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UNITE DE LA SCIENCE

Publié le 22/02/2012

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Source: http://www.peiresc.org/DINER/Lexique.pdf

 

La question de l'unité de la science se situe au carrefour de nombreuses problématiques dont celles de la définition même de la science et celle du réductionnisme ainsi qu'à la discussion sur l'un et le multiple. Cette unité est souvent envisagée comme la réduction possible à la physique (physicalisme) en tant que doctrine générale de la matière, des forces et de l'énergie. Formulés de façon générale bien des concepts de la physique ont en effet valeur universelle. L'unité de la science est souvent considérée comme le résultat de l'idéal de mathématisation qui s'y déploie. Au début du XVII° siècle Galilée proclamait que le Livre de la Nature avait été écrit par Dieu dans le langage des symboles mathématiques et des vérités géométriques, et que les lois de la nature s'exprimaient en terme d'un nombre limité de concepts comme l'étendue, la matière et le mouvement. Le mécanisme systématisé par Newton est devenu par la suite le cadre idéal pour l'unification de la philosophie naturelle. Le XIX siècle verra émerger l'énergie comme concept unificateur. Descartes et Leibniz voyaient dans les pouvoirs de la raison humaine les garanties d'une unification de la connaissance que Leibniz cherchait à formuler à travers la constitution d'un langage algébrique de symboles (characteristica universalis). L'encyclopédie de Diderot et d'Alembert avait pour fonction de révéler l'unité des savoirs humains. Il en est de même chez Kant qui ne peut envisager l'unité de la nature mais considère l'unité de la raison humaine, en particulier grâce aux concepts à priori dont elle est le siège. Il promeut l'idée d'une vision du monde ou d'une image du monde ( Weltanschaung, Weltbild). Cette tradition a influencé Planck et Mach qui se sont engagé dans un vif débat sur le caractère précis d'une image scientifique du monde unifiée, débat qui a culminé durant les deux premières décennies du XX°siècle avec l'oeuvre d'Einstein Pour Mach. qui adoptait un point de vue phénoménologique, l'unification de la connaissance provenait de l'analyse des idées en sensations élémentaires soumises au principe adaptatif d'économie de la pensée. Planck adoptait un point de vue réaliste qui considérait que la science s'approche graduellement de la réalité et adoptait comme point de vue fondamental les principes thermodynamiques d'énergie et d'entropie. L'unification est un idéal scientifique moteur de nombreuses entreprises du XX° siècle. C'est le cas pour les développements de la logique formelle et de l'axiomatisation par Frege, Hilbert et Russell. Il en est ainsi pour les tentatives d'unification de la relativité générale et de l'électromagnétisme. C'est l'idéal poursuivi par la théorie de l'information, la cybernétique, la théorie des catastrophes, la théorie générale des systèmes dynamiques, les théories de la complexité. Cet idéal est souvent battu en brèche par des considérations spécifiques à chaque domaine de la science. C'est ainsi pour la biologie moléculaire qui se trouve en opposition à la doctrine générale de l'auto-organisation pour l'apparition des formes. Les courants dominants de la philosophie affirment chacun à leur manière l'unité de la science. Les empiristes logiques, les membres du Cercle de Vienne en tête, adoptent la position de Mach d'une unité de la science sans métaphysique, fondée sur l'unité méthodologique de l'analyse logique du langage. Une unité sous la bannière de la logique, défendue en particulier par Carnap, qui prônait une construction logique du monde. En 1934 O. Neurath, mu plutôt par des considérations d'interdisciplinarité, lance en 1934 un mouvement pour l'unité de la science pour encourager la coopération internationale entre les savants et développer un projet d'Encyclopédie Internationale de l'Unité de la Science. De nombreuses activités s'articulèrent autour de ces projets. Par ailleurs de très nombreux penseurs et savants ont défendu l'unité de la science sous la bannière du matérialisme dialectique. Cependant de nouvelles tendances en philosophie des sciences comme celles de Kuhn ou de Feyerabend donnent une image plutôt pluraliste de la science, en défendant la notion d'incommensurabilité.

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