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l'étaient avec passion.

Publié le 06/01/2014

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l'étaient avec passion. Un ouvrier ne tue pas un ouvrier. « Une baïonnette est une arme avec un prolétaire à chaque bout », disait un slogan pacifiste de l'époque. Guerre à la guerre, c'était le mot d'ordre. Le grand leader socialiste Jaurès, quelque temps auparavant, était allé le crier au côté de ses frères allemands à Berlin même. Fin juillet 1914, il se démène encore pour empêcher le pire en rencontrant à Bruxelles de nombreux leaders européens, dont des socialistes d'Allemagne. Le 31 de ce mois, il est assassiné à Paris par un ultranationaliste français. Deux jours plus tard, le climat s'est renversé. Personne ne part à la guerre le coeur léger et en chantant, comme nous l'a longtemps fait croire un mythe tenace, démonté aujourd'hui par tous les grands historiens de la période1. Chacun s'y résigne et y va parce qu'« il faut y aller ». D'ailleurs, il ne s'agit pas d'attaquer, il s'agit de se défendre, tout est là. Chacun le croit, c'est le problème. Chacun voit désormais l'autre comme un agresseur qui menace la patrie et ses valeurs : les Austro-Hongrois et les Allemands le pensent des Russes ; les Serbes des Austro-Hongrois et les Français ou les Anglais des Allemands. Donc chacun se résout à la guerre et le fait d'autant plus facilement qu'il sait qu'elle sera courte. De cela, nul ne doute. Tous les plans militaires le prévoient formellement. Les Allemands ont deux ennemis, à l'est et à l'ouest, leur idée est d'en finir au plus vite avec l'ouest pour se retourner après contre le seul ennemi redoutable, le « rouleau compresseur russe », qui sera terrible mais sera aussi plus lent à se mettre en marche. Ils attaquent donc la Belgique. La France a anticipé la manoeuvre depuis longtemps et a prévu de la contrer par une attaque frontale : elle va créer le grand choc sur l'Alsace-Lorraine pour percer et déferler jusqu'à Berlin. Rapide échec français. Semivictoire du plan allemand : la Belgique résiste héroïquement, bien plus qu'on ne l'aurait cru capable. Les armées passent quand même, commencent un vaste double mouvement pour prendre Paris en tenaille et y arrivent presque. Grâce - en toute petite part - aux célèbres taxis qui convoient les troupes jusqu'aux combats, grâce surtout à une résistance déterminée, les Français les bloquent à quelques kilomètres de la capitale. C'est la fameuse victoire de la Marne. Chaque armée, face-à-face, cherche alors à contourner l'autre en la débordant par le nord. C'est la « course à la mer ». En quelques semaines, à force d'être tricoté ainsi, le front est monté jusqu'en Belgique. Il descend sur 700 kilomètres jusqu'à la Suisse. Tout mouvement est désormais impossible. Les Anglais et les Français d'une part, les Allemands de l'autre n'ont plus qu'une chose à faire, creuser dans la terre de longs fossés où s'enterrer pour pouvoir tenir coûte que coûte leurs positions. Le même phénomène se produira côté est. On le verra aussi dans les Balkans. Des millions d'hommes apprennent à vivre dans des boyaux. C'est la guerre de tranchées. En France, elle durera quatre ans. L'impossible percée Militairement, le conflit se résume souvent à un cauchemar sans cesse renouvelé : il n'y a qu'une chose à faire, pensent d'abord les généraux, réussir à briser le front adverse. C'est l'obsession de « la percée ». Chacun essaiera, 1915, 1916, Artois, Champagne, Verdun, la Somme. Les Français, les Allemands, les Anglais lancent tour à tour ces offensives terribles qui se déroulent toutes selon le même rituel macabre. On noie l'adversaire sous une pluie de bombes ; puis, espérant le submerger, on lance des flots de soldats qui meurent par milliers, écrasés sur les barbelés, explosés sur les mines, fauchés par la mitraille ; puis on recommence le lendemain, puisque l'autre a tenu. On essaiera aussi les armes nouvelles : les gaz, lancés par les Allemands ; les chars, tentés par les Anglais. Rien n'y fait. Verdun, 1916, offensive allemande, dix mois de bataille, plus de 300 000 morts, gain territorial : nul. La Somme, 1916, offensive anglaise, cinq mois de bataille, près d'un million de morts, gain territorial : 12 