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La recherche du bonheur peut-elle être une éthique ?

Publié le 27/02/2004

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L'enfant nouveau-né ne connaît que l'opposition entre plaisir et déplaisir (ou douleur). Le psychisme s'organise donc dans un premier temps selon le principe de plaisir, qui sera peu à peu corrigé par les épreuves de réalité, sources d'un principe de réalité, qui permet de différer et d'attendre la satisfaction, ou de tenir compte du caractère possible ou impossible du désir.¦ Le plaisir est ainsi le premier bien spontanément recherché. Mais l'agréable se distingue cependant du bien. Le plaisir que le tyran prend à exercer arbitrairement son pouvoir provoque le malheur d'autrui et son propre mal moral. Ce qui nous fait envie n'est pas toujours un bien. La volonté d'être bon sportif suppose un entraînement intensif, astreignant et douloureux, et peut s'opposer à l'envie de paresser ou de garder du temps libre. De plus, l'agréable peut correspondre au simple soulagement d'une douleur, et donc coexister avec un mal. Platon montre que l'homme de plaisir est insatiable et jamais satisfait, il ressemble à un tonneau percé : le plaisir s'oppose donc parfois non seulement au bien (moral), mais aussi au bonheur lui-même.¦ Le caractère éphémère du plaisir et son indifférence au bien manifestent qu'il est du ressort du sensible, et non du rationnel ; comment pourrait-il fonder une éthique ?

Le plaisir est le but de l'existence. C'est pourquoi la morale, le droit et la politique doivent tous tendre à la recherche du bonheur. Mais, le bonheur est difficile à atteindre et varie selon les individus. On ne peut fonder la morale et le droit sur un principe aussi vague.

« l'autonomie de la morale.

En effet le devoir y découle de la loi morale, manifestée par la raison, et caractérisée parson exigence d'universalité : « Agis de telle sorte que la maxime de ton action puisse être érigée en règle universellede conduite », dit le premier impératif catégorique.¦ Il s'ensuit que seule la volonté bonne est absolument bonne, et ceci indépendamment de tout critère de réussiteou d'échec, du moment que tout a été mis en oeuvre pour bien agir.

L'intention morale doit viser le bien et lui seul.L'acte n'est moral que s'il est accompli seulement par respect du devoir, si toute autre visée que le souci de bienagir est étrangère à sa « maxime ».

Toute recherche de satisfaction, ne serait-ce que celle d'être apprécié pour sabonté ou de recevoir un remerciement, empêche l'acte d'être vraiment moral.

Il y a donc contradiction nonseulement entre entre l'agir moral et le souci de privilégier ses intérêts, mais même entre l'agir moral et la recherchedu bonheur.

La morale nous rend dignes d'être heureux, mais elle ne nous assure pas le bonheur. Dans la Critique de la raison pratique, Kant montre que le bonheur individuel, recherché par tout un chacun suivantses propres penchants, ne peut être une finalité morale.

La recherche du bonheur peut fournir des maximespersonnelles d'action, mais non des lois à la volonté, même si l'on prend pour finalité le bonheur de tous.

Ladéfinition générale du bonheur est subjective, donc variable et changeante.

On pourrait au mieux en tirer des règlesgénérales, mais jamais des règles universelles (valables toujours et nécessairement), car la base en est l'expérienceet ce que l'on en ressent.

La recherche du bonheur ne peut donc aboutir à une éthique comportant des règlespratiques communes à tout être raisonnable.A la différence de ces éthiques eudémonistes (eudaimonia : bonheur) qui s'en remettent à la subjectivité de chacunpour apprécier le bonheur, la loi morale doit être valable pour toute volonté raisonnable.

La morale repose sur deslois universelles et nécessaires (valables pour tous et que l'on ale devoir de respecter).

A la question que dois-jefaire ?, la morale répond : le devoir, et uniquement le devoir.

Le souverain bien n'est pas le bonheur, mais la bonnevolonté, c'est-à-dire la bonne intention, désintéressée, l'intention de faire le bien pour le bien, ou encore de faire lebien par devoir.

Elle repose sur un impératif catégorique ("tu dois parce que tu dois") et non hypothétique ("si tuveux obtenir tel résultat, fais ainsi").

Sans condition, il ne repose sur rien de sensible.

L'action n'est pas bonnesuivant ses résultats, mais bonne en soi quand elle est faite par devoir.

"Agis uniquement d'après la maxime qui faitque tu peux vouloir en même temps qu'elle devienne une loi universelle." Par ailleurs, le devoir commande le respectde la personne, de l'être raisonnable en tant que valeur absolue : l'humanité, que ce soit la sienne ou celle d'autrui,doit toujours être respectée comme une fin absolue, et jamais traitée simplement comme moyen.

Seule cettevolonté morale est autonome dans le sens où elle répond à la loi de raison qu'elle trouve en elle (et qui exige denous plier à l'universalité), et non à des exigences sensibles, naturelles et empiriques, qui nous rendent dépendants,hétéronomes : en ce cas, c'est l'expérience qui commande et non la volonté rationnelle. 2.

LES MORALES HÉDONISTES A - Épicure ¦ À partir d'un postulat matérialiste – l'homme est caractérisé par la sensation –, Épicure (IIIe siècle avant J.-C.)affirme cependant la possibilité d'une morale fondée sur l'usage judicieux des plaisirs : « Le plaisir est lecommencement et la fin de la vie bienheureuse.

» Une des constances de la philosophie d' Epicure est de vanter le plaisir.

On retrouve la formule « Le plaisir est notre bien principal et inné » dans la « Lettre à Ménécée ».

Mais l'épicurisme ne correspond guère à l'image populaire que l'on en garde : celle du « bon vivant ».

Dans cette lettre, on lit : « Tout plaisir est de par sa nature propre un bien, mais tout plaisir ne doit pas être recherché ».

C'est à une compréhension véritable du plaisir, et à une gestion rationnelle des désirs que la philosophie d' Epicure nous invite, philosophie des « sombres temps », de l'époque troublée, violente, des successeurs d' Alexandre le Grand . La « Lettre à Ménécée » est une description de la méthode apte à nous procurer le bonheur.

Car si tous les hommes cherchent le bonheur, ilssont, selon le mot d' Aristote , comme des archers qui ne savent pas où est la cible, incapables de la définir et de l'atteindre. Epicure commence par expliquer que nous n'avons rien à redouter des dieux, vivants bienheureux qui ne se soucient pas des hommes, et que la mortn'est rien pour nous.

Débarrassés du souci du jugement divin et de la surviede l'âme, nous sommes alors aptes à bien vivre notre vie présente.

Bien vivrenotre existence veut dire parvenir au bonheur ici-bas, et cela n'est possibleque par un bon usage des plaisirs et des désirs. L'homme est un être de désir, et selon qu'il parvient ou échoue à satisfaire ses désirs, il est heureux ou misérable. Or, le bonheur est d'abord l'absence de souffrance physique ou psychologique.

C'est pourquoi Epicure. »

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