Lamartine, sollicité de donner son avis sur la querelle romantique (1823) a écrit : « Classique pour l'expression, romantique dans la pensée, à mon avis c'est ce qu'il faut être » Comment entendez-vous cette phrase appliquée à Lamartine lui-même ?
Publié le 16/02/2011
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— Romantique dans la pensée : c'est-à-dire renouveler l'inspiration : développer d'après notre étude sur les « Méditations «. — Classique par l'expression : — Montrer que Lamartine a gardé bien souvent la forme classique : vieilleries de style (char de la nuit ou de la lune, les cieux sont de célestes plaines, etc.) ; images tirées de J.-B. Rousseau, d'Ossian etc. Pauvreté du vocabulaire. La seule hardiesse est dans la nouveauté rythmique. — Cependant Lamartine s'est heureusement dégagé de sa propre formule : sa forme libre, souple, sans artifice. Non plus le langage de l'intelligence mais une sorte de vibration musicale qui, dans sa fluidité, semble être l'expression presque pure de l'émotion. — Enfin, réserve qu'il faut bien faire, Lamartine s'écarte encore de l'expression classique par la négligence de la forme : impropriétés de termes, incorrections, banalités, surtout prolixité.
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- Racine écrit dans la Préface de Phèdre: "Je n'ose encore assurer que cette pièce soit la meilleure de mes tragédies. Je laisse et aux lecteurs et au temps à décider de son véritable prix." Plus que des formules conventionnelles de modestie, ne faut-il pas voir dans cette remarque un article essentiel du goût classique ?
- Dans les Méditations métaphysiques Descartes écrit : je pense donc je suis. De son côté Rousseau écrit dans Les Rêveries du Promeneur solitaire: je sens donc je suis. En vous appuyant sur chacune de ces affirmation, vous vous demanderez quel sens il faut donner à la conscience d'exister.