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Article de presse: La volonté de Hitler

Publié le 22/02/2012

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hitler
1er septembre 1939 -   La pensée de Hitler n'est jamais rationnelle, elle est parfois délirante, toujours verbeuse, souvent contradictoire naturellement, il se gardait bien de révéler publiquement ses intentions profondes. Il a pris un soin constant à se défendre d'avoir voulu la guerre et à accuser les démocraties de l'avoir attaqué. Mais ses confidences en privé, lorsqu'il est devenu chancelier, rejoignent singulièrement ses discours ou ses écrits lorsqu'il exposait son programme de chef de parti.    Comme des leitmotive reviennent constamment : l'éloge de la violence et de la guerre, le mythe de la supériorité raciale, la nécessité de l'espace vital, le rêve d'un " Grand Reich " pour mille ans, et la nécessité de réaliser ses objectifs quand il est en pleine possession de ses moyens.    Le point culminant est atteint lorsque, le 5 novembre 1937, décidé à passer à l'action, il révèle ses plans à ses généraux : " Il n'y a que la violence qui puisse apporter une solution au problème allemand... Le monde se renforce chaque année. C'est pendant que les autres se barricadent qu'il faut passer à l'offensive. " Cette même continuité, cette fixité des vues, se lit, également et surtout, dans le comportement de Hitler devenu maître de l'Allemagne : tout tend au même but : la mobilisation de toutes les forces pour la guerre, et la victoire.    C'est le cas du renforcement du front intérieur : l'opposition est bâillonnée, discréditée, internée la presse muselée et dirigée la population encadrée et enflammée par une propagande insidieuse et habile les adversaires extérieurs ridiculisés le juif dénoncé comme un bouc émissaire la jeunesse fanatisée les composantes du corps social disciplinées dans un climat d'hystérie collective, la nation allemande devra faire front derrière son Führer quand celui-ci déterrera la hache de guerre. C'est le cas de l'économie de guerre, instaurée dans le temps de paix par des expédients financiers à la limite de l'escroquerie, la diminution des importations, la recherche de l'autarcie par des accords de troc et la fabrication des ersatz, la constitution de stocks, la planification de la production, etc.    Il est vrai que, en septembre 1939, l'économie allemande n'est pas en état de supporter une guerre longue Hitler le sait, et il en prend cependant le risque, car il compte bien ne livrer que des guerres courtes, des " guerres éclairs ", contre des adversaires désunis, à chacun desquels l'Allemagne imposera sa supériorité momentanée. Tandis que les stratèges franco-anglais ne pensent qu'à la défensive, l'armée allemande a été réformée dans un esprit résolument offensif, avec le bélier irrésistible que constitueront les chars et les avions associés dans les divisions blindées. Au delà des décisions parfois contradictoires que lui a dictées l'opportunité apparaît la logique du plan qui a conduit à l'isolement de la Pologne : sécurité à l'ouest par la remilitarisation de la Rhénanie, la renonciation " solennelle " à l'Alsace-Lorraine, la " non-construction " d'une grande flotte de combat, la ligne Siegfried sécurité au sud par l'accord avec Mussolini, l'annexion de l'Autriche et le démantèlement de la Tchécoslovaquie sécurité à l'est par le pacte Ribbentrop-Molotov, en contradiction avec vingt ans d'antibolchevisme forcené. Il ne restait plus qu'à lancer quelques Panzerdivisionen dans la plaine polonaise pour parachever la tâche.    Bien sûr, les responsabilités sont partagées.    Responsabilité de Mussolini, qui a laissé annexer l'Autriche au Reich et qui, jusqu'au dernier moment, a promis son concours à Hitler. Responsabilité de Staline, qui n'a pas compris la véritable nature du nazisme, qui a facilité la montée au pouvoir des nazis par ses directives antisocialistes aux communistes allemands et qui, en donnant le feu vert à Hitler pour écraser la Pologne, a fait que la guerre a éclaté en 1939. Responsabilités des démocraties occidentales, pacifiques à tout prix, qui ont minimisé le péril hitlérien et qui n'ont pas su s'unir à temps contre lui, comme elles auraient pu le faire avec un succès très probable lors de la remilitarisation de la Rhénanie en mars 1936.    Mais la décision, c'est Hitler qui l'a prise, et lui seul : il l'a prise même après que Mussolini se fut dérobé, et en toute connaissance de la volonté déclarée de la France et de la Grande-Bretagne de soutenir la Pologne, leur alliée. Il n'existe pas de situation grosse d'une guerre fatale comme éclatant d'elle-même. Mais il existe des dirigeants de peuples qui estiment que la guerre est nécessaire à l'accomplissement de leurs desseins Hitler était de ceux-là. HENRI MICHEL Le Monde du 28 août 1979

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