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Le dévouement à la Science

Publié le 03/05/2011

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A. Thierry, devenu aveugle, expose dans cette Préface les raisons qui le soutiennent et qui le consolent. Il nous donne ici une admirable leçon d'énergie morale, et un exemple que nous devons tous méditer. J'atteignis le but au printemps de 1825, après quatre ans et demi d'efforts sans relâche. Le succès que j'obtins passa mes espérances; mais il y eut à cette joie, quelque grande qu'elle fût, une bien triste compensation : mes yeux s'étaient usés au travail, j'avais en partie perdu la vue. Si, comme je me plais à le croire, l'intérêt de la science est compté au nombre des grands intérêts nationaux, j'ai donné à mon pays tout ce que lui donne le soldat mutilé sur champ de bataille. Quelle que soit la destinée de mes travaux, cet exemple, je l'espère, ne sera pas perdu. Je voudrais qu'il servît à combattre l'espèce d'affaissement moral qui est la maladie de la génération nouvelle; qu'il pût ramener dans le droit chemin de la vie quelqu'une de ces âmes énervées qui se plaignent de manquer de foi, qui ne savent où se prendre, et vont cherchant partout, sans le rencontrer nulle part, un objet de culte et de dévouement. Pourquoi se dire avec tant d'amertume que, dans le monde constitué comme il est, il n'y a pas d'air pour toutes les poitrines, pas d'emploi pour toutes les intelligences? L'étude sérieuse et calme n'est-elle pas là? et n'y a-t-il pas en elle un refuge, une espérance, une carrière à la portée de chacun de nous? avec elle, on traverse les mauvais jours sans en sentir le poids; on se fait à soi-même sa destinée; on use noblement sa vie. Voilà ce que j'ai fait et ce que je ferais encore; si j'avais à recommencer ma route, je prendrais celle qui m'a conduit où je suis. Aveugle et souffrant sans espoir et presque sans relâche, je puis rendre ce témoignage, qui de ma part ne sera pas suspect : il y a au monde quelque chose qui vaut mieux que les jouissances matérielles, mieux que la fortune, mieux que la santé elle-même, c'est le dévouement à la science.

(Dix ans d'études historiques, préface.)

QUESTIONS D'EXAMEN

I. — L'ensemble; — l'idée générale. - Dans cette page, extraite de la Préface de l'un de ses ouvrages, et qui a le caractère d'une dissertation, A. Thierry nous donne une admirable leçon d'énergie morale. Il est devenu aveugle par suite d'un travail acharné. Mais il ne regrette pas de s'être consacré, trop entièrement à l'étude. Ni la cécité dont il est frappé, ni la souffrance qu'il éprouve presque sans relâche, ne sauraient le pousser au découragement : il continue à servir la science, et son exemple est à imiter : telle est l'idée générale de la page étudiée. — Montrez que toutes les parties du morceau concourent au développement de cette idée générale.

II. — L'analyse du morceau ; — les idées secondaires. — Distinguez les différentes parties du morceau : a) Grande joie, qu'atténue un sentiment de tristesse; b) Comparaison du savant et du soldat; c) Leçon donnée à la nouvelle génération; d) Bienfaits de l'étude; e) Rang assigné au dévouement à la science; De quel but est-il parlé au commencement de la lecture? A qui l'auteur voudrait-il que son exemple pût tout spécialement servir? De quelle maladie était atteinte la jeune génération, en 1834 ? Que propose A. Thierry à cette génération sans volonté et sans idéal? Montrez le haut prix qu'il attache au dévouement à la science.

III. — Le style; — les expressions. — La simplicité, la clarté et le mouvement : telles sont les qualités essentielles du style, dans ce morceau; faites-les ressortir par l'examen attentif de quelques passages (En ce qui concerne le mouvement, étudier surtout les phrases interrogatives qui se trouvent vers le milieu du second alinéa); Montrez aussi que l'élévation des idées donne au style un certain caractère de noblesse (On se fait à soi-même sa destinée, on use noblement sa vie.... Voilà ce que j'ai fait et ce que je ferais encore si j'avais à recommencer ma toute...); Justifiez l'emploi du mot mutilé, dans la comparaison du savant et du soldat; Qu'a voulu marquer l'auteur par la répétition de mieux, dans la dernière phrase? Indiquez le sens de chacune des expressions suivantes : affaissement moral, — une souffrance sans relâche, — un témoignage non suspect.

IV. — La grammaire. — Indiquez les mots de la même famille que poitrine, — que vie; Distinguez les propositions contenues dans la première phrase du second alinéa (nature de chacune); rétablissez l'ordre direct dans cette phrase; Nature et fonction de chacun des mots suivants : je me plais à le croire.

Rédaction. — Dites ce qu'il faut entendre par énergie morale. — Composez un récit dans lequel l'un des personnages fera preuve d'une grande énergie morale.

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