kilomètres. Aussi, bien vite, les deux camps cherchent d'autres moyens, d'autres angles d'attaque. On se bat partout, même en Afrique, où Anglais et Français mettent la main sur les colonies allemandes. On fait tout pour gagner de nouvelles alliances. L'Italie a finalement basculé en 1915 du côté de l'Entente : elle se bat contre l'Autriche dans les Alpes. La Bulgarie s'est rangée du côté de l'Allemagne, comme l'Empire ottoman. En 1915, les Franco-Anglais visent les Turcs, qu'ils prennent pour le maillon faible des alliances ennemies : ils lancent une offensive sur le détroit des Dardanelles. Résistance farouche des Turcs, carnage généralisé et échec allié. Début 1916 on rembarque les troupes qui iront grossir « l'armée d'Orient », à Salonique, pour tenter d'aider les Serbes en piteuse posture ou de battre les Bulgares. En 1917, tournants d'importance. Les Allemands essayent de briser la ténacité anglaise en s'attaquant à son point essentiel, son commerce maritime. Leurs sous-marins, les « U-boot », ne font pas de quartiers, ils envoient par le fond tous les navires qui voguent sur les mers, y compris les neutres. Les États-Unis ne peuvent l'accepter : ils entrent dans la guerre du côté des Alliés. Dans leurs tranchées, les pauvres poilus sont à bout de force et à bout de nerfs. Certains se mutinent. Les généraux les plus avisés pensent qu'il est sage d'en rester à la défensive. « J'attends les chars et les Américains », dit Pétain, le « vainqueur de Verdun ». Les Allemands savent que le temps joue contre eux, mais une excellente nouvelle leur arrive de l'Est. En Russie, en octobre-novembre, un coup d'État bolchevique a balayé les démocrates au pouvoir depuis février. Lénine fait la révolution, la guerre, ce « conflit impérialiste », ne l'intéresse pas. Dès la fin de 1917, il signe un cessez-le-feu séparé avec Berlin. Les Allemands peuvent donc jouer leur va-tout. En mars 1918, ils lancent une immense offensive à la jointure des armées française et anglaise. Miracle ! Ils percent, avancent de 50 kilomètres, du jamais vu depuis trois ans. La victoire est au bout de leurs canons. Les Alliés se ressaisissent par un autre miracle - décidément, les dieux sont imprévisibles : ils réussissent à repousser l'envahisseur. Deux millions d'Américains ont bientôt rejoint le front. À l'été, les affaires sont pliées pour les Empires centraux. Turcs, Bulgares, Autrichiens sont écrasés les uns après les autres. L'Allemagne est contrainte de demander l'armistice. Un clairon le sonne le 11 novembre, à 11 heures du matin. La der des der 1914-1918, une catastrophe d'une ampleur inconnue dans l'histoire du monde. Des pays en ruine, 8 à 10 millions de victimes militaires ; 10 millions de victimes civiles ; 30 à 40 millions de blessés ; et le premier génocide du siècle : parce qu'ils les suspectaient d'être des « ennemis de l'intérieur », le gouvernement turc, en 1915, a fait massacrer un million d'Arméniens, hommes, femmes, enfants. La carte de l'Europe est chamboulée. Quatre empires sont à terre - russe, allemand, autrichien, ottoman - et l'avenir des peuples qui les composaient très incertain. L'Allemagne est au bord du chaos : la république y est à peine proclamée qu'elle doit écraser dans le sang la tentative de révolution des spartakistes, qui veulent des soviets comme en Russie. Les Habsbourg quittent Vienne pour l'exil, leur empire est disloqué. La Tchécoslovaquie se forme sur l'alliance mal assortie des peuples tchèque et slovaque. La Hongrie subit coup sur coup une dictature communiste puis une dictature d'extrême droite. La Croatie et la Slovénie entrent dans un royaume contrôlé par les Serbes, la future Yougoslavie. L'Italie, qui n'obtient pas la Dalmatie, l'Istrie, le Trentin qui lui avaient été promis quand elle est entrée dans la guerre, se noie dans la colère. La Pologne, qui n'existait plus depuis plus d'un siècle, redevient un État, mais il lui faut presque aussitôt, pour le défendre, relancer une guerre contre l'« Armée rouge » des Russes. Comme doivent le faire les Turcs, dont le grand pays était au bord d'être dépecé par les Anglais, les Français et les Grecs. Pendant les années d'après-guerre se sont succédé les traités scellant le sort d'un vaincu après l'autre. Le principal est celui