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EMMANUEL KANT : IDEE D'UNE HISTOIRE UNIVERSELLE AU POINT DE VUE COSMOPOLITIQUE (Résumé & Analyse)

Publié le 17/01/2022

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A la fin de sa vie, Emmanuel Kant rédige, sous la forme de neuf propositions, un court essai qui suggère que l'Histoire pourrait avoir un point final. Il s'agit, pour le philosophe, de ranimer l'idée d'une Histoire universelle qu'il n'aura plus le temps ni la force d'écrire. L'évolution de l'Humanité, telle que la relatent les historiens, obéit-elle à une rationalité, a-t-elle un sens, une direction et une signification ? Quelle unité discerner dans le chaos des événements ? Ne peut-on distinguer un mouvement d'unification politique de l'espèce humaine? Si les réponses paraissent évidemment difficiles à établir, les questions sont comme une nécessité de l'esprit humain pour penser l'histoire : Une tentative philosophique pour traiter l'histoire universelle en fonction du plan de la nature, qui vise à une unification politique totale dans l'espèce humaine, doit être envisagée, comme possible et même comme avantageuse pour ce dessein de la nature. » Kant rappelle ainsi que l'Histoire n'appartient pas qu'à l'historien. Le philosophe est sommé d'en dégager l'universalité (unus vertere : tourner dans une seule direction) comme naguère le théologien. Pour ce faire, Kant propose de substituer à la Providence de Bossuet, la Nature. Cette dernière se sert des passions humaines et des conflits qu'elles génèrent pour accomplir son dessein secret : « Le moyen dont se sert la nature pour mener à bien le développement de toutes ses dispositions est leur antagonisme au sein de la Société, pour autant que celui-ci est cependant en fin de compte la cause d'une ordonnance régulière de cette Société j'entends ici par antagonisme l'insociable sociabilité des hommes, c'est-à-dire leur inclination à entrer en société, inclination qui est cependant doublée d'une répulsion générale à le faire... »

« l'établissement progressif de constitutions démocratiques, seules aptes à équilibrer de manière efficace leslibertés et les devoirs, les passions et les remèdes aux passions (propositions 5, 6) ; - dans les rapports entre les États [politique internationale) : la logique purement réa¬liste des Etats(augmentation de la puissance de chacun au détriment de celle des autres) conduit paradoxalement àl'établissement progressif d'une législation internationale qui réglerait les conflits entre Etats en lieu et placedes guerres (propositions 7, 8). L'idée d'une ruse providentielle de la nature qui conduirait l'humanité, malgré elle, jusqu'à son plus haut degréde perfection n'est qu'une Idée, au sens kantien ; c'est-à-dire un outil pour rassembler et comprendre unensemble de faits disparates, mais non pour les expliquer réellement, empiriquement, au sens où l'historienprofessionnel explique les faits.

Kant ne prétend nullement connaître l'avenir.

Le sens de l'histoire est pour nousune exigence morale : afin de nous aider à agir en vue d'un progrès futur, il est de notre devoir de nousefforcer de croire que la vie n'est pas insensée.

Mais ce n'est en rien une certitude, ni même une probabilitéstatistique. L'INSOCIABLE SOCIABILITÉ L'un des moyens dont se sert la nature est Y insociable sociabilité.

D'une part, les hommes sont sociables, carleurs ambitions ne trouvent satisfaction que dans une société où chacun commande aux autres et tire profit decette coopération.

Mais, d'autre part, ils sont insociables : leur appétit de domination engendre une rivalitésouvent impitoyable.

Ils ne peuvent ni se passer les uns des autres [sociabilité), ni se supporter [insociabilité).C'est précisément le jeu de ces deux tendances opposées qui va contraindre les hommes à se cultiver et à sediscipliner.

Dans cette situation de concurrence, chacun doit, pour l'emporter sur les autres, surmonter sonpenchant naturel à la paresse, rivaliser d'astuce et d'ingéniosité, développer ses facultés.

Paradoxalement, laforce irrésistible des passions (asociales) fait de l'homme un être civilisé (et socialisé). LA PAIX UNIVERSELLE ET LA SOCIÉTÉ DES NATIONS La même logique devrait valoir pour les Etats.

En effet, de l'état de guerre généralisé entre les Etats, quatregrandes tendances se dessinent :1.

Le commerce devenant international, les hommes sont de moins en moins soumis aux règles particulières desEtats, de plus en plus sensibles aux normes internationales.

Ils réclament des libertés privées de plus en plusélargies.

C'est de l'intérêt des Etats, en vue de leur puissance économique, de satisfaire ces exigences.

Ainsiun espace s'ouvre à l'opinion publique, la seule capable de s'opposer à la logique de guerre. 2.

Pour leur puissance, les États doivent développer l'Instruction publique.

Ils ont un besoin vital despécialistes, de techniciens, de scientifiques...

Mais en développant l'éducation, les Etats développent enmême temps l'esprit critique, la capacité de désobéissance civile. 3.

Les guerres deviennent de plus en plus coûteuses et leurs issues sont de plus en plus incertaines.

Le bilancoût/profit devient de moins en moins favorable aux États. 4.

Enfin, l'enchaînement des nations les unes aux autres conduit à la mondialisation des conflits.

Kant prévoit lecaractère nécessairement mondial des guerres du futur.

Cette idée n'arrête pas l'escalade belliqueuse, mais larend plus risquée.Tous ces constats forment des indices laissant espérer la paix universelle ; ce ne sont pas des mécanismesnécessaires permettant de la prophétiser à coup sûr.Dans son traité « De la paix perpétuelle », Kant précise qu'un état de paix est assuré par une alliance, une librefédération d'États où ceux-ci, sans renoncer à leur indépendance, s'engagent à « conserver et à assurer laliberté » de tous les États.

Quant aux citoyens, le cosmopolitisme n'est pas l'état d'apatride, ni l'idéal stoïciend'une citoyenneté du monde.

Il caractérise une situation où « la communauté, s'étant de manière généralerépandue parmi les peuples de la terre, est arrivée à un point tel que l'atteinte au droit en un seul lieu de laterre est ressentie en tous.

» [Op.

cit., Flammarion, p.

96). »

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