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Vérité, Science et Démonstration

Publié le 28/05/2011

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Introduction :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Depuis l’Egypte ancienne, on définit la vérité comme une caractéristique de la parole et non des choses.

Au 17ème, le philosophe Hobbes  rappelle de ce fait que vrai et faux sont des attributs de la parole et non des choses. S’il n’est point parole, il n’est ni vérité ni fausseté.  

On peut définir la vérité comme l’accord entre une affirmation et la réalité dont elle parle.

La réflexion sur la vérité est tributaire du langage, c’est parce qu’on parle que la question se pose. C’est parce qu’il est le seul être à parler et qu’il parle de plus en plus que l’Homme est confronté à la question de la vérité.

Plus les Hommes progressent, plus ils vivent dans les mots. Il est très importants de considérer l’Homme comme un être de langage (Lévi Strauss  : L’efficacité symbolique, Austin  : Le performatif).    

L’existence du performatif et de l’efficacité symbolique nous montre que nous sommes des êtres de langage. La possibilité qu’a le langage de dire le non-être nous interpelle.

L’Homme est conduit à se demander comment parler rigoureusement. À notre époque, la façon la plus rigoureuse de parler c’est la science. On a l’impression que tout ce que dit la science est vérifié, même si ce n’est pas exactement cela.

Fontenelle

 

 

 

 

dans son histoire de la dent d’or va conclure : « Je suis moins convaincu de l’incapacité des Hommes à trouver le vrai que de leur capacité à trouver le faux ».

 

 

 

A) un être raisonnable

 

 

 

On peut partir de la définition que Descartes  donne de la raison. Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée. Un tout petit peu plus loi, il explique que le bon sens est la même chose que la raison : c’est la capacité de connaitre.  

On voit l’idéal démocratique : tous les êtres humains ont une raison, mais on verra aussi que cette phrase peut être interprétée comme l’idée que la raison à un rapport avec la capacité de dialoguer et de se mettre à la place des autres.

Kant

 

 

 

 

, dans le paragraphe 40 de La Critique Du Jugement, parle de ce qu’il appelle le sens commun et il explique ce que s’est que bien penser. Il dit que pour bien penser, il faut 3 choses :

 

 

- « penser personnellement », souvent nous répétons ce que nous entendons dire

- c’est aussi « penser logiquement »

- « la pensée élargie » : c’est le fait, lorsqu’on pense quelque chose, de penser à ce qu’en penserai autrui. C’est l’idée qu’on ne peut penser une chose que si on est capable de l’expliquer à autrui de façon convaincante.

On voit donc qu’autrui est important du point de vu de la raison, et on a d’ailleurs dit que la raison a été né en Grèce, de la démocratie.

Il faut également méditer sur le fait que la raison est présentée par Descartes comme la capacité de connaitre. C’est une idée qui semble banale mais qui ne l’est pas.

La raison, c’est aussi une capacité en nous qui nous libère de la sensibilité (la sensibilité, c’est la capacité de recevoir des informations par le sens). La raison a permis à l’Homme de comprendre que les sens avaient quelque chose de trompeur, et que pour connaitre, il fallait prendre du recul à eux. Dans la 2ème Méditation, Descartes présente très clairement cette idée. Dans un passage de cette œuvre, il explique ce que s’est que percevoir un objet, et il montre que contrairement à ce que l’on pense, cette perception ne provient pas des sens. Il montre l’importance du raisonnement dans la perception de l’objet.

Il montre aussi que l’on croit percevoir le morceaux de cire par ses caractéristiques sensibles, mais il suffit de l’approcher près d’une source de chaleur pour voir que toutes ses caractéristiques changent, qu’on reconnait que c’est le même objet et que l’on peut en déduire que nous ne connaissons pas le monde par le sens mais par le raisonnement. Au-delà de cet exemple, les philosophes et les scientifiques ont très vite montré que les informations sensorielles ne sont pas l’image exacte de ce qui les provoque.

Quand on comprend cela, on est près à admettre que les informations sensorielles sont déterminées en très grande partie par les caractères très arbitraires de nos organes sensoriels. C’est la raison qui dit aux scientifiques de remplacer les sensations par des mesures scientifiques. Cette critique des sens, on la retrouve chez des philosophes, comme Alain  lorsqu’il parle de la perception de la profondeur, de la 3D. Il montre dans le même ordre d’idée que la perception ne provient pas de nos sens, elle est une construction. Il a raison, même si la stéréotomie joue un grand rôle.   

La raison, c’est quelque chose qui échappe à notre être empirique, et qui fait que nous pouvons nous abstraire de ce que nous sommes pour découvrir des choses valables pour tous êtres intelligents.