de Versailles, qui s'occupe de l'Allemagne, suivi de ceux de Saint-Germain-en-Laye et du Trianon, qui concernent l'Autriche et la Hongrie. Ils entendaient tout régler, et mettre fin à jamais à une guerre qui devait être la « der des der ». Ils préparent la suivante. Les vaincus ne lisent dans ces textes que la volonté de les humilier. L'Allemagne perd un dixième de son territoire, elle est écrasée sous le poids des réparations. L'Autriche, la Hongrie deviennent deux ombres du pays puissant qu'ils formaient. Seul, alors, le très chrétien président américain Wilson, hanté par son messianisme religieux, pense qu'il faut faire prévaloir la justice et le respect sur la vengeance. Les Européens et leurs leaders, le Français Clemenceau et le Britannique Lloyd George, voient en lui un « idéaliste ». Son propre Congrès le désavoue qui refusera l'entrée des États-Unis dans la « Société des Nations » dont il avait été le promoteur et qui devait garantir la paix entre les hommes. La guerre de 1914-1918 fut la tragédie fondatrice d'un siècle de feu et de sang, un carnage tellement énorme que les historiens n'ont pas fini de chercher à l'expliquer, à le disséquer, à le comprendre et à débattre pour tenter de le faire. Depuis près d'un siècle, sur tous les aspects du conflit, les théories se confrontent. Qu'est-ce qui a causé cette horreur ? Est-ce la seule faute de l'Allemagne et de son militarisme structurel, comme l'ont pensé longtemps la majorité des historiens français, et, depuis les années 1960, de grands historiens allemands ? Est-ce la faute du système économique, ce capitalisme qui n'a d'autre issue que de faire se battre les travailleurs entre eux, pour donner des débouchés aux « marchands de canons », comme le pensaient les socialistes de l'époque ? Est-ce la faute de la folie nationaliste, ce fanatisme qui exalte le sacrifice et la patrie dans le seul but de se nourrir du sang des peuples ? Une fois la guerre déclarée, comment les peuples ont-ils pu la faire, et si longtemps ? Depuis la fin des années 1990, c'est sur ce point que porte en France un débat passionnant. Dans les années 1960-1970, en un temps qui aimait les rebelles et la « contestation », on avait beaucoup travaillé sur les mutins. Vingt ans plus tard, la perspective est renversée : pourquoi, en réalité, y en eut-il si peu ? Quarante mille environ, pour les Français, dans des mouvements concentrés en 1917, c'est-à-dire après des années d'épuisement, après, surtout, des offensives encore plus meurtrières et inutiles que les autres, comme celle du général Nivelle, « le boucher ». Sur quatre années d'une guerre qui a dévoré des millions d'êtres, cela ne fait pas beaucoup. Comment tous ces hommes ontils pu supporter l'insupportable, ces années passées dans la boue, les poux, les rats, à attendre d'être enseveli vivant dans un bombardement ou de crever à petit feu, le corps déchiqueté sur des barbelés, avec, pour seul requiem, les cris et les râles d'autres agonisants ? Une religion les faisait tenir, disent les historiens comme Annette Becker et Stéphane Audouin-Rouzeau et leurs amis de l'Historial de la Grande Guerre de Péronne : le sentiment du devoir, très conforté par une intense propagande, mais aussi très profondément ancré. C'est ce qu'ils appellent le « consentement patriotique ». Faux, répondent certains de leurs confrères - Fréderic Rousseau2 ou Nicolas Offenstadt, regroupés autour d'un centre nommé le CRID 14-18 : ce « consentement » était de façade ou il était le fait de quelques-uns, les lettrés, les bourgeois, ceux qui ont écrit, publié. D'autres recherches, sur les mutilations volontaires par exemple, ou sur la puissance de toutes les formes de contraintes utilisées pour forcer les soldats à obéir, font apparaître une autre vérité : la plupart des gens n'avaient qu'une envie, échapper à cette guerre dont ils ne voulaient pas. L'ennemi héréditaire On discutera encore longtemps de ce carnage, tant de pans de cette histoire restent à découvrir. Dans la perspective qui est la nôtre, contentons-nous de nous concentrer sur un point : ce que notre mémoire collective a gardé du rapport à un pays en particulier, l'Allemagne. Cette guerre fut mondiale. On se battit en Afrique, on se battit en Ukraine, dans les