation ; or, la mort est la privationcomplète de cette dernière." Ensuite, sachant que notre durée de vie est limitée, nous serons heureusementpressés de jouir raisonnablement des biens de la vie.

La pensée de la mort dissipe l'angoisse d'une vie illimitée, enlaquelle nous aurions à choisir et agir en vue de l'éternité.

Pour l'existence humaine, l'éternel n'est jamais en jeu : iln'y a rien de si grave qui mérite un souci sans limites.

De plus, les dieux immortels, qui jouissent d'une béatitudeinfinie, ne se soucient pas des affaires humaines.

Si la mort n'est rien pour nous, nous ne sommes, mortels, rien pourles dieux : leur jugement n'est pas à craindre.

Il ne faut donc se soucier ni de la mort elle-même, ni de l'attente deson heure.

Une chose absente ne peut nous troubler, et quand la mort advient, c'est que déjà nous ne sommes pluslà pour en souffrir.

L'homme ne rencontre jamais sa propre mort, et le "passage" est aussi irréel et inconsistant quel'instant présent qui sépare le passé du futur.

La mort n'est rien, comme le pur instant présent, sans passé ni avenir: "La mort n'a par conséquent aucun rapport avec les vivants, ni avec les morts, étant donné qu'elle n'est rien pourles premiers, et que les derniers ne sont plus." La mort ne doit être pensée ni comme un mal, ni comme unedélivrance.

Si ne pas exister n'est pas un mal, la vie comporte des joies qui peuvent être très agréables.

Vivresagement, ce n'est pas chercher à jouir le plus longtemps possible, mais le plus agréablement qu'il se peut. La métaphysique matérialiste va aussi permettre de délivrer l'humanité d'une de ses plus grandes craintes : lacrainte de la mort.

Les hommes ont peur de la mort.

Mais que redoutent-ils en elle ? C'est précisément le saut dansl'absolument inconnu.

Ils ne savent pas ce qui les attend et craignent confusément que des souffrances terribles neleur soient infligées, peut-être en punition de leurs actes terrestres.

Les chrétiens, par exemple, imagineront quequiconque à mal agi et n'a pas obtenu le pardon de Dieu ira rôtir dans les flammes de l'enfer.

La peur de la mort apartie liée avec les superstitions religieuses dont la métaphysique matérialistes nous libère.

De plus, si tout dansl'univers n'est fait que de matière, si nous, comme tous les êtres vivants, ne sommes que des agrégats d'atomes,lorsque nous mourons, ce ne sont que nos atomes qui se séparent, qui se désagrègent, ce n'est que notre corps quise décompose, en un point d'abord (celui qui est blessé ou malade), puis en tous.

Dès lors, rien de notre être nesurvit, il n'y a rien après la mort, « la mort n'est rien pour nous ».

Ceux qui pensent que la vie du corps, la pensée,la sensation, le mouvement viennent de l'âme, et que cette âme pourrait survivre après la mort du corps, ont tort.Car l'âme elle-même est faite de matière, certes plus subtile, puisque invisible ; mais si elle n'est qu'un agrégatd'atomes, elle aussi se décompose lorsque la mort survient, et même, selon l'expérience la plus commune, il fautpenser qu'elle est la première à se décomposer puisque le mort apparaît immédiatement privé de vie, de sensation,de pensée et de mouvement, alors que le reste de son corps semble encore à peu près intact et mettra plus detemps à commencer à se décomposer.

Aussi, la mort se caractérise bien en premier lieu par l'absence de sensation :« Habitue-toi à la pensée que le mort n'est rien pour nous, puisqu'il n'y a de bien et de mal que dans la sensation, etque la mort est absence de sensation.

»En effet, les sensations que nous avons de notre corps et, à travers lui, des choses du monde sont la source detoute connaissance, et aussi de tout plaisir et de toute douleur, donc le vrai lieu de tout bien et de tout mal,puisque le bien réel n'est que le plaisir et le mal la douleur.

Nous pouvons désigner la pensée d'Epicure comme un. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles