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La naissance de la Science.

Publié le 12/11/2016

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LES BESOINS ; LES TECHNIQUES ; LA CURIOSITÉ INTELLECTUELLE

 

Plusieurs thèses se sont affrontées, au sujet des origines de la Science. Ce n’est point par vain désir de conciliation que nous les retiendrons toutes. L'erreur nous paraîtrait précisément de n’en conserver qu’une seule au détriment des autres.

 

Certains auteurs ont voulu voir dans la Religion l’origine première ; d’autres préfèrent mettre l’accent sur la Magie ; d’autres encore sur les Techniques. Enfin, quelques philosophes protestent que la Science a commencé seulement avec la curiosité intellectuelle désintéressée, avec la pensée « purifiée », s’éloignant de toute préoccupation bassement utilitaire ou superstitieuse (Sans discuter ce dernier point de vue, disons qu’il nous paraît subordonné à une définition un peu trop rigoureuse de la Science)...

 

1) La Religion.

 

Selon E. Durkheim, la religion est le plus primitif des faits sociaux. « Dans le principe, tout est religieux ». A. Comte, déjà, dans sa célèbre « loi des trois états », plaçait tout au début l’état « théologique », où l’esprit « se représente les phénomènes comme produits par l’action directe et continue d’agents surnaturels plus ou moins nombreux »... Pour Durkheim, les notions de genre, d’espèce, de force, de cause, seraient issues de représentations religieuses ; — de même que les divisions du temps et de l’espace.

 

A l’appui de sa thèse, nous pourrions citer, par exemple, les religions chaldéenne et babylonienne (adoration des astres) auxquelles on est redevable des premières observations astronomiques précises, de la division du cercle zodiacal en 12 fractions égales (360 degrés). Nous pourrions aussi mentionner les observations médicales assez remarquables réalisées (en Grèce) par les prêtres d’Asclépios...

 

2. — La Magie.

 

Définissons d’abord la magie : elle occupe une situation intermédiaire entre la religion, d’une part, et, d’autre part, les techniques (voire la connaissance scientifique). Elle consiste en l’utilisation de

« 48 PHILOSOPHIE DES SCIENCES secre ts, en l'utilisation de pratiques «mystérieuses » pour contraindre la nature à l'obéis sance ...

Il ne s'agit plus comme dans la religion, d'un appel à des volontés toutes puissantes, que l'on s'eff orce de se conci lier par des prières, des offrandes, des sacrifices.

Le magicien est un «initié », qui opère selon des rites non-religieux ...

L'al chimiste est, à cet égard, proche parent du mag icien.

L'un et l'autre (mais surtout le second), visant des résultats concrets, sont amenés à étudier - au moins empiriquement -les végétaux, les minéraux, etc ...

En Grèce, les magiciens sont appelés « phusikoï » (physiciens) parce que, précisément, ils se penchent sur les secrets de la nature (phusis).

Les spéculations aventureuses, mais surtout les expériences, bien que dép ourvues de méthode (ce que Claude Bernard appellera, en plai­ santant, "pêcher en eau trouble ») produisaient parfois, par hasard , de bons résultats, et l'on retenait la "recette "··· De même, d'autres spéculations, non moins irrationn elles, sur les propriétés magiques des nombres et des figures (encore très en honneur chez Pythagore et ses disciples), ou bien des observations destinées à satisfaire des superstitions astrologiques, -autant de matériaux qui ne furent pas inutiles, assez souvent, à ce qui devait être un jour la Science proprement dite ...

3· -L es Techniq ues.

Les techniques furent toujours, au début, plus ou moins mêlées à la magie.

Aujourd'hui encore, dans des peuplades à mentalité archaïque, on voit les indigènes préluder à des travaux, à des pêches, à des chasses, par des cérémonies ou rites, tantôt magiques, tantôt vaguement religieux.

Plus d'une survivance de ces superstitions se retrouvent, d'ailleurs, chez les civilisés ...

Malgré tout, les techniques ont une tend::.nce bien naturelle à vivre d'une vie indépendante, car elles répondent à des besoins , à des nécessités vitales.

Si certaines inventions, par exemple la « fabrication » du feu, se sont parfois incorporées à des religiorls (culte du feu, rites du feu joints au culte du Solei l, et décrits dans les hymnes védiques), ell es n'en naquirent pas moins tantôt du hasard, tantôt de l'ingéniosité, comme les armes et les outils ...

Ce ne sont ni la magie, ni la religion qui poussèrent les hommes à découvrir le levier, le croc, la massue, la hache, la meule, la lance et l'arc, l'usage du plan incliné, le rouleau et la roue, la rame, le gouvern ail, le four, la for ge, le soufflet, l'art du potier, etc ...

Il y a donc une grande part de vérité dans cette remarque , souvent citée, de Gustave BELOT : « La Science est née à la chasse, à la cuisine, à l'atelier, dans l'exercice libre et profane des activités techniques et intellectuelles déterminées par les besoins ( ...

) et faisant leur apprentissage au contact immédiat de la réalité » ...

Oui, la prati que des métiers fut une école précieuse.

Il ne faudrait toutefois pas pécher par anach,ronisme en prêtant aux hommes d'un lointain passé telles ou telles façons de penser qui seraient calquées trop étroitement. »

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