montagnes bulgares, dans les sables du désert d'Arabie. Chaque peuple en garde le souvenir par son prisme local, sa bataille, son enfer et son ennemi. Pour les Français, il n'y en a qu'un, l'Allemand. La Première Guerre n'est pas considérée dans sa dimension planétaire, elle est vue comme la énième manche d'un vieux conflit avec lui. Il y a eu la partie d'avant, la guerre de 1870. Il y aura celle d'après, en 1939. Cette histoire est lue comme un long continuum au sein duquel l'adversaire est toujours le même. Les casques à pointe des uhlans de Bismarck, les soldats du Kaiser de 1914, la Wehrmacht de Hitler, ce sont toujours « les Boches ». Essayons donc de placer quelques grenades dans cette galerie de clichés. En 1914, on s'est battu contre l'Allemagne, pense-t-on encore parfois en France, parce qu'elle était « l'ennemi héréditaire ». Nombreux étaient ceux qui le croyaient à l'époque, en tout cas, tant d'un côté de la « ligne bleue des Vosges » que de l'autre. Seize ans plus tôt à peine, en 1898, au moment de Fachoda - les frictions en Afrique d'une mission française avec des troupes britanniques -, aussi nombreux étaient ceux qui étaient prêts à en découdre avec une autre ennemie tout aussi héréditaire : l'Angleterre. Allons, souvenons-nous, Jeanne d'Arc ; la guerre de Sept Ans au temps de Louis XV ; l'acharnement contre Napoléon ! Les maudits Anglais, toujours eux ! Un siècle auparavant, au xviiie siècle, avant la guerre de Sept Ans, justement, la France avait une autre rivale éternelle, l'Autriche et ses Habsbourg, contre qui nos rois avaient si souvent été en guerre. Et qui était contre eux notre meilleur allié ? La Prusse, la grande Prusse de Fréderic II, tant aimée avant qu'elle ne bascule contre nous. On voit le point : notre pays a toujours eu des « ennemis héréditaires », mais dites donc, qu'est-ce que ça change, l'hérédité ! Le constat vaut d'ailleurs pour tout le monde : l'Italie a passé le xixe siècle à faire son unité contre les occupants du pays, les Autrichiens. Au début du xxe, elle se range à leurs côtés dans la « Triplice ». Elle ne vire de bord qu'en 1915 pour entrer dans l'entente franco-anglaise. Au xixe siècle, les Bulgares se soulèvent contre ce qu'ils appellent « le joug ottoman ». Pendant les guerres balkaniques des années 1910, ils sont tantôt du côté de la Grèce contre les Turcs détestés, tantôt, quand leurs intérêts le commandent, contre les Grecs, leurs frères d'hier. Finalement, ils s'engagent dans le grand conflit au côté des mêmes Ottomans avec qui ils s'étripaient trois ans plus tôt. Guillaume II se trouve face aux Russes en 1914, il ne se remet toujours pas d'avoir raté quinze ans auparavant l'alliance qui l'aurait rendu maître du jeu européen. En plus, le tsar était son cousin. La question des parentés entre nobles est encore une autre affaire : le roi d'Angleterre l'était aussi. Le point intéressant, donc, n'est pas de savoir depuis combien de temps on est l'ennemi éternel de telle nation, mais de comprendre comment on s'arrangeait pour que tout le monde le croie, une fois qu'on l'était devenu. Dans la littérature nationaliste française du xixe siècle, l'Angleterre était parée de tous les vices, on en faisait un pays de boutiquiers perfides qui ne pensaient qu'à placer leur camelote et empocher des livres sterling. En 1914, elle brille soudain par ses vertus, tandis que l'Allemagne souffre de pesants préjugés. Oublions les trouvailles poétiques de la propagande du temps de la guerre elle-même, également répandues des deux côtés du Rhin. Elles sont d'un tel niveau qu'on a préféré les escamoter rapidement, une fois la paix revenue. Dès le début du conflit, nous raconte l'historien Joseph Rovan, d'éminents savants germaniques comprennent scientifiquement le vrai problème des Français : ces gens ont un gène qui les prédispose à la déficience mentale. Les médecins français font une découverte tout aussi importante : l'urine allemande est surchargée d'azote, c'est la raison pour laquelle leurs soldats sentent si mauvais. Revenons plutôt à l'image générale de l'autre construite alors, car elle est encore assez présente dans les esprits. Pour la majorité des Français d'aujourd'hui, l'Allemagne de 1914 est un pays militarisé, caporaliste, autant dire une