 

I - Science et vérité :

 

 

 

On a l’impression dans notre société que la science est vraie, et qu’en tout cas elle est la façon la plus rigoureuse de parler du réel.

 

A) l’Homme peut-il atteindre la vérité ?

 

 

 

Un courant philosophique né dans l’Antiquité, le scepticisme, dit que l’Homme n’est pas capable d’atteindre la vérité et que son seul progrès possible c’est de se libérer de la croyance en renonçant à toutes croyances.

Les sceptiques ont énuméré des arguments pour justifier le douté définitif. Par exemple, ils insistaient sur le désaccord des Hommes sur la vérité, en disant que si la vérité existait, tous les esprits seraient en accord sur elle. On peut mieux comprendre cela si on se rend compte que la philosophie elle-même a été victime de cette critique.

Un autre argument souvent évoqué par les sceptiques est celui du relativisme. La vérité n’est pas accessible parce-que toutes affirmations est relative à celui qui l’énonce.

Les sceptiques ont fait faire des progrès. Ils ont contribué à libérer l’Homme de la croyance, à tel point qu’à notre époque certains courants revendiquent encore l’héritage sceptique (zététique).

À notre époque, le scepticisme n’est pourtant pas plus défendable, du fait de l’existence de la science. Il a y eu des époques (par exemple au 19ème siècle) où la science existait déjà un peu et où la population n’hésitait pas à en douter.

Si on a parfois douter de la valeur de la science, on ne le fais plus de nos jours. On peut en avoir peur. Même si on n’est pas capable de comprendre, et donc de juger la physique, on est obliger de reconnaitre sa validité rendue visible et incontestable par les techniques qu’elle permet. Au passage, on peut qualifier cette argument en faveur de la science de pragmatisme.

Le pragmatisme, c’est l’idée que la réussite est le critère du vrai. Logiquement, la réussite n’est pas la preuve de la véracité d’une croyance mais on peut cependant considérer que la technique valide la science qui l’a formé.

 

B) science et observation

 

 

 

Le crédit de la science provient également du fait qu’elle semble partir de l’observation et de l’expérience. On va montrer que la science est plus active que cela.

Il y a un courant : l’Empirisme (18ème), qui dit que toute idée et toute connaissance provient de l’expérience.

Il y a une conception de la science qui s’inspire de l’empirisme, c’est la conception intuitiviste, c’est une conception qui dit que la science part de l’observation. Cette conception est fausse car il faut être conscient qu’une observation est un énoncé particulier alors qu’une véritable connaissance doit être une unité universelle.

La connaissance a pour but précisément de s’affranchir de l’observation. « Savoir pour prévoir afin de pouvoir ».

Les intuitivistes doivent expliquer comment on passe de l’observation à l’énoncé d’une loi. Ils évoquent « l’induction ». L’induction, c’est un type de raisonnement que l’on peut distinguer de la déduction. Déduire, c’est logique, c’est tirer toutes les conséquences d’une série d’informations, tandis que l’induction est un raisonnement par généralisation qui, en tant que telle, n’est pas logique.

De nombreux auteurs ont proposé de l’encadrer. Il ne faut généraliser (=induire) qu’après avoir varié les conditions d’observations.

On a fait remarquer qu’il ne fallait pas conclure lorsqu’un seul cas contredit la conclusion. De toute façon, l’induction est utiliser par les Hommes et par les scientifiques mais elle n’est pas logique et surtout elle nous donne une fausse image de la science trop passive. En fait, l’esprit scientifique est très actif et on peut montrer qu’il ne se contente pas de refléter l’observation. C’est le médecin Claude Bernard  qui a le premier analyser la démarche expérimentale pour montrer le côté actif (dans son livre Introduction A L’Etude De La Médecine Expérimentale).  

La démarche scientifique était active dans ces 3 phases : le problème, l’hypothèse et la vérification.

 

 

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C. Bernard montre que la connaissance et la science ne partent pas de l’observation mais de problèmes. Cette idée rejoint ce que disant Aristote lorsqu’il écrivait « la science commence par l’étonnement ». Il veut montrer que le sujet pensant est plus important que ce qu’on penserait spontanément. G. Bachelard parle de « faits polémiques » : faits en désaccord avec ce que l’on sait ou ce que l’on croit.   

L’exemple de la « découverte » de la vitesse de la lumière par Roemer  peut illustrer cela. La « découverte » de la lumière est plus une invention déduite d’une fausse croyance. La vitesse des images n’est ni observée, ni mesurée, elle est déduite de la croyance fausse selon laquelle il y a dans le ciel un ordre parfait, pas d’irrégularité, et de la connaissance des dimensions du système solaire. 

