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Jean de La Bruyère

Publié le 17/01/2022

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(1645-1696) Le maître du portrait. Fils d'un fonctionnaire parisien, élevé chez les oratoriens, étudiant en droit à Orléans, reçu avocat en 1665, La Bruyère est anobli en 1673 par l'achat d'une charge de trésorier des finances de Caen. S'ennuyant en province, il s'engage comme précepteur chez le marquis de Soyecourt. En 1684, sur la recommandation de Bossuet, il est chargé d'enseigner l'histoire et la philosophie au jeune duc de Bourbon, petit-fils du Grand Condé. Son élève est peu brillant mais suffisamment reconnaissant pour le conserver à son service comme bibliothécaire, avec le titre de «gentilhomme de Monsieur le duc» et 1000 écus de traitement annuel.

« LA BRUYÈRE 1645-1696 1 EAN DE LA BRuYÈRE n'a écrit qu'un seul livre, mais immortd : les Ca,actbes (r688).

Ce recueil de réflexions, de notes et de portraits, où s'exprime une vision à la fois large et minutieuse de l'homme, se plaçait directement dans la suite des Maximes de La Rochefoucauld et des Pensées de Pascal, qui venaient de mettre en honneur les ouvrages morcelés.

La Bruyère avait, dès 1668, commencé de réunir les éléments des Caracteres.

Il menait alors, à Paris, une vie effacée, oisive, de sage et de lettré.

En 1684, alors qu'il s'apprêtait à se retirer en province, on le charge, sur la~ recommandation de Bossuet, d'enseigner l'histoire et la philosophie au duc de Bourbon, petit-fils de Condé.

Sa tâche terminée, il restera au service de M.

le Duc, avec mille écus d'appointements.

L'Hôtel de Condé, la Cour, les fêtes de Versailles et de Chan­ tilly : quel terrain d'observation pour un collectionneur de vérités morales! Tel un naturaliste qui, habitué aux flores modestes de nos régions, se trouverait soudain initié aux luxuriances de la forêt·vierge, ainsi, La Bruyère, en ce nouveau milieu, va non seulement retrouver en accusé et en agrandi, tout ce que, de la nature humaine, il sait déjà, mais encore y découvrir bien des variétés inconnues de bassesse, d'insolence et de futilité.

Auteurs, courtisans, partisans, financiers, ministres et seigneurs, tout cela défile sous son regard scrutateur et classifiant, qui n'a pas son pareil pour saisir, dans la diversité individuelle, les caractères typiques ou, comme disait Cuvier, dominateurs.

Dans ce riche spectacle qui lui est offert, La Bruyère tient aussi un rôle d'acteur, mais subal­ terne.

Il devra, bon gré mal gré, approuver les fantaisies de ses maîtres, subir le dédain, voire le persiflage des « grands », laisser en lui bafouer le mérite personnel, et se taire devant la sottise.

Heureuses vexations, fructueuses contraintes, qui nous vaudront tant de petites phrases malignes, où se trahit la satisfaction d'avoir le dernier mot devant l'avenir! Ce qui frappe avant tout, lorsqu'on lit La Bruyère, c'est l'extraordinaire liberté dela vision.

Tout ce qui l'entoure, il le considère d'un œil frais, neuf, dégagé de prévention, et comme étranger.

L'illogisme, le ridicule, les travers et excès de toutes sortes, il s'en étonne comme s'il ne faisait pas lui-même partie de ce monde mal fait.

On se demande par quel prodige ce Français du xvne siècle peut si bien apercevoir ses contemporains.

On dirait d'un homme venu d'ailleurs, tombé d'une planète plus harmonieuse et plus saine.

La Bruyère s'étonne de tout, comme s'éton- neront bientôt l'Usbek des Lettres persanes et les personnages des Contes de Voltaire.

· Parmi ces choses qui lui sont toujours nouvelles se trouve la disproportion « que le plus ou moins de pièces de monnaie met entre les hommes ».

Sans doute il ne pouvait, à son époque, contester la légitimité d'une certaine« inégalité des conditions », qu'il tenait conforme à la volonté de Dieu et nécessaire à l'équilibre social.

Mais il éprouve une « espèce de honte » à la vue de cer­ taines misères, il ne consent pas qu'on puisse « quelque part mourir de faim »; il dénonce l'audace de qui avale « en un seul morceau la nourriture de cent familles ».

Et voilà bien, de son temps, un accent peu commun.

En lui, la mauvaise conscience sociale commence à prendre conscience d'elle-même.

Si déjà les prédicateurs religieux rappelaient volontiers aux fidèles l'éminente dignité des pauvres, c'était au nom de la mystique chrétienne, et aussi dans l'intérêt spirituel du riche; Château de Mouchy.

Plwto Giraudon.. »

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