« impérialiste », nel’intéresse pas.Dèslafin de1917, ilsigne uncessez-le-feu séparéavecBerlin. Les Allemands peuventdoncjouer leurva-tout.

Enmars 1918, ilslancent uneimmense offensiveàla jointure des armées française etanglaise.

Miracle ! Ilspercent, avancent de50 kilomètres, dujamais vudepuis troisans.La victoire estaubout deleurs canons.

LesAlliés seressaisissent parunautre miracle –décidément, lesdieux sont imprévisibles : ilsréussissent àrepousser l’envahisseur.

Deuxmillions d’Américains ontbientôt rejointlefront.

À l’été, lesaffaires sontpliées pourlesEmpires centraux.

Turcs,Bulgares, Autrichiens sontécrasés lesuns après les autres.

L’Allemagne estcontrainte dedemander l’armistice.

Unclairon lesonne le11 novembre, à11 heures du matin.

La der des der 1914-1918, unecatastrophe d’uneampleur inconnue dansl’histoire dumonde.

Despays enruine, 8à10 millions de victimes militaires ; 10 millions devictimes civiles ;30à40 millions deblessés ; etlepremier génocide du siècle : parcequ’ilslessuspectaient d’êtredes« ennemis del’intérieur », legouvernement turc,en1915, afait massacrer unmillion d’Arméniens, hommes,femmes,enfants.Lacarte del’Europe estchamboulée.

Quatre empires sontàterre –russe, allemand, autrichien, ottoman–et l’avenir despeuples quilescomposaient très incertain.

L’Allemagne estaubord duchaos : larépublique yest àpeine proclamée qu’elledoitécraser dansle sang latentative derévolution des spartakistes , qui veulent dessoviets comme enRussie.

LesHabsbourg quittent Viennepourl’exil, leurempire estdisloqué.

LaTchécoslovaquie seforme surl’alliance malassortie des peuples tchèque etslovaque.

LaHongrie subitcoupsurcoup unedictature communiste puisunedictature d’extrême droite.LaCroatie etlaSlovénie entrentdansunroyaume contrôléparlesSerbes, lafuture Yougoslavie. L’Italie, quin’obtient paslaDalmatie, l’Istrie,leTrentin quiluiavaient étépromis quandelleestentrée dansla guerre, senoie dans lacolère.

LaPologne, quin’existait plusdepuis plusd’un siècle, redevient unÉtat, mais illui faut presque aussitôt, pourledéfendre, relanceruneguerre contrel’« Armée rouge »desRusses.

