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La fin de Satan « Et frappe.

Publié le 12/04/2014

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La fin de Satan « Et frappe. Tu croyais que la vengeance est douce; « Elle est amère. Hélas! le crime est châtiment. « La croissance du mal augmente ton tourment; « Le mal qu'on fait souffrir s'ajoute au mal qu'on souffre; « Ta lave au fond des nuits sur toi retombe en soufre; « Et toi-même on t'entend par moments l'avouer. « Le supplice de Tout sur toi vient échouer. « Tu fais tout chanceler, tout trembler sur sa base, « Tout crouler, et c'est toi que ton effort écrase; « La Terre est sous ton joug, tu règnes à présent. « Et te voilà sous plus d'épouvante gisant; « Te voilà plus difforme, et ton coeur d'airain saigne! « Mais, Satan, il faut bien qu'à la fin on te plaigne, « Tu dois avoir besoin de voir quelqu'un pleurer, « Je viens à toi! Je viens gémir, luire, éclairer, « T'ôter du moins le poids de la terrestre chaîne, « Et guérir à ton flanc la sombre plaie humaine. « Mon père, écoute-moi. Pour baume et pour calmant, « Pour mêler quelque joie à ton accablement, « Tu n'as jusqu'à cette heure, en ton âpre géhenne, « Essayé que la nuit, la vengeance et la haine. « O Titan misérable, essaye enfin le jour! « Laisse planer le cygne à ta place, ô vautour! « Laisse un ange sorti de tes ailes répandre « Sur les fléaux un souffle irrésistible et tendre. « Faisons lever Caïn accroupi sur Abel. « Assez d'ombre et de crime! Empêchons que Babel « Pousse encor plus avant ses hideuses spirales. « Oh! laisse-moi rouvrir les portes sépulcrales « Que, du fond de l'enfer, sur l'âme tu fermais! « Laisse-moi mettre l'homme en liberté. Permets « Que je tende la main à l'univers qui sombre. « Laisse-moi renverser la montagne de l'ombre; « Laisse-moi foudroyer l'infâme tour du mal! « Permets que, grâce à moi, dans l'azur baptismal « Le monde rentre, afin que l'Eden reparaisse! « Hélas! Sens-tu mon coeur tremblant qui te caresse? « M'entends-tu sangloter dans ton cachot? Consens « Que je sauve les bons, les purs, les innocents; « Laisse s'envoler l'âme et finir la souffrance. « Dieu me fit Liberté; toi, fais-moi Délivrance! « Oh! ne me défends pas de jeter dans les cieux « Et les enfers, le cri de l'amour factieux; « Laisse-moi prodiguer à la terrestre sphère « L'air vaste, le ciel bleu, l'espoir sans borne, et faire « Sortir du front de l'homme un rayon d'infini. « Laisse-moi sauver tout, moi ton côté béni! L'ANGE LIBERTÉ 133 La fin de Satan « Consens! Oh! moi qui viens de toi, permets que j'aille « Chez ces vivants, afin d'achever là bataille « Entre leur ignorance, hélas, et leur raison, « Pour mettre une rougeur sacrée à l'horizon, « Pour que l'affreux passé dans les ténèbres roule, « Pour que la terre tremble et que la prison croule, « Pour que l'éruption se fasse, et pour qu'enfin « L'homme voie, au-dessus des douleurs, de la faim, « De la guerre, des rois, des dieux, de la démence, « Le volcan de la joie enfler sa lave immense! VIII Tandis que cette vierge adorable parlait, Pareille au sein versant goutte à goutte le lait A l'enfant nouveau-né qui dort, la bouche ouverte, Satan, toujours flottant comme une herbe en eau verte, Remuait dans le gouffre, et semblait par moment A travers son sommeil frémir éperdument; Ainsi qu'en un brouillard l'aube éclôt, puis s'efface, Le démon s'éclairait, puis pâlissait; sa face Etait comme le champ d'un combat ténébreux; Le bien, le mal, luttaient sur son visage entr'eux Avec tous les reflux de deux sombres armées; Ses lèvres se crispaient, sinistrement fermées; Ses poings s'entreheurtaient, monstrueux et noircis; Il n'ouvrait pas les yeux, mais sous ses lourds sourcils On voyait les lueurs de cette âme inconnue; Tel le tonnerre fait des pourpres sous la nue; L'ange le regardait, les mains jointes; enfin Une clarté, qu'eût pu jeter un séraphin, Sortit de ce grand front tout brûlé par les fièvres; Plus difficilement que deux rochers, ses lèvres S'écartèrent, un souffle orageux souleva Son flanc terrible, et l'ange entendit ce mot: Va! L'ANGE LIBERTÉ 134

« « Consens! Oh! moi qui viens de toi, permets que j'aille « Chez ces vivants, afin d'achever là bataille « Entre leur ignorance, hélas, et leur raison, « Pour mettre une rougeur sacrée à l'horizon, « Pour que l'affreux passé dans les ténèbres roule, « Pour que la terre tremble et que la prison croule, « Pour que l'éruption se fasse, et pour qu'enfin « L'homme voie, au-dessus des douleurs, de la faim, « De la guerre, des rois, des dieux, de la démence, « Le volcan de la joie enfler sa lave immense! VIII Tandis que cette vierge adorable parlait, Pareille au sein versant goutte à goutte le lait A l'enfant nouveau-né qui dort, la bouche ouverte, Satan, toujours flottant comme une herbe en eau verte, Remuait dans le gouffre, et semblait par moment A travers son sommeil frémir éperdument; Ainsi qu'en un brouillard l'aube éclôt, puis s'efface, Le démon s'éclairait, puis pâlissait; sa face Etait comme le champ d'un combat ténébreux; Le bien, le mal, luttaient sur son visage entr'eux Avec tous les reflux de deux sombres armées; Ses lèvres se crispaient, sinistrement fermées; Ses poings s'entreheurtaient, monstrueux et noircis; Il n'ouvrait pas les yeux, mais sous ses lourds sourcils On voyait les lueurs de cette âme inconnue; Tel le tonnerre fait des pourpres sous la nue; L'ange le regardait, les mains jointes; enfin Une clarté, qu'eût pu jeter un séraphin, Sortit de ce grand front tout brûlé par les fièvres; Plus difficilement que deux rochers, ses lèvres S'écartèrent, un souffle orageux souleva Son flanc terrible, et l'ange entendit ce mot: Va! La fin de Satan L'ANGE LIBERTÉ 134. »

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