«Au regard de l'éternité, la mort n'est qu'un avatar» Schopenhauer. Commentez cette citation.
Publié le 17/01/2022
Extrait du document

Mais ce n'est pas moi ! Ce sont de tout autres feuilles ! Ô feuille insensée! Où veux-tu aller? Et d'où les autres feuilles doivent-elles venir ? Où est le néant dont tu redoutes le gouffre ? - Reconnais donc ta propre essence, celle précisément qui est si remplie de la soif d'exister; reconnais-la dans la force intérieure, secrète, active, de l'arbre, qui, toujours une et la même dans toutes les générations de feuilles, reste à l'abri de la naissance et de la mort.

«
168 • La dissertation de philosophie
La voix de la nature reste toujours et partout la même : la
mort est un grand mal.
Mais cette peur de la mort n'est-elle
pas,
en fait, indépendante du savoir que nous en avons ?
L'animal, qui ne connaît pas la mort, ne possède-t-il pas de
manière innée la crainte de sa destruction
et le souci de sa
conservation?
Si l'animal fuit devant le danger, n'est-ce pas
parce qu'il est pure volonté de vivre? N'en est-il pas de
même
de l'homme? Il semblerait donc que la crainte de la
mort ne soit que le revers de la volonté de vivre dont nous
participons tous.
Or, un tel attachement à la vie ne peut avoir
pris
sa source dans la connaissance et la réflexion.
Bien au
contraire, car aux yeux de ces dernières, la vie ne paraît pas
digne
d'être vécue au point qu'on puisse la préférer au
néant:
« Si l'on frappait aux tombeaux et que l'on demandait
aux morts s'ils voudraient revenir au jour, ils secoue
raient
la tête en signe de refus ...
»
Le puissant attachement à la vie apparaît donc dérisoire
quand on y réfléchit
et ne s'explique que par le fait que tout
notre être est déjà, en lui-même, le vouloir-vivre.
Et ce
dernier est
en soi et dans son principe « privé de connais
sance et aveugle ».
Est-ce vraiment la pensée du néant qui rend la mort si
effrayante?
Si tel est le cas, l'homme devrait se demander
ce qu'il était avant de naître.
Or, ce néant dont chacun de
nous est un
jour sorti ne nous tourmente guère.
Comment
pouvons-nous ne pas être horrifié
par ce néant qui nous
précède, autant que
par celui qui nous attend ? Serait-ce
donc la soif d'existence, enseignée
par la vie, qui justifierait
cet effroi du néant ? Impensable, pour Schopenhauer, car
l'expérience de la vie est celle d'une souffrance sans fond.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- « S'il n'y avait pas la mort, on ne philosopherait guère. » Arthur Schopenhauer, Le Monde comme volonté et comme représentation. Commentez cette citation.
- « Comme le besoin pour le peuple, l'ennui est le tourment des classes supérieures. » Schopenhauer, Métaphysique de l'amour, métaphysique de la mort. Commentez cette citation.
- Le sommeil est un emprunt fait à la mort pour l'entretien de la vie. Schopenhauer, Arthur. Commentez cette citation.
- La mort est le génie qui inspire le philosophe, l'Apollon musagète de la philosophie... s'il n'y avait pas la mort, on ne philosopherait guère. Le Monde comme volonté et représentation (1819) Schopenhauer, Arthur. Commentez cette citation.
- Ici l'amour refuse le temps, affirme que le passé n'est pas mort, que l'absent est présent; il se trompe d'objet, se montre incapable de saisir les êtres dans leur actuelle particularité, dans leur essence individuelle. Il se souvient en croyant percevoir, il confond, il se berce de rêve, il forge la chimère de l'éternité. Alquié, Le désir d'Eternité, PUF, p.29. Commentez cette citation.