Comme doivent le faire lesTurcs, dontlegrand paysétait aubord d’être dépecé parlesAnglais, lesFrançais etles Grecs. Pendant lesannées d’après-guerre sesont succédé lestraités scellant lesort d’un vaincu aprèsl’autre.

Leprincipal est celui deVersailles, quis’occupe del’Allemagne, suivideceux deSaint-Germain-en-Laye etdu Trianon, qui concernent l’AutricheetlaHongrie.

Ilsentendaient toutrégler, etmettre finàjamais àune guerre quidevait être la « der desder ».

Ilspréparent lasuivante.

Lesvaincus nelisent danscestextes quelavolonté deles humilier. L’Allemagne perdundixième deson territoire, elleestécrasée souslepoids desréparations.

L’Autriche,laHongrie deviennent deuxombres dupays puissant qu’ilsformaient.

Seul,alors, letrès chrétien président américain Wilson, hanté parson messianisme religieux,pensequ’ilfautfaire prévaloir lajustice etlerespect surlavengeance.

Les Européens etleurs leaders, leFrançais Clemenceau etleBritannique LloydGeorge, voientenluiun « idéaliste ». Son propre Congrès ledésavoue quirefusera l’entréedesÉtats-Unis dansla« Société desNations » dontilavait été lepromoteur etqui devait garantir lapaix entre leshommes. La guerre de1914-1918 futlatragédie fondatrice d’unsiècle defeu etde sang, uncarnage tellement énormeque les historiens n’ontpasfinidechercher àl’expliquer, àle disséquer, àle comprendre etàdébattre pourtenter de le faire.

Depuis prèsd’un siècle, surtous lesaspects duconflit, lesthéories seconfrontent.

Qu’est-cequiacausé cette horreur ? Est-celaseule faute del’Allemagne etde son militarisme structurel,commel’ontpensé longtemps la majorité deshistoriens français,et,depuis lesannées 1960, degrands historiens allemands ? Est-celafaute du système économique, cecapitalisme quin’ad’autre issuequedefaire sebattre lestravailleurs entreeux,pour donner desdébouchés aux« marchands decanons », commelepensaient lessocialistes del’époque ? Est-cela faute delafolie nationaliste, cefanatisme quiexalte lesacrifice etlapatrie dansleseul butdesenourrir dusang des peuples ? Une foislaguerre déclarée, comment lespeuples ont-ilspulafaire, etsilongtemps ? Depuislafin des années 1990, c’estsurcepoint queporte enFrance undébat passionnant.

Danslesannées 1960-1970, enun temps qui aimait lesrebelles etla« contestation », onavait beaucoup travaillésurlesmutins.

Vingtansplus tard, la perspective estrenversée : pourquoi,enréalité, yen eut-il sipeu ? Quarante milleenviron, pourlesFrançais, dans des mouvements concentrésen1917, c’est-à-dire aprèsdesannées d’épuisement, après,surtout, desoffensives encore plusmeurtrières etinutiles quelesautres, comme celledugénéral Nivelle,« leboucher ».

Surquatre années d’uneguerre quiadévoré desmillions d’êtres,celanefait pas beaucoup.

Commenttousceshommes ont- ils pu supporter l’insupportable, cesannées passées danslaboue, lespoux, lesrats, àattendre d’êtreenseveli vivant dansunbombardement oudecrever àpetit feu,lecorps déchiqueté surdes barbelés, avec,pourseul requiem, lescris etles râles d’autres agonisants ? Unereligion lesfaisait tenir,disent leshistoriens commeAnnette Becker etStéphane Audouin-Rouzeau etleurs amisdel’Historial delaGrande GuerredePéronne : lesentiment du devoir, trèsconforté parune intense propagande, maisaussi trèsprofondément ancré.C’estcequ’ils appellent le « consentement patriotique ».Faux,répondent certainsdeleurs confrères –Fréderic Rousseau 2 ou Nicolas Offenstadt, regroupésautourd’uncentre nommé leCRID 14-18 : ce« consentement » étaitdefaçade ouilétait le fait dequelques-uns, leslettrés, lesbourgeois, ceuxquiont écrit, publié.

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