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La fin de Satan Et l'archange qui veille entre deux pilastres Du seuil mystérieux plein d'yeux qui sont les astres, Se courba sous l'azur sans oser faire un pas Et dit au Dieu vivant: Le chaos n'en veut pas.

Publié le 12/04/2014

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La fin de Satan Et l'archange qui veille entre deux pilastres Du seuil mystérieux plein d'yeux qui sont les astres, Se courba sous l'azur sans oser faire un pas Et dit au Dieu vivant: Le chaos n'en veut pas. Et Dieu dit: Je consens que ce monde revive. II LA SORTIE DE L'OMBRE I L'eau baissa, comme un flux qui s'en va d'une rive, Et les flots monstrueux, décroissant par degrés, Descendirent du haut des monts démesurés. Au-dessus de la terre une voix dit: Clémence! Le crâne décharné de la noyée immense Apparut, et l'horreur éclaira sous les cieux Ce cadavre sans souffle et sans forme et sans yeux, Les rochers, les vallons, et les forêts mouillées Qui pendaient à son front de marbre, échevelées. L'antre, où les noirs arrêts dans l'ombre étaient écrits, Semblait la bouche ouverte encor pleine de cris; Les monts sortaient de l'eau comme une épaule nue. Comme l'onde qui bout dans l'airain diminue, L'océan s'en allait, laissant des lacs amers. Ces quelques flaques d'eau sont aujourd'hui nos mers. Tout ce que le flot perd, la nature le gagne. L'île s'élargissant se changeait en montagne; Les archipels grandis devenaient continents. De son dos monstrueux poussant leurs gonds tournants, Le déluge fermait ses invisibles portes. Les ténèbres dormaient sur les profondeurs mortes, Et laissaient distinguer à peine l'ossement Du monde, que les eaux découvraient lentement. Soudain, réverbérée au vague front des cimes, Une lueur de sang glissa sur les abîmes; On vit à l'horizon lugubrement vermeil Poindre une lune rouge, et c'était le soleil. Pendant quarante jours et quarante nuits sombres, La mer, laissant à nu d'effroyables décombres, Recula, posant l'arche aux monts près d'Henocha, Puis ce lion, rentré dans l'antre, se coucha. II Dieu permit au soleil de jeter l'étincelle. Alors un bruit sortit de l'ombre universelle, II LA SORTIE DE L'OMBRE 11 La fin de Satan Le jour se leva, prit son flambeau qui blêmit, Et vint; le vent, clairon de l'aube, se remit A souffler; un frisson courut de plaine en plaine; L'immensité frémit de sentir une haleine, La montagne sourit, l'espace s'éveilla, Et le brin d'herbe au bord des eaux, dit: Me voilà! Mais tout était hagard, morne et sinistre encore, Et c'est dans un tombeau que se levait l'aurore. III Derrière ces grands monts où plus tard l'aube a lui Et que nous appelons les Alpes aujourd'hui, Un marais descendait vers l'océan sans borne. Dans ce désert vaste, âpre, impénétrable et morne, Comme un ver qui se glisse à travers les roseaux, Un fleuve, né d'hier, traînait ses pâles eaux, Et découpait une île au pied d'un coteau sombre, Sans savoir qu'en ces joncs, pleins de souffles sans nombre, Germait, foetus géant, la plus grande des Tyrs. Le coteau, qui plus tard fut le mont des martyrs, Lugubre, se dressait sur l'île et sur le fleuve. L'oiseau, l'être qui va, la bête qui s'abreuve, Etaient absents; l'espace était vide et muet, Et le vent dans les cieux lentement remuait Les sombres profondeurs par les rayons trouées. Dans la fange expiraient des hydres échouées. C'est dans cet endroit-là, tout étant mort, pendant Que les nuages gris croulaient sur l'occident Comme de grands vaisseaux qui dans la nuit chavirent, C'est là que les forêts et les collines virent Soudain, tout se taisant dans l'univers détruit, Un voile blanc marcher droit dans l'ombre et sans bruit; Et l'ombre eut peur; et l'arbre, et la vague, et l'étoile, Et les joncs, frissonnaient de voir passer ce voile. Il allait, comme si quelqu'un était dessous. Les êtres du passé, dans la vase dissous, Semblaient, cherchant encore à tordre leurs vertèbres, Rouvrir quand il passait leurs yeux pleins de ténèbres. Le ciel qui s'entr'ouvrait referma son azur. Tout à coup une voix sortit du voile obscur; Le flot, qui sous le vent redevenait sonore, Se tut, et quatre fois cette voix vers l'aurore, Vers le sud, vers le triste occident, vers le nord, Cria: Je suis Isis, l'âme du monde mort! IV Un long frisson émut le cadavre; la fange, Pleine de monstres morts, fit une plainte étrange; II LA SORTIE DE L'OMBRE 12
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« Le jour se leva, prit son flambeau qui blêmit, Et vint; le vent, clairon de l'aube, se remit A souffler; un frisson courut de plaine en plaine; L'immensité frémit de sentir une haleine, La montagne sourit, l'espace s'éveilla, Et le brin d'herbe au bord des eaux, dit: Me voilà! Mais tout était hagard, morne et sinistre encore, Et c'est dans un tombeau que se levait l'aurore.

III Derrière ces grands monts où plus tard l'aube a lui Et que nous appelons les Alpes aujourd'hui, Un marais descendait vers l'océan sans borne.

Dans ce désert vaste, âpre, impénétrable et morne, Comme un ver qui se glisse à travers les roseaux, Un fleuve, né d'hier, traînait ses pâles eaux, Et découpait une île au pied d'un coteau sombre, Sans savoir qu'en ces joncs, pleins de souffles sans nombre, Germait, foetus géant, la plus grande des Tyrs.

Le coteau, qui plus tard fut le mont des martyrs, Lugubre, se dressait sur l'île et sur le fleuve.

L'oiseau, l'être qui va, la bête qui s'abreuve, Etaient absents; l'espace était vide et muet, Et le vent dans les cieux lentement remuait Les sombres profondeurs par les rayons trouées.

Dans la fange expiraient des hydres échouées.

C'est dans cet endroit-là, tout étant mort, pendant Que les nuages gris croulaient sur l'occident Comme de grands vaisseaux qui dans la nuit chavirent, C'est là que les forêts et les collines virent Soudain, tout se taisant dans l'univers détruit, Un voile blanc marcher droit dans l'ombre et sans bruit; Et l'ombre eut peur; et l'arbre, et la vague, et l'étoile, Et les joncs, frissonnaient de voir passer ce voile.

Il allait, comme si quelqu'un était dessous.

Les êtres du passé, dans la vase dissous, Semblaient, cherchant encore à tordre leurs vertèbres, Rouvrir quand il passait leurs yeux pleins de ténèbres.

Le ciel qui s'entr'ouvrait referma son azur.

Tout à coup une voix sortit du voile obscur; Le flot, qui sous le vent redevenait sonore, Se tut, et quatre fois cette voix vers l'aurore, Vers le sud, vers le triste occident, vers le nord, Cria: Je suis Isis, l'âme du monde mort! IV Un long frisson émut le cadavre; la fange, Pleine de monstres morts, fit une plainte étrange; La fin de Satan II LA SORTIE DE L'OMBRE 12. »

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