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La fin de Satan On entendait suinter le néant goutte à goutte.

Publié le 12/04/2014

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La fin de Satan On entendait suinter le néant goutte à goutte. Soudain Isis leva son regard vers la voûte, Et, comme la fumée aux cimes de l'Etna, Dans toute sa longueur son linceul frissonna; Elle se dressa haute, épouvantable et pâle, Et jeta, secouant son voile, avec le râle Du tigre apercevant le lion importun, Ce cri, prodigieux dans ce gouffre: Quelqu'un! Un ange éblouissant les ailes déployées, Entrait. Les profondeurs avec Satan broyées, Tous ces monts que la fable appelle Othryx, Ossa, Phlégon, et que le jet de soufre éclaboussa, Monts frappés comme lui quand Dieu brisa son aile, Et roulés dans sa chute avec lui pêle-mêle, Les blocs cicatrisés et morts, les rocs maudits Que Michel, soleil foudre, extermina jadis, Crurent revoir l'éclair du grand coup de tonnerre. Tour l'enfer tressaillit. L'ange, extraordinaire, Superbe, souriant, descendait. Sa clarté Sereine, blêmissait l'enfer épouvanté. Le chaos éperdu montra sa pourriture. On voyait au zénith du gouffre une ouverture D'où tombait la lueur ineffable des cieux. La géhenne s'ouvrit comme un oeil chassieux; Tout le plafond, pendant en haillon formidable, S'éclaira. L'on put voir le fond de l'insondable, Et les recoins confus du grand cachot souillé; L'abîme frissonna comme un voleur fouillé; On distinguait les bords des précipices traîtres; Les brouillards qui flottaient prirent des formes d'êtres Monstrueux, qui semblaient ramper, et vivre là; La menace qu'on sent dans les lieux noirs sembla Plus fauve, et le visage irrité des décombres, Le blanchissement vague et difforme des ombres, Se hérissaient, montrant des aspects foudroyés; Tous les renversements en arrière, effrayés, Se dressaient; les granits remuaient sous la nue; L'obscurité lugubre apparut toute nue; On eût dit qu'elle ôtait l'ombre qui la revêt, Que le masque inouï de l'enfer se levait, Et qu'on voyait la face effroyable du vide. L'ANGE LIBERTÉ 127 La fin de Satan L'ange continuait de descendre, splendide, Dans cet effarement immense de la nuit. V Le vautour ne sait plus s'il poursuit ou s'il fuit Quand il voit l'aigle au fond du nuage apparaître. Isis, se retournant vers ce radieux être Beau comme vesper, l'astre et l'ange avant-coureur, Se dressa dans un geste effrayant dont l'horreur S'accroissait sous le voile, et lui cria: « Lumière, « Qu'es-tu? Que nous veux-tu? N'avance pas. Arrière, « Arrière! Les rayons sont de ce gouffre exclus. « Va-t'en. Ne donne pas un coup d'aile de plus, « Tremble! N'avance pas! » L'ange approchait, tranquille. La rage alors sortit de l'abîme immobile; On entendit, terreur! le cri du lieu muet; L'enfer aboya. L'ombre écumait et huait. L'ange approchait. Isis frémit. La pâle stryge, Avec un mouvement de rêve et de prodige, Se déploya debout tout entière devant L'ange, majestueux comme le jour levant. « Mais réveille-toi donc, Satan; dit le fantôme. Satan dormait. VI Ce fut, sous le ténébreux dôme, Une attente sans nom quand l'abîme comprit Que cette larve allait combattre cet esprit. L'ange était une femme; il ne semblait pas même S'apercevoir, du haut de sa fierté suprême, Qu'il eût quitté l'azur où Dieu rayonne et vit. Il venait. Quand il fut près d'Isis, ce qu'on vit Fut hideux, et l'horreur s'accrut, dans la mesure De ce gouffre où Babel, le colosse masure, L'ANGE LIBERTÉ 128

« L'ange continuait de descendre, splendide, Dans cet effarement immense de la nuit.

V Le vautour ne sait plus s'il poursuit ou s'il fuit Quand il voit l'aigle au fond du nuage apparaître.

Isis, se retournant vers ce radieux être Beau comme vesper, l'astre et l'ange avant-coureur, Se dressa dans un geste effrayant dont l'horreur S'accroissait sous le voile, et lui cria: \24« Lumière, « Qu'es-tu? Que nous veux-tu? N'avance pas.

Arrière, « Arrière! Les rayons sont de ce gouffre exclus.

« Va-t'en.

Ne donne pas un coup d'aile de plus, « Tremble! N'avance pas! » L'ange approchait, tranquille.

La rage alors sortit de l'abîme immobile; On entendit, terreur! le cri du lieu muet; L'enfer aboya.

L'ombre écumait et huait.

L'ange approchait.

Isis frémit.

La pâle stryge, Avec un mouvement de rêve et de prodige, Se déploya debout tout entière devant L'ange, majestueux comme le jour levant.

\24« Mais réveille-toi donc, Satan; dit le fantôme.

Satan dormait.

VI Ce fut, sous le ténébreux dôme, Une attente sans nom quand l'abîme comprit Que cette larve allait combattre cet esprit.

L'ange était une femme; il ne semblait pas même S'apercevoir, du haut de sa fierté suprême, Qu'il eût quitté l'azur où Dieu rayonne et vit.

Il venait.

Quand il fut près d'Isis, ce qu'on vit Fut hideux, et l'horreur s'accrut, dans la mesure De ce gouffre où Babel, le colosse masure, La fin de Satan L'ANGE LIBERTÉ 128. »

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