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10. L'INTELLIGIBLE, OBJET PROPRE DE L'INTELLIGENCE [SOCRATE-SIMMIAS] — Socr. Affirmons-nous l'existence de quelque

Publié le 22/10/2012

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10. L'INTELLIGIBLE, OBJET PROPRE DE L'INTELLIGENCE [SOCRATE-SIMMIAS] — Socr. Affirmons-nous l'existence de quelque chose qui est juste en soi ou non ? — Sim. Nous l'affirmons, bien sûr. — Socr. Du beau et du bon en soi également ? — Sim. Et comment ! — Socr. Or as-tu jamais vu de tes yeux quelque réalité de cette sorte ? — Sim. Aucunement. — Socr. Mais alors c'est que tu les as appréhendées par une autre sensation que par celles que le corps rend possibles ? Or c'est de toutes que je veux parler : grandeur, santé, force, en un mot de l'essence de toutes choses, de ce qu'il se trouve que chacune est ; est-ce le corps qui permet de contempler ce qu'elles ont de plus vrai ? ne faut-il pas dire plutôt que c'est celui d'entre nous qui s'est préparé le plus à fond et le plus exactement à penser en lui-même tout objet de son examen qui en approchera le plus la connaissance ? — Sim. Absolument. — Socr. Qui donc atteindrait en cela le plus haut degré de pureté, sinon celui qui à chaque fois recourrait le plus possible à la seule pensée, sans conjoindre à son activité de pensée la vue non plus qu'aucune autre sensation, sans en laisser traîner aucune avec le raisonnement, celui qui, usant de la pensée pure en elle-même et par elle-même, se mettrait en chasse de chacun des êtres en sa pureté, en lui-même et par lui-même, après s'être débarrassé le plus possible de ses yeux, de ses oreilles et, pour ainsi dire, du corps tout entier parce qu'il trouble l'âme et que son commerce l'empêche d'acquérir vérité et sagesse ; n'est-ce pas lui, s'il en est un, qui atteindra l'être ? — Sim. Ce que tu dis est profondément vrai. Phédon, 65d-66a 11. IL N'EST DE SCIENCE QUE DES FORMES [SOCRATE-CÉRÈS] — S. En me mettant à t'exposer quelle espèce de cause faisait l'objet de mes préoccupations, voici que j'en reviens à ce que j'ai maintes fois ressassé et que j'en fais mon point de départ, en posant l'existence en soi du beau, du bien, du grand, etc. Examine si tu tombes d'accord avec moi sur les conséquences qui s'ensuivent. Il est évident pour moi que si, outre le beau en soi, il existe quelque chose d'autre qui soit belle, elle ne peut l'être que parce qu'elle « participe « de ce beau en soi, et j'en dis autant de tout. Donnes-tu ton accord à une telle cause ? — C. Oui. — S. Dans ces conditions, je ne comprends plus et je ne peux plus connaître les autres causes, celles qui sont savantes, et si on vient me dire que la cause de sa beauté c'est l'éclat de sa couleur ou sa forme ou autre chose du même genre, je me détourne de toutes ces causes, car elles me mettent le trouble dans l'esprit ; pour moi, je m'en tiens à celle-ci, toute simple, sans art, naïve, peut-être : ce qui fait que la chose est belle c'est une « présence «, ou une « communion « du beau en soi, comme on voudra dire, car ce n'est pas le point sur lequel je m'acharne pour le moment, mais sur le fait que c'est le beau en soi qui rend belles toutes les belles choses. C'est, me semble-t-il, la réponse la plus sûre sur je puisse me faire à moi-même et à autrui. En m'y tenant, j'ai dans l'idée que je ne me tromperais jamais et que la réponse infaillible à me faire, à moi et à quiconque, est celle-ci : c'est par le beau que les belles choses sont belles. Ne crois-tu pas ? — C. Je le crois. — S. C'est par la grandeur que les choses grandes sont grandes et plus grandes les plus grandes, c'est par la petitesse que les choses plus petites sont plus petites. — C. Oui. — S. Donc toi non plus tu n'accepterais pas qu'on vînt te dire que c'est « d'une tête « qu'un tel est plus grand que tel autre, lequel est à son tour plus petit « d'une tête « que le premier ; mais tu protesterais que, pour ta part, tu t'en tiens à ce langage : tout ce qui est plus grand ne saurait être plus grand, par rien d'autre que par une grandeur, ce qui fait qu'il est plus grand, c'est la grandeur ; ce qui est plus petit n'est plus petit par rien d'autre que par une petitesse, ce qui fait qu'il est plus petit, c'est la petitesse. Je pense que tu craindrais de voir se dresser l'objection, au cas où tu dirais que c'est « de la tête « que l'un est plus grand, l'autre plus petit : premièrement, c'est donc de la même chose que le plus grand est le plus grand et le plus petit plus petit ? deuxièmement, c'est de la tête, qui est petite, que le plus grand est plus grand ? n'est-ce pas prodigieux d'être plus grand par quelque chose de petit ? c'est bien ces objections que tu craindrais ? — C. Pour moi, oui, dit Cébès en riant. — S. Ou encore : que ce soit de 2 que 10 est plus que 8, que c'est 2 qui est la cause de l'excès, tu aurais peur de le dire, mais non pas que c'est par une quantité et à cause de la quantité ? et pour la longueur de deux coudées, de dire que c'est de la moitié qu'elle est plus grande qu'une coudée, mais non pas de dire que c'est par la grandeur, car dans les deux cas, l'objet de crainte est le même, n'est-ce pas ? — C. Tout à fait. — S. Autre exemple : 1 + 1, tu te garderais de dire, n'est-ce pas, que c'est l'addition qui est la cause de la production du 2, ou, s'il est divisé, que c'est la division qui est cause. Tu te récrierais que tu ne connais pas d'autre manière pour chaque chose de venir à être que de participer à l'essence propre de chaque être dont elle doit participer et que, dans le cas cité, tu ne vois d'autre cause à la production du 2 que la participation à la dyade ? et qu'il est nécessaire que participe à cette dyade ce qui doit devenir deux, et à la monade ce qui doit devenir un ? Quant à ces divisions et additions et autres subtilités de ce genre, tu leur donnerais congé, laissant ces réponses à plus savant que toi. Voilà comment tu répondrais, toi, qui crains jusqu'à ton ombre, comme on dit, et te défies de ton inexpérience, en t'en tenant à l'infaillibilité de ton
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« 210 PLATON PAR LUI-MÊME 11.

