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L'histoire (cours de philo - TL)

Publié le 21/03/2015

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histoire

Nous pensons tous savoir ce qu'est une histoire, l'histoire est en revanche équivoque puisqu'on parle aussi bien des «leçons de l'histoire� que d'une étudiante qui «étudie l'histoire� ; pourtant, et comme le remarque Heidegger, l'expression une histoire n'est pas moins ambiguë car «cet homme a une triste histoire� et «il m'est arrivé une sale histoire� ne signifient pas la même chose, puisque dans le premier cas «histoire� renvoie à la vie même d'un individu alors que dans le second il ne s'agit que d'une anecdote.

 

: pour l'historien, «L'Histoire n'existe pas ; il n'existe que des histoires� (Points, Seuil, 1979, p. 29).

 

L'histoire est donc soit une notion vague désignant ce qui se produit en général, et elle est alors sans intérêt particulier, soit un concept désignant la totalité de ce qui s'est produit à ce jour, et il n'est donc pas scientifique, mais métaphysique comme les concepts de vie ou de nature.

 

Mais le probl�me de ce genre de concepts, c'est qu'il ne saisit justement pas la singularité historique du phénom�ne, et son usage est de ce fait facilement anachronique comme le montre Moses I. Finley pour la notion d'esclavage ; l'institution de l'esclavage dans l'Antiquité, par exemple, n'avait pas le caract�re racial qu'elle aura à partir du XVIIIe si�cle en Amérique du Nord (Mythe, mémoire, histoire, Flammarion, 1981, p. 125-127).

 

L'historien est donc conduit à forger des concepts susceptibles de décrire l'essence singuli�re d'un phénom�ne propre à une époque donnée ; ces concepts, que Dilthey appelle des types, saisissent la régularité des traits essentiels d'une forme qui prend des visages empiriquement toujours changeant ; ce sont par exemple les concepts de baroque, de cité antique ou de capitalisme.

 

Ces catégories visent à penser le temps historique : ce sont celles d'événement, de période ou d'époque, mais aussi de moment, de processus, de trace.

 

Nous verrons plus loin la fécondité de cette premi�re analyse pour penser le temps historique en termes d'héritage, de tradition et de remémoration, qui sont des catégories de l'historicité.

 

Collingwood --- qui, comme histtorien et archéologue, fut considéré de son vivant comme le plus grand expert de la Bretagne romaine --- invite à distinguer trois dimensions intimement liées de cette philosophie.

 

D'une part, en tant que «méthodologie de l'histoire� ou épistémologie, la réflexion philosophique rencontre des probl�mes dont le nombre est indéfini, car ils émergent au cours du travail des historiens, ce qui signifie aussi qu'il n'est pas possible de la constituer en doctrine définitive ; ce sont des questions comme La biographie est-elle susceptible de constituer un mod�le pour la connaissance historique?

 

Enfin, et c'est là la derni�re des trois dimensions, les questions de type épistémologique obligent à faire usage de concepts touchant à des probl�mes qui appartiennent à toutes les dimensions de la philosophie : comprendre les actions humaines suppose de décider ce qui doit être accordé au déterminisme et à la liberté, écrire une histoire de l'art suppose de déterminer le degré d'autonomie de l'art par rapport aux autres sph�res de la culture, etc.

 

Mais comme le propre de la «construction� de l'historien par rapport à celle du physicien, c'est d'être en quête d'un sens qui ne saurait être saisi immédiatement, son travail doit être pensé en terme d'interprétation.

 

Autrement dit, la compréhension historique suppose la médiation d'un travail d'interprétation des traces laissées par le passé, analogue à celui qui caractérise la psychanalyse.

 

On comprendra alors la formule provocatrice de Péguy : «L'histoire se fait contre le document�.

 

L'idée d'une appropriation comme remémoration impliquant à la fois recueillement et transformation signifie que la vérité d'une philosophie est à venir, mais si nous en revenons donc à Hegel, cet à venir doit-il être pensé à l'intérieur d'un processus dialectique?

 

L'appropriation désigne d'abord le travail qui permet de réveiller le questionnement d'une philosophie, et ainsi de surmonter partiellement au moins son étrangeté initiale ; et ce réveil implique aussi bien la méditation de l'impensé de cette philosophie que la dissolution de ses interprétations traditionnelles ; car comme la «sédimentation traditionnelle� découvre et recouvre simultanément l'acc�s à la questiion initiale d'une philosophie, seule la critique de cette tradition lib�re des possibilités de penser encore inaperçues.

