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VOLONTÉ

Publié le 02/04/2015

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VOLONTÉ__________________________________

Il y a plusieurs façons d'atteindre la notion de volonté : soit analyser le langage ordinaire et remarquer les différenciations sémantiques et fonctionnelles entre de multiples expressions (vouloir, désirer, souhaiter, pouvoir), soit chercher à décrire les conditions objectives de l'acte volontaire, soit enfin chercher à concevoir comment la volonté est pensable, comme cause de certains actes.

Historiquement c'est la seconde voie qu'a d'abord explorée la réflexion philosophique : dans le chapitre III de l'Éthique à Nicomaque. Aristote tente de distinguer les actes qu'on accomplit de son « plein gré « de ceux qu'on accomplit « contre son gré «, mettant en lumière par là les liens de toute conception de la volonté, avec la possibilité d'imputer les actions (1). La première voie ne dégage que le réseau des déterminations communes, par où nous nous saisissons comme volonté. Seule la troisième soulève directement la problé­matique spécifique de la volonté

1.    Le volontaire et l'involontaire

Quand on cherche à savoir si un acte est volontaire ou non, on ne se borne pas à rechercher une cause, on essaie de montrer que cette cause est une personne. Cela implique que l'origine de l'acte volontaire soit circonscrite, localisée dans une portion déterminée du monde, et qu'entre cette partie et le reste du monde, ne doive exister aucun lien causal permettant de pousser l'explication de l'acte en question au-delà d'elle. Aristote, par exemple, montrait qu'une action est volontaire quand on n'est pas forcé par viôlence à l'accomplir. Mais ce n'est pas suffisant. Si la personne considérée est constituée de telle façon qu'elle ne pouvait pas ne pas accomplir l'acte en question, on ne dira pas que celui-ci était volontaire ; seul ce qui est contingent est volontaire. En outre, tous les actes contingents ne sont pas volontaires : ce que je fais sans m'en apercevoir, je ne l'ai pas voulu, la volonté suppose la conscience, le choix. L'acte volontaire doit donc correspondre aussi à un certain processus psychologique ; la volonté est une impulsion à l'action, liée à la représentation d'un certain but à atteindre. Condillac en faisait un désir absolu, inconditionnel. L'acte volontaire se distingue cependant du simple désir parce qu'il

est contrôlé. L'impulsion est corrigée par une inhibition, elle apparaît dominée, maîtrisée, différée, voire même refusée et abolie.

Toutes ces déterminations se trouvent réunies dans la défi­nition classique des quatre moments de l'acte volontaire :

1 — la conception qui est la représentation abstraite d'une fin souvent éloignée dans le futur ;

2 — la délibération : moment où sont mis en balance les motifs ou les mobiles d'agir ou de ne pas agir ;

3 — la décision, ou prise de position ou choix ;

4 — l'exécution qui distingue la volition de la velléité.

2.   Les problèmes ontologiques

L'analyse précédente de l'acte volontaire suppose que la volonté en soit l'origine absolue, il en résulte que la volonté est ordinairement conçue comme une cause libre : c'est pourquoi Descartes considérait qu'elle est en l'homme une faculté infinie ; c'est pourquoi aussi Kant pouvait dire que la volonté est la raison d'être de la liberté et la liberté la raison par laquelle la volonté est connue. Mais comment concevoir une cause libre au sein d'une nature déterminée par le principe de causalité ? Trois solutions sont possibles.

1 — Admettre que la volonté est la faculté d'un sujet qui en tant que tel n'appartient pas à l'ordre naturel ; Descartes fait de la volonté la propriété de la chose pensante, Kant y voit un noumène, les existentialistes (surtout Sartre) joignent tellement la volonté à la liberté du sujet qu'ils refusent le schéma classique : délibérer est encore une déter­mination, mais quand on délibère, ce n'est qu'une justifi­cation, les jeux sont déjà faits.

2 — Admettre que l'ordre naturel n'est qu'une apparence, et que l'Etre véritable est volonté ; cette solution qui a son origine chez Kant est celle de Schopenhauer et Nietzsche

 

3 — Admettre que la volonté est une cause naturelle ; cela conduit à poser qu'elle n'est pas une cause libre (Spinoza). Pour que cette dernière solution ne détruise pas la distinction du volontaire et de l'involontaire, il faudrait pouvoir expliquer comment je puis être la seule origine de certaines de mes actions, tout en étant soumis à toutes les déterminations causales de la nature.

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