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LORENZACCIO de Musset

Publié le 23/01/2019

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LORENZACCIO, drame en 5 actes, en prose, de Musset, qui parut dans le second Spectacle dans un fauteuil (1834). L'ouvrage a un passé compliqué puisque G. Sand fut la première à traiter le sujet. On lui a indiqué cet épisode de l'histoire florentine qui peut lui rappeler ce qui vient de se passer en France, la révolution confisquée de 1830. Sand lit donc les chroniques de Varchi (un témoin de l'époque) et en dégage les six tableaux d'une conspiration en 1537. Elle communique à Musset ces scènes historiques dont il va s'inspirer pour écrire Lorenzaccio, probablement en deux étapes, avant et après le voyage à Venise. Musset fait plusieurs plans, développe le sujet et approfondit les personnages, surtout celui de Lorenzo. De nombreux souvenirs littéraires ont pu lui suggérer certaines scènes, certaines atmosphères : on cite généralement Hamlet de Shakespeare, Retz et Schiller (la Conjuration de Fiesque), Alfieri (la Conjuration des Pazzi). On tente de représenter la pièce sous le second Empire, mais la censure s'y oppose ; c'est en 1896 seulement que Sarah Bemhardt put incarner Lorenzaccio, avant les grandes mises en scène modernes, notamment celle de Jean Vilar avec Gérard Philipe.

 

À Florence, Alexandre de Médicis règne sans partage sur la ville, grâce aux Allemands qu'y a installés Charles Quint. Lorenzo, Lorenzaccio, est son âme damnée : ce « petit corps maigre », ce lâche ressemble à un « lendemain d'orgie ambulant » et il sert bien son maître, dans ses plaisirs comme dans ses manœuvres politiques. Face à eux, les Strozzi sont l'espoir de Florence et rassemblent l'opposition républicaine et les bannis. Mais Lorenzo s'est insinué auprès du duc dans le seul but de l'assassiner ; il escamote la cotte de mailles du duc, prépare le meurtre, se dévoile face à Philippe Strozzi dont on vient d'arrêter les fils et dont on empoisonnera la fille. Lorenzo tue le duc à la fin du quatrième acte, mais cet assassinat ne ramène pas la liberté : Côme de Médicis remplace Alexandre ; Lorenzo, dont la tête a été mise à prix, est assassiné à son tour.

 

La démonstration politique est claire : l'acte individuel ne résout rien, la vertu compte peu face à l'efficacité des puissances réelles comme l'Église ou les rois. Au fond, l'assassinat a échoué et Lorenzo l'avait bien prévu. Il a commis ce « meurtre inutile » par fidélité au jeune homme vertueux qu'il était, à celui qui a disparu sous le masque qu'il s'est choisi. Drame historique et politique, Lorenzaccio est aussi et surtout le drame d'un individu, d'une conscience : Lorenzo voulait donner un sens à sa vie, il en comprend finalement l'absurdité.

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