 

C'est ce double travail qui permet d'assumer la responsabilité du recueillement et de la transformation de l'héritage d'une tradition, c'est-à-dire de poursuivre le questionnement d'une philosophie.

 

Un exemple de la dimension créatrice d'une telle remémoration ou anamn�se est la relecture des Méditations de Descartes par Husserl, qui reconduit à «l'énigme de la subjectivité�.

 

Une telle compréhension de l'histoire de la philosophie a été développée en particulier par la phénoménologie de Husserl puis de Heidegger --- Husserl pensant l'unité de l'histoire comme une tâche éthique infinie, à savoir comme l'accomplissement d'une humanité rationnelle ---, et par Gadamer dans Vérité et Méthode (1960) ; on en trouve aussi la suggestion chez E. Bréhier --- qui est l'un des derniers au XXe si�cle à s'être risqué à écrire une Histoire de la philosophie.

 

Du point de vue de l'histoire de la philosophie telle qu'on l'a conçue jusqu'aux débuts du XXe si�cle, on remarquera qu'à l'encontre de l'affirmation hégélienne selon laquelle les philosophies du passé «n'offrent pas de réponses aux questions que nous leur posons [car] ils avaient d'autres besoins� (HPh, p. 167), les philosophies s'av�rent capables de donner à penser par delà leur époque, ce qui explique la possibilité du «renouveau� d'une philosophie.

 

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« Introduction ~~~~~~~~~~ Nous pensons tous savoir ce qu'est une histoire, l'histoire est en revanche équivoque puisqu'on parle aussi bien des « leçons de l'histoire » que d'une étudiante qui « étudie l'histoire » ; pourtant, et comme le remarque Heidegger, l'expression une histoire n'est pas moins ambiguë car « cet homme a une triste histoire » et « il m'est arrivé une sale histoire » ne signifient pas la même chose, puisque dans le premier cas « histoire » renvoie à la vie même d'un individu alors que dans le second il ne s'agit que d'une anecdote.

Quel intérêt cela présente-t-il pour la philosophie ? A quel titre devrait-elle s'intéresser à l'histoire, ou, dans les termes de Collingwood dont l'œuvre reste déterminante pour l'historiographie anglo­ saxonne de l'après-guerre, l'histoire appelle-t-elle plus une philosophie que les tasses de thé ou les chefs de gare effrontés ? On pourrait commencer par admettre que l'histoire est une discipline qui étudie ce qui se (ou s'est) produit dans le temps ; mais, de façon apparemment paradoxale, l'historien qui raconte des histoires ne rencontre précisément jamais l'histoire, comme le rappelle P.

Veynes dans Comment on écrit l'histoire ? : pour l'historien, « L'Histoire n'existe pas ; il n'existe que des histoires » (Points, Seuil, 1979, p.

29).

L'histoire est donc soit une notion vague désignant ce qui se produit en général, et elle est alors sans intérêt particulier, soit un concept désignant la totalité de ce qui s'est produit à ce jour, et il n'est donc pas scientifique, mais métaphysique comme les concepts de vie ou de nature.

L'histoire intéresse donc déjà la philosophie à un double titre, dans la mesure où l'idée d'un savoir de la totalité de l'histoire relève de la métaphysique et où l'élaboration d'un savoir historique par l'historien pose des problèmes d'ordre épistémolo­ gique.

Est-ce à dire que les expressions « Il m'est arrivé une drôle d'histoire » ou « avoir une histoire » ne disent rien qui mérite l'attention du philosophe? Ou ne disent-elles pas au contraire ce qui précède toute histo­ riographie et toute métaphysique de l'histoire au sens donné antérieurement à ce terme, à savoir la dimension historique, ou l'historicité, de l'existence même ? D'un autre côté, si l'on admet que l'histoire appelle une réflexion philosophique, celle-ci ne saurait se situer en dehors de l'histoire, c'est-à­ dire ne pas s'inscrire dans une histoire de la philosophie ; la question est alors de savoir comment penser le rapport de la philosophie à son histoire.. »

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