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Commentez ce mot de Rabelais : Science sans conscience n'est que ruine de l'âme.

Publié le 17/01/2022

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Avant de commenter cette maxime, nous éprouvons le besoin de mettre d'accord notre science et notre conscience. Nous savons que cette formule lapidaire n'est pas isolée dans le livre de Rabelais; et notre conscience nous commande de la replacer dans son contexte. Nous avons lu, en effet, dans la lettre de Gargantua à Pantagruel : « Parce que, selon le saige Salomon, sapience n'entre point en âme malivole, et science sans conscience n'est que ruine de l'âme, il te convient servir, aymer et craindre Dieu et en luy mettre toutes tes pensées et tout ton espoir; et, par foy formée de charité, estre à luy adjoinct, en sorte que jamais n'en soys desamparé par péché ... «

« Ajoutons que les sciences, aujourd'hui autonomes, n'etaient jadis que des annexes de la philosophie.

Le raisonnement speculatif, qui, si aisement, conduit a I'orgueil de l'esprit et aux Aires decheances de la conscience,. &tali omnipotent; Pexperimentation qui met Pintelligence aux prises avec les realites do monde materiel, &fait a peine connue.

Sous couleur de tradi- tion, on acceptait aveuglement de grossferes erreurs.

Ii suffisait qu'Aristote ou Pline eussent affirme une chose pour qu'on s'inclinat sans discussion.

Le principe d'autorite, que Descartes battra en breche dans son Discours de la Methode, etait partout admis et favorisait la paresse, en supprimant toute verification et tout controle.

On repetait comme un article du Credo La nature a horreur du vide »; et l'on expliquait les effets de l'opium en disant : « Ii endort, parce qu'il possede fine vertu dormitive.

» Telle &tall la Science au temps oil Rabelais &Hyatt les lignes que nous commentons formaliste, discoureuse et disputeuse, elle ne pouvait pretendre se substi- tuer it la conscience. It* Oublions maintenant Rabelais, son siècle et le contexte de sa pensee, pour ne retenir que la maxime, desormais fameuse sous cette forme simplifiee, et commentons-la en fonction de notre temps. La Science, c'est la connaissance que nous avons de la verite speculative et pratique, dans Pordre materiel, intellectuel et moral. La Conscience, c'est la voix interieure qui nous renseigne sur la bonte- ou la malice des actes possibles dans un cas donne, qui nous incite it les accomplir ou it nous en abstenir; qui nous dispense la louange ou le blame, selon que nous lui avons obei ou desobei.

Elle est la regle interieure et pro- chaine des moeurs. Est-il des hommes sans conscience » ? Non, chaque homme a une cons- cience, droite a l'origine, mais qui demande it etre eclairee et cultivee, surtout chez l'enfant et l'adolescent.

Selon qu'on ecoute ou non sa cons- cience, qu'on suit les impulsions du milieu bon ou mauvais dans lequel on vit, qu'on subit fine education moralisatrice ou perverse, la conscience se forme ou se &forme, s'affine ou se degrade, se redresse ou se fausse.. Elle s'atrophie parfois jusqu'a sembler inexistante; en realite elle est indes- tructible, et quand on dit d'un homme : it n'a pas de conscience, on vent seulement signifier qu'il ne tient pas compte de ses arrets. Science et conscience sont choses distinctes.

L'une a pour objet le Vrai, l'autre le Bien.

La premiere est nine acquisition de l'intelligence, la seconde releve it la fois de l'intelligence - elle est la raison qui discerne le hien du mal, - de la sensibilite - sensations et sentiments influent sur elle, - et de la volonte - en derniere analyse elle est surtout sous la dependance de cette derniere. Elles ont toutefois entre elles d'intimes rapports.

On ne peut vouloir que ce que l'on connait.

On vent plus fermement ce que l'on salt, sans aucun doute possible, etre le devoir.

Les idees claires et justes sont, incontesta- blment, un appoint considerable pour la conscience.

De la l'erreur de certains philosophes.

Platon fait de la science et de la vertu tine meme chose.

Descartes dit Assurer, vier, douter ne sont que des facons de vouloir », et Malebranche : a Il suffit de bien juger pour bien faire.

» La raison et l'experience dementent ces affirmations.

En realite la Science, utile it la conscience, ne saurait ni se confondre avec elle, ni la supplanter.

Plus i'homme sait, a dit Bacon, plus it pent.

» Cela est aussi vrai des possibilites morales que des possibilites materielles.

!The intelligence eclai- ree, fine memoire enrichie de verites decouvertes par in lecture, la reflexion, ('observation, la conversation; un esprit Libre, habitué it se degager des contingences vulgaires et des entralnements du milieu, sont pour In cons- cience de precieux auxiliaires.

La probite intellectuelle appartient déjà au domaine de la conscience, et ii n'est pas de vrai savant sans cette probite. Celui qui, comme le voulait Platon, «va au vrai avec toute son ame », ne saurait patir de sa science.

