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Le Secret De Plaire Ne Consiste Pas Toujours En L'Ajustement, Ni Même En La Régularité : Il Faut Du Piquant Et De L'Agréable Sil L'On Veut Toucher

Publié le 09/10/2010

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Le Classicisme, apparus dans la seconde moitié du XVIIème siècle, et s’opposant au mouvement du romantisme, est un courant qui, au niveau littéraire, adopte un style basé sur la raison, l’équilibre et le naturel. La Fontaine, dans sa préface des Contes en 1669, démontre son appartenance à ce courant, en y précisant cependant sa vision particulière et son propre but dans cette citation.

La citation est la suivante « Le secret de plaire ne consiste pas toujours en l’ajustement, ni même en la régularité : il faut du piquant et de l’agréable sil l’on veut toucher «

Ainsi nous nous demandons de quelle manière La Fontaine considère la littérature, et s’il en est de même pour tous les auteurs ? C’est à dire que nous nous interrogeons sur le but de l’écrivain, à quelle fin utilise-t-il sa plume et son art, et est-ce que chaque auteur, recherche la même chose.

Nous traiterons tout d’abord de la littérature selon La Fontaine, puis nous généraliserons aux autres auteurs.

 

Cette citation repose fondamentalement sur la signification différente de chaque terme, il ne faut donc pas prendre un mot, un sens, pour un autre. Ainsi serai-t-il opportun de poser une définition et un seul sens sur chaque mot, à savoir « plaire « « ajustement « « régularité « « piquant « « toucher «.

 

L’utilisation du mot « plaire « désigne un volonté d’être agréable au lecteur dans son écriture (celle-ci concerne tous les genres), et ainsi vient confirmer et raffermir la position de l’auteur qui prône une écriture « agréable « par la suite. L’« ajustement « a pour synonymes « accommodement «, « adaptation «, « conciliation «, ce qui explique que ce n’est pas parce que l’auteur exprime des idées que le lecteur approuve, ou parce que son écriture sied parfaitement au lecteur, que son œuvre paraîtra pour autant (aux yeux de ce même lecteur) plaisante. Le Guide du voyageur galactique(1979), de Adams Douglas a beau être surprenant et étranger aux idéaux du lecteur, ce livre est très plaisant. De la même manière à travers les Lettres Persanes(1721), Montesquieu critique les us et coutumes européennes, ce qui n’empêche pas le lecteur d’apprécier l’œuvre. « La régularité « concerne ici autant la forme, par exemple la régularité d’un sonnet en poésie, que le fond, si les faits narrés ne comportent aucune suite logique ou des rebondissements inopportuns (nous pourrions réciter l’œuvre de Douglas à ce titre). La Fontaine, à travers ces deux termes, s’éloigne et marque une volonté d’indépendance face aux règles classiques : il s’inscrit dans le Classicisme.

 

A partir de là, l’écrivain est libre de redéfinir à sa guise sa vision de l’écriture littéraire. Il réclame tout d’abords du « piquant «, synonyme de « intéressant «, signifiant « qui fait une impression morale comparable à une piqûre «, autrement dit qui éveille l'intérêt et la curiosité du lecteur. La revendication de « l’agréable «, précédemment évoqué, vient en accord avec le « secret du plaisir «. Cependant, l’utilisation du dernier terme, n’est pas anodine, car alors que La Fontaine définissait le « plaisir «, il évoque en dernier le « touchant «. Or ce qui « touche « attendrit. Il est question ici des sentiments même du lecteur, que l’écrivain souhaite atteindre, et d’attendrissement. On est donc bien loin de la volonté de simplement plaire, et en quelque sorte, nous sommes un cran au dessus. Ainsi, La Fontaine estime que le Classicisme tente de plaire en touchant, par opposition à la littérature classique qui, ne souhaitant que plaire, prend le risque de ne pas plaire. Par conséquent le « piquant « et « l’agréable « est une manière plus sûr de plaire, en touchant.

Par le biais de cette citation, dans la préface des Contes, La Fontaine expose sa vision de la littérature et donc son but : il souhaite toucher le lecteur grâce à ses contes poétiques. Cependant, ce que cette citation ne permet pas de constater, c’est que La Fontaine veut également instruire (on le remarque à travers les morales de ses fables). En effet dans le premier recueil, La Fontaine affirme sa conception destinée à allier l'instruction et l'agrément : "En ces sortes de feinte il faut instruire et plaire.".

 

Cependant, cette volonté de plaire et instruire qu’adopte La Fontaine n’est pas universelle à tous les auteurs. Chaque auteur adopte sa propre voie et sa propre vision, donc des buts qui divergent. Cependant, il faut garder à l’esprit que plaire reste souvent un but secondaire de l’écrivain.

 

Prenons pour commencer, l’exemple de Victor Hugo. L’auteur annonce dans Notre-Dame de Paris, je cite « Inspirons, s'il est possible, à la nation l'amour de l'architecture  nationale. C'est là, l'auteur le déclare, un des buts principaux  de ce livre ; c'est là un des buts principaux  de sa vie. « Victor Hugo le dit clairement, il ne souhaite pas plaire, ou du moins, ce n’est pas son but premier. Il souhaite partager avec son lecteur, quelque chose qu’il possède lui même « l’amour de l’architecture nationale «, ce qui ne rejoint pas directement l’idée de La Fontaine, d’instruire. Et dans cette même volonté, nous pourrions citer l’exemple de Corneille, dans L’illusion Comique, qui tente de transmettre au lecteur sa vision du Théâtre et d’un monde basé sur l’illusion de ce qui l’entoure.

 

Nous remarquerons aussi des auteurs, comme Zola, qui souhaitent donner au lecteur sa propre vision, critique, de l’Homme et du monde. Dans la série des Rougon-Macquart, et si nous voulions donner un exemple plus précis, dans La Curée, Zola offre une véritable critique sociale du Second Empire (Napoléon III), au travers des spéculations de Aristide Saccard à Paris. A ce même titre de critique de la société, nous relevons d’autres auteurs comme Honoré de Balzac, dans le Cousin Pons, où l’écrivain critique un type social, celui du Parasite, ou dans Le Père Goriot, où est faite la critique du jeune Eugène Rastignac, personnage androgyne cherchant une ascension sociale par la société féminine.

 

 Certains poètes adoptent la volonté de peindre, non pas les Hommes, mais plus particulièrement les paysages au milieux desquels ils progressent depuis leur enfance. Le tableau qu’ils en font est différent du tableau que Zola peut en faire, étant donné que ces poètes n’apportent pas directement une critique, et ont plus la volonté de plaire au lecteur. Ainsi procèdent Charles Baudelaire, dans Paysage, Paul Verlaine, dans Walcourt et Charleroi, ou Emile Verhaeren, dans Les Usines,

 

En conclusion, les écrivains, quels qu’ils soient, poursuivent un but précis qui n’appartient qu’à eux mais qui peut parfois être le même que d’autres. Le lecteur remarquera d’ailleurs, que les poètes et les auteurs de théâtre sont pourvus d’une volonté plus particulière de plaire que d’autres auteurs.

 

Comme nous l’avons vu, La Fontaine exprime dans cette citation son but dans l’écriture de ses œuvres, à savoir « plaire et instruire «. Puis nous avons dénoté que chaque auteur poursuivait un but qui lui est propre.

Cependant il semble y avoir un lien entre le but poursuivit, et le genre littéraire employé par l’auteur.

 

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