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Le sang de l'oi Giono

Publié le 10/02/2014

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GIONO 1946 NOUS et ANSELMIE 21 Octobre 18... B D Anselmie et Langlois, 20 Octobre 18... A C Les vieillards p 86 et le Chroniqueur vers 1905 19 1905 *p UN LABYRINTHE DE VOIX NARRATIVES P 239, Saucisse termine le récit qu'elle adresse depuis la p. 152 à un groupe de villageois qui l'interrogent après les faits, pour enfin savoir « de quoi il avait retourné dans tout ça « (150 ). Ce sont des « vieillards « q ui maintenant relatent l'épisode au chroniqueur « Voilà ce qu'ils me dirent, tantôt l'un, tantôt l'autre « (86). Le relais narratif est bien annoncé par l'astérisque à la p 239, et l'amorce « nous nous souvenions très bien, b igre, de cette époque « p 240. Le schéma c i- dessus figure l'effet spéculaire de la narration, le dispositif d'enchâssement de l'énonciation qui se dégage à l'analyse de l'extrait. I l met en place un dialogue dans un dialogue : les villageois (B) entendent Anselmie raconter la scène de la veille (A). Cela dit, ses villageois racontent les faits en 1905 (C) à un prétendu chroniqueur dont on sait bien qu'il a les allures du Giono écrivant en 1946 (D), fiction datée en dernière page. Intéressons- no us à l'enchâssement A/B : L'énonciation sur le plan B entraîne naturellement l'usage du plus que parfait « o n était quand même arrivés à savoir... « e tc. mais les villageois passent au présent de narration en cours de récit « o n lui dit un peu rudement... « ce qui brouille les plans temporels. L'énonciation sur le plan A est mimée par Anselmie, le lendemain ; son indigence en matière de langage est fidèlement reproduite par Giono : a insi, elle ne forme pas des énoncés au discours indirect avec subordination mais introduit par la formule réitérée à l'envi « j'y ai dit/ il m'a dit/ « le calque des répliques directes échangées la veille « O ui, j'ai des oies «. I l s'ensuit un brouillage des repères temporels et de l'origine des voix qui rend la matière insaississable. On est fondé à se demander ce qu ' Anselmie, idiote notoire, a bien pu retenir de l'échange avec le sombre capitaine. Enchâssement B/C Le chroniqueur est complètement effacé : d 'où son retour en scène pour l'excipit, du moins on le devine ; e n l'absence de 1ère personne affichée, on déduit la présence d'un lettré à l'allusion pascalienne ainsi qu'au style recherché des métaphores précédentes (« éclaboussement d'or « « t ête...prenait les dimensions de l'univers «), deux procédés qu'on ne peut attribuer à la parole des « vieillards «. Le chroniqueur se réserve donc le seuil stratégique de l'allégorie finale qui fournit clef et titre du roman, sans pour autant s'inscrire dans l'énonciation ni proposer une interprétation explicite. Intentions et effets de la complexité voire de l'opacité de ces dispositifs Le nombre d'énonciateurs (nous/on/elle/il/je) a brouillé la représentation de la scène - clef Langlois- Anselmie, entraînant l'épaississement du mystère de l'épisode , perdant sa s ignification dans l'écheveau des relais narratifs. Manière de dire, pour Giono, que le roman n'a pas pour office d'élucider les arcanes de la vie et de la mort : de refuser le « psychologisme « traditionnel, où le romancier (Balzac, Zola) détermine une interprétation selon un système d'explications psychologiques, sociologiques, politiques... Etude analytique du passage centré sur la tragi- comédie mystico- paysanne ( !) Si le mode burlesque affleure aisément, pour aborder le fond TRAGIQUE il faut rappeler quelques éléments de la tragédie grecque. Voici les points de rencontre entre ce modèle antique et notre passage : 1 La Voix collective : le Choryphée et le C hoeur de la tragédie interrogent les protagonistes et réclament des comptes pour l'édification du peuple. 2 Texte dramatique : d u dialogue et rien que du dialogue. Souvent des questions/réponses entre le Choryphée sur le parterre et les protagonistes sur la scène. 3 Convention : tout événement sanglant ou mortel est tenu à distance, a lieu hors scène ou en coulisses ; I l peut être rapporté par un personnage témoin des faits, dans un monologue narratif. Cette règle prévaut encore dans le théâtre classique français du 17 ème s iècle. 4 Stéréotypes : Langlois, c'est le Tragos, la victime expiatoire, le Roi déchu comme OEdipe souillé par sa faute. Anselmie,rappelle les témoins clefs de petite condition (mendiant, berger, aveugle, nourrice...) détenant une part de vérité mais impuissants à la faire éclater (dans son cas, faute de la comprendre et d'en mesurer la portée) I l faut é voquer le texte- source de cet épisode, Perceval de Chrétien de Troyes. Contemplation mystique du sang s ur la neige e mpruntée par Giono au cycle breton. Mais dépoétisation : Oie sauvage : o ie de ferme Faucon : Anselmie Chevalier plein d'espérance : vieux militaire sans illusions Et retournement symbolique : Révélation idéale de l'amour : adoration malsaine de la mort

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