La 2ème phase, celle de l’invention de l’hypothèse, est toute aussi active. Dans cette phase, l’intelligence, l’imagination, les connaissances, sont fortement sollicitées, au point même que l’hypothèse imaginée choque souvent le bon sens. A ce stade, on n’est pas encore dans la science, ces explications inventées ne sont pas différentes de celles qu’ont parfois donné les philosophes de l’Antiquité.

Ce qui va faire la spécificité de la science, c’est le soucis de vérifier les hypothèses. Là encore, Bernard montre que l’esprit du scientifique est très actif puisqu’il doit imaginer des moyens de vérifier l’hypothèse.

La vérification a un rapport avec la logique du développement scientifique, à certaines époques, on ne peut pas vérifier certaines hypothèses. Bernard explique que, pour vérifier une hypothèse, il faut recourir au raisonnement hypothético-déductif. Ce raisonnement consiste à déduire de l’hypothèse une conséquence qu’on a pas encore observée, et vérifiée si elle existe.

 

C) connaissance et démonstration 

 

On peut se demander si la science est démontrée. On peut s’entendre sur le mot de démonstration. Il faut chercher la définition de la démonstration chez Aristote , qui est l’invention de la déduction logique. C’est le premier qui a étudié systématiquement l’art de raisonner. Il voulait étudier les règles de raisonnement direct. Il a recensé toutes les formes possibles du raisonnement, et pour découvrir les lois de la pensée correcte, il étudie toutes les formes possibles du syllogisme.  

La logique d’Aristote est certaine mais peu utile. Elle présente l’inconvénient d’être formulée dans le langage commun et donc de ne pas être en évidence qu’elle utilise la forme et non le contenu.

Aristote définit la démonstration comme « un syllogisme scientifique » : syllogisme dont le contenu est en accord avec la réalité. Cela peut nous permettre de montrer la différence entre prouver et démontrer, et de comprendre que la démonstration est la forme supérieure de l’idéal de connaissance.

Le constat, la preuve, relèvent d’une nécessité externe : on est obligé d’admettre ce que l’on voit, tandis que la démonstration relève de la nécessité interne : c’est notre esprit qui nous oblige à admettre quelque chose.

Notre esprit est d’avantage satisfait par les démonstrations que par les constats, du point que Spinoza a peu écrire : « Les yeux de l’âme par lesquelles elle voit et observe les choses sont les démonstrations ». Certains philosophes ont rêvé d’un savoir qui pourrait déduire de l’idée des choses l’idée de leur conséquence.

C’est le cas de Descartes qui voudrait que le savoir ressemble aux démonstrations des géomètres. A la même époque, Spinoza rédige L’Éthique de sa façon géométrique.

Descartes croit ainsi pouvoir démontrer l’existence de Dieu, en déduisant de l’idée de Dieu l’idée de son existence.

Certains logiciens, ou mathématiciens (Gädel ), semblent avoir démontré qu’il était impossible d’être totalement logique (exemple du coiffeur). 

En tout état de cause, les théories actuelles sur la science peuvent nous inciter à penser que la science ne relève pas complètement de la démonstration. Karl Popper  a forgé son idée de la science en réfléchissant sur la valeur logique du raisonnement hypothético-déductif. Il montre que ce raisonnement peut servir à prouver qu’une hypothèse est fausse mais pas qu’elle est vraie. Si ce qu’on a déduit de l’hypothèse ne marche pas, c’est qu’elle est fausse, si ça marche, c’est peut-être pour d’autres raisons (exemple : les charlatans). Popper en conclut qu’il faut changer le vocabulaire de la science et ne plus employer le verbe « vérifier » (prouver la vérité) mais plutôt le verbe « falsifier » (prouver la fausseté). 

Dans le vocabulaire de Popper, falsifier c’est prouver la fausseté d’une hypothèse. Or la science, d’après lui, se démarque de la croyance dans la mesure où elle ne s’intéresse qu’à des informations falsifiables, alors que les croyances sont vérificationnismes. Les croyances bâtissent toutes sortes de système pour empêcher la falsification.

Cela permet à Popper et ses disciples d’insister sur la démarcation entre science et croyance. Alors que la science tente de réfuter ces affirmations, les croyances accumulent les arguments.

Cette conception de la science est modeste car sa réflexion logique le conduit à rejeter l’idéologie du « c’est vrai parce-que c’est scientifiquement démontré ». Les explications scientifiques sont celles auxquelles ont doit croire car elles ont résister à la falsification, mais ne sont pas la vérité absolue.

 

 

 

 

 

 

 

Popper en tire même des conséquences politiques en faveur de la modération. Il explique qu’on a jamais une science suffisamment solide pour en tirer des conséquences politiques radicales. Il considère que la société ne peut être changée qu’en tâtonnant.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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