LA VERTU (cours de philosophie)

« LA VERTU 115 sont proprement animales et que ce n'est pas de ce côté qu'il faut chercher la perfection de l'homme.

Restent donc les tendances spiri­ tuelles que l'on peut rattacher au sentiment, à l'intelligence et à la volonté.

Où est la vertu essentielle ? Il.

LA VERTU ESSENTIELLE - A - Le cœur et la vertu.

On voit souvent la vertu dans les bonnes dispositions du cœur.

Le langage courant appelle précisément " humanité , cette qualité de l'homme qui le fait aimer ses semblables.

Et deux philosophies aussi opposées que la philosophie r:hrétienne et la philosophie positi­ viste placent toutes deux dans les qualités du cœur la vertu essentielle de l'homme.

" Aime et fais ce que tu veux "• disait saint A.ugustin; "l'Amour pour principe, l'Ordre pour base, le Progrès pour but ,, c'est la formule d'Auguste Comte.

- Mais il est évident que de bons sentiments ne suffisent pas et que l'intelligence doit éclairer le cœur : (( Le monde aurait été sauvé plus d'une fois, remarquait Léon Brunschvicg, si la qualité des âmes pouvait dispenser de la qualité des idées , (Cf.

le pavé de l'ours).

- B - L'intelligence et la vertu.

Aussi les intellectualistes ont-ils cherché la vertu essentielle du côté de l'intelligence.

La vertu est science, disait Socrate; nul ne peut faire le mal s'il connaît le yrai bien : " nul n'est méchant volontai­ rement "· De même Descartes disait " qu'il suffit de bien juger pour bien faire " et Pascal concluait : " Travaillons donc à bien penser, voilà le principe de la morale "· - Il est certain que la lucidité est une grande vertu et l'on dit bien de l'homme qui manque d'intelli­ gence qu'il est " bête ,, ce qui signifie qu'il ne réalise pas l'idéal humain.

:\lais la lucidité ne sutnl sans doute pas, car il faut faire le bien et non le connaître seulement, et surtout parce que la lucidité elle-mème, comme Descartes l'avait bien vu, est le fruit de la volonté; il n'y a pas d'intelligence sans courage.

- C - La volonté et la vertu.

C'est toujours par un effort de volonté, en effet, que l'homme est un homme (Cf.

Heqel: " L'homme ne se tient debout qu'autant qu'il veut »).

Xos affections se tournent spontanément en passions aveugles si la volonté n'intervient pour en faire des sentiments.

Nos opinions naturelles sont d'imagination ct il faut le secours de la volonté pour passer d'imagination à entendement.

Ce qui caractérise l'homme. »