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volonté suprême; au contraire, une théologie physique (proprement physico-téléologique) peut

Publié le 22/10/2012

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physique
volonté suprême; au contraire, une théologie physique (proprement physico-téléologique) peut au moins servir de propédeutique à la théologie au sens propre, car par la considération des fins naturelles, dont elle fournit une riche matière, elle permet de concevoir l'idée d'un but final que la nature ne peut proposer; par suite, elle peut faire sentir le besoin d'une théologie déterminant de façon suffisante le concept de Dieu pour l'usage pratique le plus élevé de la raison, mais non la produire ni la fonder sur ses propres preuves d'une façon satisfaisante. (Critique du jugement, p. 273.) V. ANTHROPOLOGIE ET PHILOSOPHIE DE L'HISTOIRE Kant passe ordinairement pour un penseur abstrait. Mais au cours de sa longue carrière universitaire, il eut l'occasion de traiter d'autres sujets que ceux qu'il aborde dans les trois Critiques, et il le fit toujours avec un sens très aigu de l'observation concrète. Le texte suivant, tiré de l'Anthropologie, ouvrage contenant l'essentiel d'un cours que Kant professa pendant plus de vingt ans, en témoigne : 54. Émotion et passion. Dans l'émotion, l'esprit surpris par l'impression perd l'empire de soi-même (animi sui compos). Elle se déroule dans la précipitation : c'est-à-dire qu'elle croît rapidement jusqu'au degré de sentiment qui rend la réflexion impossible (elle est inconsidérée). — Une absence d'émotion, qui ne diminue pas la force mobile de l'action, est le propre du flegme, au sens favorable du terme : qualité qui permet à l'homme courageux de ne pas perdre, sous l'effet des émotions, le calme de sa réflexion. Ce que l'émotion de la colère ne fait pas dans sa précipitation, elle ne le fera jamais; elle a la mémoire courte. La passion de la haine au contraire prend son temps pour s'enraciner profondément et penser à l'adversaire. Un père, un maître d'école peuvent renoncer à punir, s'ils ont la patience d'entendre implorer leur pardon (et non pas présenter une justification). Quelqu'un rentre chez vous en colère, et veut dans la violence de son indignation vous injurier : contraignez-le poliment à s'asseoir; y parvenez-vous, son invective déjà sera plus douce; car lorsqu'on est commodément assis, on éprouve une détente qui n'est pas compatible avec les cris et les gestes de menace qu'on fait quand on est debout. La passion au contraire (en tant que disposition de l'esprit relevant de la faculté de désirer) se donne le temps et, aussi puissante qu'elle soit, elle réfléchit pour atteindre son but. L'émotion agit comme une eau qui rompt la digue; la passion comme un courant qui creuse toujours plus profondément son lit. L'émotion agit sur la santé comme une attaque d'apoplexie, la passion comme une phtisie ou une consomption. L'émotion est comme une ivresse qu'on dissipe en dormant, au prix d'une migraine le lendemain, la passion comme un poison avalé ou une infirmité contractée; elle a besoin d'un médecin qui soigne l'âme de l'intérieur ou de l'extérieur, qui sache pourtant prescrire le plus souvent, non pas une cure radicale, mais presque toujours des médicaments palliatifs. Mais où il y a beaucoup d'émotion, il y a en général peu de passion : ainsi chez les Français qui par leur vivacité sont inconstants en comparaison des Italiens et des Espagnols (et aussi des Indiens et des Chinois) dont la rancune couve leur vengeance, ou qui s'opiniâtrent dans leur amour jusqu'au délire. Les émotions sont loyales et sincères, les passions au contraire sournoises et dissimulées. Les Chinois reprochent aux Anglais d'être impétueux et bouillants « comme les Tartares «. Mais ceux-ci leur reprochent d'être des fourbes consommés (ou de sang-froid) et ils ne se laissent pas troubler par ce reproche adressé à leur passion. — L'émotion doit être envisagée comme une ivresse qui se dissipe en dormant; la passion est à considérer comme un délire couvant une représentation qui s'implante toujours plus profondément. Celui qui aime peut encore rester clairvoyant; mais celui qui est amoureux sera irréparablement aveugle aux défauts de l'objet aimé bien que d'ordinaire il recouvre la vue huit jours après le mariage. Celui que l'émotion atteint comme un raptus ressemble, aussi bénin que soit celui-ci, à un aliéné; du moment qu'il en conçoit bientôt du regret, ce n'est qu'un paroxysme qui reçoit le nom d'irréflexion. Certains souhaitent de pouvoir se mettre en colère et Socrate se demandait si cela n'avait pas parfois du bon. Il paraît contradictoire de maîtriser ses émotions au point de pouvoir se demander de sang-froid si on doit ou non se mettre en colère. — Personne ne souhaite en revanche éprouver une passion. Qui consentirait à recevoir des chaînes s'il peut être libre? (Anthropologie, p. 109-110.)
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« V.

ANTHROPOLOGIE ET PHILOSOPHIE DE L'HISTOIRE Kant passe ordinairement pour un penseur abstrait.

Mais au cours de sa longue carrière universitaire, il eut l'occasion de traiter d'autres sujets que ceux qu'il aborde dans les trois Critiques, et il le fit toujours avec un sens très aigu de l'observation concrète.

Le texte suivant, tiré de l'Anthropologie, ouvrage contenant l'essen­ tiel d'un cours que Kant professa pendant plus de vingt ans, en témoigne: 54.

Émotion et passion.

Dans l'émotion, l'esprit surpris par l'impression perd l'empire de soi-même (animi sui compos).

Elle se déroule dans la précipi­ tation : c'est-à-dire qu'elle croît rapidement jusqu'au degré de sentiment qui rend la réflexion impossible (elle est inconsidérée).

- Une absence d'émotion, qui ne diminue pas la force mobile de l'action, est le propre du flegme, au sens favorable du terme : qualité qui permet à 1 'homme courageux de ne pas perdre, sous l'effet des émotions, le calme de sa réflexion.

Ce que l'émotion de la colère ne fait pas dans sa précipitation, elle ne le fera jamais; elle a la mémoire courte.

La passion de la haine au contraire prend son temps pour s'enraciner profondément et penser à l'adversaire.

Un père, un maître d'école peuvent renoncer à punir, s'ils ont la patience d'entendre implorer leur pardon (et non pas présenter une justification).

Quelqu'un rentre chez vous en colère, et veut dans la violence de son indignation vous injurier :contraignez-le poliment à s'asseoir; y parvenez-vous, son invective déjà sera plus douce; car lorsqu'on est commo­ dément assis, on éprouve une détente qui n'est pas compatible avec les cris et les gestes de menace qu'on fait quand on est. »

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