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L’INSTINCT (cours de philo)

Publié le 03/11/2016

Extrait du document

Le mot instinct  a plusieurs sens :

 

1 — Ou bien il signifie une tendance innée qui n’implique pas un acte absolument déterminé, automatique dans sa forme et son déroulement, et c’est dans ce sens qu’on dit : instinct d’expansion, de vie, de propriété, ou même instinct de conservation. Dans ce sens, instinct est un autre nom de tendance, qu’on lui préfère uniquement dans le cas où l’on veut désigner une tendance profonde, primitive.

 

2 — Ou bien il signifie — et c’est le sens strict — une activité indépendante de l’expérience individuelle, qui se déclenche et se déroule d’une manière automatique vers la réalisation d’un but intéressant l’espèce. C'est dans ce sens qu’on parle d’ instincts chez les insectes et les animaux, comme l’instinct des oiseaux (nidification), des poissons (migration des anguilles vers la mer des Sargasses), des insectes (comportement des abeilles, des fourmis) etc.

 

Nous verrons qu’il y a un troisième sens où « Instinct » signifie « intuition \".

Quels sont les caractères de l’instinct ?

 

On ne finit pas de s’émerveiller devant les descriptions ou les observations des comportements instinctifs ; les livres de zoologie et d’entomologie sont ainsi des collections d’actions qui nous paraissent extraordinaires d'ingéniosité, de finesse, d’adaptation. Fabre a popularisé les mille et une merveilles du monde des insectes

Dissertations traitées dans ce cours :

 

  1. Quels sont les caractères de l'instinct ?
  2. Peut-on opposer instinct et intelligence ?

abeille, le mâle vainqueur meurt après l’accouplement ; le roi termite est mis à mort après la fécondation de la reine etc.

 

3 — Automatique et par là inconscient et aveugle, c’est-à-dire ignorant toute adaptation en dehors des voies qu’il suit. Cet automatisme de l’instinct est bien visible dans ce qu’on pourrait appeler ses « rites ». Fabre notait que le bousier (petit scarabée qui vit de boulettes de bouse) roulait sa boulette à reculons avec ses pattes de derrière, s’arrêtait devant son trou, lâchait la boule, visitait le trou, revenait prendre la boule et la roulait dans le trou ; si l’entomologiste

 

malin génie — retire la boulette de quelques centimètres pendant la visite du trou, le bousier qui revient cherche sa boulette, court la reprendre, la ramène, mais s’arrête de nouveau devant le trou pour la visite et ainsi plusieurs fois de suite. Cet automatisme est aveugle en ceci qu’il recommence toujours identique à lui-même. C’est par là qu’on peut d’ailleurs faire fond sur. l'instinct pour le tromper. Les appeaux qui font venir les oiseaux, les pièges à souris, les cannes à pêche, les papiers tue-mouches, les miroirs aux alouettes, etc. sont autant de moyens qui supposent l’automaticité aveugle de l’instinct et son déclenchement mécanique par un signal qui peut être imité (leurres).

 

4 — inné, c’est-à-dire indépendant de tout apprentissage ; l’instinct de têter du nourrisson, de picorer chez les poussins élevés artificiellement, sont inscrits dans leur nature.

 

5 — Immédiatement parfait. La couvaison chez la poule est la même à la première et à la neuvième fois, le papillon à peine sorti du cocon se pose sur les fleurs et plonge sa trompe dans le nectar.

 

6 — Immuable, et ce caractère découle des trois précédents. Les instincts des abeilles que décrivent Homère ou Virgile sont les mêmes que ceux de nos abeilles et ils sont identiques d’un continent à l’autre.

 

_ II — La plupart de ces caractères ont été contestés.

 

Paul Marchai, Louis Verlaine, F.-S. Breed etc. ont parlé de la relative adaptabilité de l’instinct. On a montré la relativité:

 

1 — De la spécificité. Les variétés d’une même espèce ont souvent des instincts différents.

 

2 — De la finalité. Le sphex paralyseur ne pique pas toujours exactement dans les ganglions nerveux de la chenille et plante son dard au hasard. Il arrive que sa proie ne meure pas. Si l’on peut soutenir que les papillons qui se brûlent à la flamme ne sont pas devant des conditions naturelles, on ne peut cependant contester les aberrations de l’instinct comme l’abandon des petits.

 

3 — De l’automatisme et on a pu parler de « franges de conscience ». Ainsi, selon J. Chevalier (« L’habitude »), le scarabée

« et Maeterlinck celles de la ruche; quanllté d'autres aussi après eux, qui ont montré que les forêts, les océans, les airs étaient tout auss i pleins d'animaux aux instincts étranges e l admirables.

ll suffit d'avoir près de soi des animaux ou d'observer quelques insectes pour en être frappés : La lapine s ur le point de mettre bas , s'ar rache les poils du poitrail et c6nstruit une boule duvetée dans laq uelle elle mettra ses petits un par un ; la poule couveuse retourne ses œufs et les change d'orien­ tation pour que la couvaison soit égale, casse la coquille d'un coup de bec au moment de l'éclosion et n'é crase jamais ses poussins lorsqu'elle se dép lace parmi leur cohue piaillante ; des chauve -souris de l'Europe entière se r etrouvent dans les grottes de l'Atlas ma rocain pour J'accouplement; les tru.ltes en remontant les rivières se bandent comme des James d'acier pour sauter à contre-courant par les cascades; l'abeille magasinière dépose une goutte d'un venin stérilisant sur la surface de chaque rayon de miel avant de la fermer d'une capsu le de c ire ; les ouvrières préparent la fameuse bouilli e royale qui, de cer taines larv es, fera des reines ; cer taines espèces de fourmis traient des pucerons qu'elles ont emportés dans leurs galeries sou terraines etc.

etc.

Nous avons déjà vu que, dans le comportement instinctif, la tendance, le besoin, J'automatisme de l 'acte et le fonctionnement de l'organe faisaient bloc, dans une sorte d'embottement réciproque où chaque composante tient c01 ·substantiellement à toutes les autres (cf.

ci-dessus, page 35).

- I - En considérant le compo rtement instinctif objecti ­ vement, on lui reconnait clas sique ment six carac tères .

Il est en efTet: 1 - Spécifique , c'est -à - dire qu'il est commun aux individus d 'une m~me e .spèce.

Les nids des différentes espèces d'oiseaux sont diff érents, un trou de taupe n'est pas un trou de rat, etc.

2 - Orienté vers un but défini.

On peut se demander pourquoi l'insecte appelé œstre du cheval dépose ses œufs sur l'épaule des c hev aux .

On comprend lorsque l'on sait que la l arve doit se déve­ lopper dans l'estom ac du cheval et que le cheval en se léchant pour chasser l'œstre, en aval e les œurs.

Cette finalité dt l'instinct est le caractère le plus f rappant et c'est celui que le bon sens admire dans les exemples innombrables.

Le but peut être individuel (cas du chien qui enterre le sur­ plus de son repas), il est le plu s so u ven t au service de l'es pèce : l es exemples so nt nombreux d'insectes qui préparent soigneusem ent la vie de larves qu'ils ne verront jamais.

Ce bien de l'espèce est quel­ quefois co ntraire à la vie de l'individu : dans le vol nu pliai de la reine. »

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