IL N'EST DE SCIENCE QUE DES FORMES [SOCRA TE-CÉBÈS] - S.

En me mettant à t'exposer quelle espèce de cause faisait l'objet de mes préoccupations, voici que j'en reviens à ce que j'ai maintes fois ressassé et que j'en fais mon point de départ, en posant l'existence en soi du beau, du bien, du grand, etc.

Examine si tu tombes d'accord avec moi sur les conséquences qui s'ensuivent.

Il est évident pour moi que si, outre le beau en soi, il existe quelque chose d'autre qui soit belle, elle ne peut l'être que parce qu'elle > de ce beau en soi, et j'en dis autant de tout.

Don­ nes-tu ton accord à une telle cause?- C.

Oui.- S.

Dans ces conditions, je ne comprends plus et je ne peux plus connaître les autres causes, celles qui sont savantes, et si on vient me dire que la cause de sa beauté c'est l'éclat de sa couleur ou sa forme ou autre chose du même genre, je me détourne de toutes ces causes, car elles me mettent le trouble dans l'esprit; pour moi, je m'en tiens à celle-ci, toute simple, sans art, naïve, peut-être : ce qui fait que la chose est belle c'est une>, ou une> du beau en soi, comme on voudra dire, car ce n'est pas le point sur lequel je m'acharne pour le moment, mais sur le fait que c'est le beau en soi qui rend belles toutes les belles choses.

C'est, me semble-t-il, la réponse la plus sûre sur je puisse me faire à moi-même et à autrui.

En m'y tenant, j'ai dans l'idée que je ne me tromperais jamais et que la réponse infaillible à me faire, à moi et à quiconque, est celle-ci : c'est par le beau que les belles choses sont belles.

Ne crois-tu pas?- C.

Je le crois.

- S.

C'est par la grandeur que les choses grandes sont grandes et plus grandes les plus grandes, c'est par la petitesse que les choses plus petites sont plus petites.

- C.

Oui.

- S.

Donc toi non plus tu n'accepterais pas qu'on vînt te dire que c'est. »

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