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La fin de Satan Que l'un porte la haine et l'autre

Publié le 12/04/2014

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La fin de Satan Que l'un porte la haine et l'autre les fardeaux; Presque à l'égal du temple ils révèrent l'étable; Leur sommeil est étrange, agité, redoutable; Le sage est dur pour eux, même dans sa bonté, Car leur religion donne à l'humanité Une difformité misérable et terrible; Ils ont un livre écrit par Satan, chose horrible; Un autre par Adam, un autre par Enos; Tous savent lire et sont des songeurs infernaux; Ce sont, sous l'azur sombre où les nuages glissent, Des hommes stupéfaits et fauves qu'éblouissent Les immenses couchers du soleil dans les monts, Et qui mangent du sang ainsi que les démons. Près d'un champ maigre, où croît plus de ronce que d'orge, Dans son hangar croulant qu'empourpre un feu de forge, Psyphax le guèbre est seul; sans veste, sans bonnet, Bras nus, la scie aux poings, il travaille; et l'on est A la fin du mois Jar, le second de l'année. Dans cette plaine vaste, obscure, abandonnée, Deux hommes vers le soir, marchant dans les fossés, Se rencontrent, venant de deux points opposés. Ils se parlent très bas avec un air de honte. Voici l'argent. Combien? Trente. Comptons. On compte; Dans l'ombre; en étouffant, comme en flagrant délit, Le bruit d'un sac d'argent qu'on vide et qu'on remplit. Marché fait. Viendra-t-il pour la fête? Peut-être. Mais au milieu des siens comment le reconnaître? Celui qu'on me verra baiser, ce sera lui. C'est dit. Et souriant, mais non sans quelque ennui, L'homme qui prend l'argent fait un salut servile, Met le sac sous sa robe et rentre dans la ville. I. LA POUTRE 55 La fin de Satan Et l'autre attend qu'il ait disparu, puis, sans bruit, Regardant si de loin personne ne le suit, Il s'enfonce à pas sourds dans la plaine funèbre, Et l'on dirait qu'il va vers la maison du guèbre. Psyphax travaille. Il ouvre au milieu des outils Un vieux livre, et ses yeux y semblent engloutis, Comme s'ils en puisaient la lueur vénérable; Puis il reprend la vrille et l'équerre d'érable, Et se remet à fendre un bloc informe et noir; Puis il lit, quoiqu'on lise avec peine le soir, De sorte que cet homme à la fois semble suivre Son travail sous l'outil et sa loi dans le livre; Soudain, au soupirail du toit presque détruit, Apparaît la première étoile de la nuit; Psyphax lève les yeux, l'aperçoit, se redresse, Ebloui, pâle, et dit à voix basse: O déesse! Or l'homme qui venait arrive. Il montre un sceau. Il crache sur le livre ouvert, et dit:Pourceau, Je suis du temple.Il laisse, en l'écartant, paraître Sous son manteau dans l'ombre une robe de prêtre. Et le payen se tait, avec ce pli du front Que donne l'habitude horrible de l'affront; Car il a reconnu Rosmophim, un des sages Qui du Talmud au peuple expliquent les passages, Docteur et juge, après Caïphe le premier. Il tremble; le rayon rend visite au fumier. Pourquoi? C'est ce docteur Rosmophim qui, naguère, A, d'après la loi sainte et le texte vulgaire, Condamné Barabbas, et dit: Deux fois malheur! Mort sur le meurtrier et mort sur le voleur! Rosmophim dit:Au nom du sanhédrin!L'esclave S'incline, et Rosmophim reprend d'une voix grave, Pendant que son regard sur le guèbre tombait: As-tu quelque tronc d'arbre à faire un grand gibet; Dans une sorte d'antre au fond de la masure Gisaient de noirs poteaux de diverse mesure; Le payen remua ces affreux blocs dormants, Ainsi qu'un fossoyeur trouble un tas d'ossements, Et l'on en voyait fuir des bêtes qu'on ignore; Les poutres retombaient sur la terre sonore; Soudain l'homme, que l'âtre aidait de sa clarté, Poussant un dernier bloc, non sans peine écarté, Montra du doigt au prêtre un madrier difforme, Ayant le poids du chêne avec les noeuds de l'orme, Lourd, vaste, et comme empreint de cinq doigts monstrueux; I. LA POUTRE 56

« Et l'autre attend qu'il ait disparu, puis, sans bruit, Regardant si de loin personne ne le suit, Il s'enfonce à pas sourds dans la plaine funèbre, Et l'on dirait qu'il va vers la maison du guèbre.

Psyphax travaille.

Il ouvre au milieu des outils Un vieux livre, et ses yeux y semblent engloutis, Comme s'ils en puisaient la lueur vénérable; Puis il reprend la vrille et l'équerre d'érable, Et se remet à fendre un bloc informe et noir; Puis il lit, quoiqu'on lise avec peine le soir, De sorte que cet homme à la fois semble suivre Son travail sous l'outil et sa loi dans le livre; Soudain, au soupirail du toit presque détruit, Apparaît la première étoile de la nuit; Psyphax lève les yeux, l'aperçoit, se redresse, Ebloui, pâle, et dit à voix basse: O déesse! Or l'homme qui venait arrive.

Il montre un sceau.

Il crache sur le livre ouvert, et dit:\24Pourceau, Je suis du temple.\24Il laisse, en l'écartant, paraître Sous son manteau dans l'ombre une robe de prêtre.

Et le payen se tait, avec ce pli du front Que donne l'habitude horrible de l'affront; Car il a reconnu Rosmophim, un des sages Qui du Talmud au peuple expliquent les passages, Docteur et juge, après Caïphe le premier.

Il tremble; le rayon rend visite au fumier.

Pourquoi? C'est ce docteur Rosmophim qui, naguère, A, d'après la loi sainte et le texte vulgaire, Condamné Barabbas, et dit: Deux fois malheur! Mort sur le meurtrier et mort sur le voleur! Rosmophim dit:\24Au nom du sanhédrin!\24L'esclave S'incline, et Rosmophim reprend d'une voix grave, Pendant que son regard sur le guèbre tombait: \24As-tu quelque tronc d'arbre à faire un grand gibet; Dans une sorte d'antre au fond de la masure Gisaient de noirs poteaux de diverse mesure; Le payen remua ces affreux blocs dormants, Ainsi qu'un fossoyeur trouble un tas d'ossements, Et l'on en voyait fuir des bêtes qu'on ignore; Les poutres retombaient sur la terre sonore; Soudain l'homme, que l'âtre aidait de sa clarté, Poussant un dernier bloc, non sans peine écarté, Montra du doigt au prêtre un madrier difforme, Ayant le poids du chêne avec les noeuds de l'orme, Lourd, vaste, et comme empreint de cinq doigts monstrueux; La fin de Satan I.

LA POUTRE 56. »

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