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LE CLÉZIO: Le Procès-verbal (Fiche de lecture)

Publié le 19/11/2010

Extrait du document

lecture

Adam, tout seul, étendu sur le lit sous une stratification de courants d'air, n'attend plus rien. [...] En attendant le pire, l'histoire est terminée. Mais attendez. Vous verrez. Je (notez que je n'ai pas employé ce mot trop souvent) crois qu'on peut leur faire entière confiance. Ce serait vraiment singulier si, un de ces jours qui viennent, à propos d'Adam ou de quelqu'un d'autre d'entre lui, il n'y avait rien à dire.

Le Procès-verbal, roman (1963).

La Guerre, roman (1970).

Les Géants, roman (1973).

Mondo et autres histoires, nouvelles (1978).

Désert, roman ( I 980).

Le Chercheur d'or, roman (1985).

Voyage à Rodrigues, roman (1986).

Le Rêve mexicain, roman (1988).

Printemps et autres saisons, nouvelles (1989).

Onitsha, roman (1991).

Pawana, théâtre (1992).

Étoile errante, roman (1992).

Diego et Frida, essai (1993).

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« Le roman débute par le portrait du héros ; on ne sait s'il sort d'un asile ou s'il a déserté.

Il écrit à une jeune fille,Michèle.

Quelques éléments de son passé et de son caractère montrent qu'il était prédisposé à une rupture : sansamis, habitué à se taire depuis des années, content «d'attendre longtemps, sans bouger, fier de n'avoir plus grand-chose d'humain» Il s'absorbe dans la contemplation du soleil et se laisse glisser, dans une maison isolée, tout au longde jours vides, dans une «extase matérialiste», faisant naître des hallucinations qui font remonter en lui des peursancestrales et inconscientes.

La peur est présente dès le premier chapitre, née du regard d'Adam sur les choses.Son obsession est la recherche d'un refuge : «avoir envie de creuser des tanières, tout le temps, et de s'y fourrer, tout humilié, bien au secret, comme on faisaitquand on était gosse, entre deux pans crevés de vieille bâche.» Adam sort parfois de sa solitude, lors de promenades en ville ou à la plage.

Il s'absorbe dans la contemplation desautres, attentif à la moindre sensation.

Adam voit le monde mais ne peut plus lui donner un sens.

Il s'y efforce,pourtant, fasciné par les éléments premiers, l'eau, la terre, l'air, le feu.

Il veut pénétrer la matière en s'enfonçantdans un trou de rochers, «comme une graine, tout à fait comme une semence d'arbre».

Il passe ensuite au règneanimal, visitant le zoo et s'identifiant à la lionne.

Puis il descend la chaîne des espèces jusqu'à ce moment, «quand ilserait souterrain, replié, gélatineux, oui, le seul, le vrai, le ténébreux ver de vase».

Lorsqu'il traque le gros rat blanc quis'est introduit dans la maison, Adam est à la fois lui-même et le rat, victime et bourreau, saisi de «l'obligation detuer».

À la poursuite de Michèle, à travers la ville, il se retrouve parmi «quatre mille ou cinq mille adams, sanscontrefaçon possible, en circulation dans la ville».

C'est la solitude absolue.

Il atteint ainsi un point de dangerpsychologique : «C'était l'endroit, voisin de la vision totale, où il arrive qu'on ne puisse plus vivre, plus jamais vivre».Le comportement d'Adam Pollo fait bientôt scandale ; il est interné ; le récit s'oriente vers la régression d'Adam dansla chambre de l'hôpital psychiatrique qui l'enferme à la fin. Adam Pollo est moins un héros de roman que le sujet d'une expérience que l'auteur mène à travers lui, recherchant,grâce à son personnage et à son écriture, la fusion du monde réel et du monde imaginaire. UNE ÉCRITURE À L'ÉTAT BRUT Le Clézio rêve d'une «écriture à l'état brut», qui brise l'écran que les lieux communs interposent entre le monde etnous.

Pour mener à bien cette recherche et parvenir à décrire le réel, toutes les possibilités de l'écriture sontexploitées. Adam s'invente des vies imaginaires, se raconte des histoires, employant le mode conditionnel de l'imaginaireenfantin.

La narration peut éclater en une multitude de points de vue : des personnages inconnus vivent des scènesquotidiennes, dans une chambre, dans un café ou dans la rue, et n'ont de commun avec Adam que le faitd'appartenir au même moment de la durée.

L'auteur introduit dans le récit des fragments de notre monde : page d'unlivre lu par le héros, formulaire administratif, pages de journaux relatant un fait divers de noyade, lettre de la mèred'Adam.

Cet ensemble crée un effet de «collages» qui accentue le réalisme.

Des passages de lettres, des tentativesd'écriture dans un cahier jaune constituent l'ébauche du journal intime d'Adam, document dérisoire et incomplet àverser aussi au «procès-verbal».

Les ratures, les blancs s'installent également dans les pages, car la recherche del'écriture authentique est toujours menacée par le doute.

L'aphasie finale d'Adam installe le silence à la fin du roman. «Adam, tout seul, étendu sur le lit sous une stratification de courants d'air, n'attend plus rien.

[...] Enattendant le pire, l'histoire est terminée.

Mais attendez.

Vous verrez.

Je (notez que je n'ai pas employé ce mottrop souvent) crois qu'on peut leur faire entière confiance.

Ce serait vraiment singulier si, un de ces jours quiviennent, à propos d'Adam ou de quelqu'un d'autre d'entre lui, il n'y avait rien à dire.» L'auteur détruit tout à.

fait la crédibilité romanesque déjà bien mince de ce récit au profit d'un humour sombre qui,constatant l'échec de son personnage, nous annonce que la même quête se poursuivra dans les oeuvres ultérieures. Tous les personnages des romans de Le Clézio finissent dans la folie, l'échec et l'autodestruction.

Ce pessimisme, néde la révolte devant les excès de la société occidentale, s'atténue dans les dernières oeuvres de l'auteur.

Levoyage, qui était fuite, est devenu pour Le Clézio l'initiation à une nouvelle civilisation et l'a mené à la découverted'un équilibre et d'une certaine sagesse.. »

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