Celle-ci, pourtant, est impuissante a creer seule la moralite.

Des savants- - dont la posterite jugera les droits a ce titre - ont voulu substituer au Dieu qui illumine la conscience de tout homme venant en ce monde, une science devenue la pourvoyeuse universelle.

Cette « nouvelle idole » devait Ajoutons que les sciences, aujourd'hui autonomes, n'étaient jadis que des annexes de la philosophie.

Le raisonnement spéculatif, qui, si aisémen.t, conduit à l'orgueil de l'esprit et aux pires déchéances de la conscience, était omnipotent; l'expérimentation qui met l'intelligence aux prises avec les réalités du monde matériel, était à peine connue.

Sous couleur de tradi­ tion, on acceptait aveuglément de grossières erreurs.

Il suffisait qu'Aristote ou Pline eussent affirmé une chose pour qu'on s'inclinât sans discussion.

Le principe d'autorité, que Descartes battra en brèche dans son Discours de lt;t Méthode, était partout admis et favorisait la paresse, en supprimant toute vérification et tout contrôle.

On répétait comme un article du Credo ; «La nature a horreur du vide»; et l'on expliquait les effets de l'opium en disant : « Il endort, parce qu'il possède une vertu dormitive.

» Telle était la Science au temps où Rabelais écrivait les lignes que nous commentons : formaliste, discoureuse et disputeuse, elle ne pouvmt prétendre se slibsti­ tuer à la conscience.

* "* Oublions maintenant Rabelais, son siècle et le contexte de sa pensée, pour ne retenir que la maxime, désormais fameuse sous cette forme simplifiée, et commentons-la en fonction de notre temps.

La Science, c'est la connaissance que nous avons de la vérité spéculative et pratique, dans l'ordre matériel, intellectuel et moral.

La Conscience, c'est la voix intérieure qui nous renseigne sur la bonté ou la malice des actes possibles dans un cas donné, qui nous incite à les accomplir ou à nous en abstenir; qui nous dispense la louange ou le blâme, selon que nous lui avons obéi ou désobéi.

Elle est la règle intérieure et pro­ chaine des mœurs.

Est-il des hommes «sans conscience»? Non, chaque homme a une cons­ cience, droite à l'origine, mais qui demande à être éclairée et cultivée, surtout chez l'enfant et l'adolescent.

Selon qu'on écoute ou non sa cons­ cience, qu'on suit les impulsions du milieu bon ou mauvais dans lequel on vit, qu'on subit une éducation moralisatrice ou perverse, la conscience se forme ou se déforme, s'affine ou se dé~rade, se redresse ou se fausse.

Elle s'atrophie parfois jusqu'à sembler inexistante; en réalité elle est indes­ tructible, et quand on dit d'un homme : il n'a pas de conscience, on veut seulement signifier qu'il ne tient pas compte de ses arrêts.

Science et conscience sont choses distinctes.

L'une a pour objet le Vrai,.

l'autre le Bien.

La première est une acquisition de l'intelligence, la seconde relève à la fois de l'intelligence -elle est la raison qui discerne le bien du mal, - de la ·sensibilité -sensations et sentiments influent sur elle, - et de la volonté - en dernière analyse elle est surtout sous la dépendance de cette dernière.

Elles ont toutefois entre elles d'intimes rapports.

On ne peut vouloir que ce que l'on connaît.

On veut plus fermement ce que l'on sait, sans aucun: doute possible, être le devoir.

Les idées claires et justes sont, incontesta­ blment, un appoint considérable pour la conscience.

De là l'erreur de certains philosophes.

Platon fait de la science et de la vertu une même chose.

Descartes dit : «Assurer, nier, douter ne sont que des façons de vouloir », et Malebranche : « Il suffit de bien juger pour bien faire.

» La raison et l'expérience démentent ces affirmations.

En réalité la Science, utile à la conscience, ne saurait ni se confondre· avec elle, ni la supplanter.

« Plus l'homme sait, a dit Bacon, plus il peut.

» Cela est aussi vrai des possibilités morales que des possibilités materielles.

Une intelligence éclai­ rée, une mémoire enrichie de vérités découvertes par la lecture, la réflexion, l'observation, la conversation; un esprit libre, habitué à se dégager des contingences vulgaires et des entraînements du milieu, sont pour la cons­ cience de précieux auxiliaires.

La probité intellectuelle appartient déjà au domaine de la conscience, et il n'est pas de vrai savant sans cette probité.

Celui qui, comme le voulait Platon, « va au vrai avec toute son âme », ne· saurait pâtir de sa science.

Celle-ci, pourtant, est impuissante à créer seule la moralité.

Des savants - dont la postérité jugera les droits à ce titre - ont voulu substituer au Dieu qui illumine la conscience de tout homme venant en ce monde, une· science devenue la pourvoyeuse universelle.

Cette « nouvelle idole » devait. »

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