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La réalisation de l'individu par et dans l'Etat ?

Publié le 09/02/2004

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individu
Le «monopole de la violence» que l'État revendique est donc justifié, si l'on en croit Max Weber. Car ce système permet de canaliser et, pour finir, de réduire la violence anarchique des hommes. C'est en ce sens que Max Weber parle de «succès»: l'autorité de l'État nous préserve du pire. L'État moderne, même s'il n'est ni neutre ni impartial (il a partie liée avec les puissances de l'argent), serait donc un moindre mal, auquel nous finissons par nous résigner.  Toutefois ces éléments de définition maintiennent entre l'État et les individus un rapport d'extériorité : ces derniers ne se réalisent qu'indépendamment de lui tout en étant protégés par lui. En outre, l'artificialité qui caractérise l'État le fragilise : issu de la volonté des individus cherchant à fuir la situation invivable de l'état de nature, il est une réalité seconde, non naturelle et toujours susceptible, par là même, d'être remis en cause. Et ce d'autant plus qu'il assume l'ingrate mission qui consiste à limiter les actions individuelles, le rendant hostile au regard de ceux qui voient leurs entreprises entravées. N'est-il pas dès lors nécessaire de concevoir l'État autrement ? Le lien qui l'unit aux individus est-il purement instrumental (puisqu'il sert à protéger les biens et les personnes) ou peut-il être pensé comme un lien substantiel ?L'individu se réalisant, non pas simplement grâce à l'État (et son pouvoir protecteur), mais en lui : telle est la conception qu'élabore Hegel.
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« Rousseau, « volonté générale ». « Trouver une forme d'association qui défende et protège de toute laforce commune la personne et les biens de chaque associé et parlaquelle chacun s'unissant à tous n'obéisse pourtant qu'à lui-même etreste aussi libre qu'auparavant» (Rousseau) Le Contrat Social propose une solution à ce difficile problème : Le souverainc'est l'ensemble des membres de la société.

Chaque homme est donc à la foislégislateur et sujet : il obéit à la loi qu'il a lui-même établie.

Cela supposel'existence d'une volonté générale distincte de la somme des volontésparticulières.

Chaque homme a comme individu une volonté particulière qui leconduit à vouloir son intérêt particulier et qui en ce sens le conduit às'opposer aux autres ; mais il a aussi comme citoyen une volonté générale quilui fait vouloir le bien de l'ensemble dont il est membre.

Il appartient àl'éducation de former cette volonté générale et Rousseau développera cethème dans son projet de gouvernement pour la Pologne.

« C'est l'éducationqui doit donner aux âmes la force nationale et diriger tellement leurs opinionset leurs goûts qu'elles soient patriotes par inclination, par passion, parnécessité.

Un enfant en ouvrant les yeux doit voir la patrie et jusqu'à la mortne doit plus voir qu'elle ».

Les personnages historiques de Moïse ou deLycurgue sont des exemples de législateurs qui sont parvenus à former leurpeuple.

Il est vrai que de nos jours, on ne peut guère espérer rencontrer detels hommes ; c'est pourquoi, à défaut d'unanimité, les lois pourront ne traduire que la volonté de la majorité.

Le présupposé fondamental d'une telle interrogation est que l'État constitue, ou du moins peut constituer, unemenace pour l'individu.

Il vous appartient, dans un premier temps, de montrer dans quelle mesure ce présupposé estjustifié.

L'État limite la liberté de l'individu par les lois et les règlements auxquels il le soumet.

De plus, par le biais dela propagande, il peut aliéner son esprit.

Enfin, il peut, comme dans la République de Platon, faire primer les intérêtsde la cité tout entière sur les intérêts de chacun.On peut néanmoins objecter, à la suite de Hegel, que seule l'existence d'un État puissant peut garantir à sescitoyens la véritable liberté.

Outre la défense de ma vie, l'État assure en effet mon éducation et donc ledéveloppement de ma raison, le respect de mes biens et de mes droits.

C'est donc bien plutôt l'État qui doit prendreses précautions contre les débordements des individus, afin que l'ordre politique qui garantit la liberté soit préservé. « Ceci [le salut de l'Etat] nous explique pourquoi dès le commencement de l'histoire, c'est-à-dire dès la naissancedes Etats, le monde de la politique a toujours été et continue d'être encore le théâtre de la haute coquinerie et dusublime brigandage, brigandage et coquinerie d'ailleurs hautement honorés, puisqu'ils sont commandés par lepatriotisme, par la morale transcendante et par l'intérêt suprême de l'Etat.

Cela nous explique pourquoi toutel'histoire des Etats antiques et modernes n'est qu'une série de crimes révoltants ; pourquoi rois et ministres présentset passés, de tous les temps et de tous les pays : hommes d'Etat, diplomates, bureaucrates et guerriers, si on lesjuge au point de vue de la simple morale et de la justice humaine, ont cent fois, mille fois mérité le gibet ou lesgalères ; car il n'est point d'horreur, de cruauté, de sacrilège, de parjure, d'imposture, d'infâme transaction, de volcynique, de pillage effronté et de sale trahison qui n'aient été ou qui ne soient quotidiennement accomplis par lesreprésentants des Etats, sans autre excuse que ce mot élastique, à la fois si commode et si terrible : la raisond'Etat ! » Bakounine, « Fédéralisme, Socialisme, Antithéologisme ». Hegel « Dans un État organisé conformément aux exigences de la raison, toutes les lois et institutions ne sont que desréalisations de la volonté, d'après ses déterminations les plus essentielles.

Lorsqu'il en est ainsi, la raison individuellene trouve dans ces institutions que la réalisation de sa propre essence, et lorsqu'elle obéit à ces lois, elle n'obéit endéfinitive qu'à elle même.

On confond souvent la liberté avec l'arbitraire ; mais l'arbitraire n'est qu'une libertéirrationnelle, les choix et les décisions qu'il provoque étant dictés, non par la volonté raisonnable, mais par desimpulsions accidentelles, par des mobiles sensibles extérieurs.

». »

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