LES ORAISONS FUNEBRES DE BOSSUET

— Bossuet, qui voulait ne paraitre dans la chaire qu'en ministre de Jésus-Christ et n'y déployer qu'une éloquence toute chrétienne, redoutait le genre de l'oraison funèbre. Une des nécessités de ce genre est de faire l'éloge du personnage mort en évitant tout blâme que puissent trouver pénible ou odieux ses parents, ses amis rangés autour du catafalque. Or comment, sans offenser Dieu, louer les Grands dont l'ambition est un attribut naturel, dont la liberté de vie peut aller jusqu'à la licence et pour qui l'injustice est une tentation constante ? Il rend solide et ennoblit le discours d'apparat en lui donnant une valeur d'histoire, en replaçant ses héros dans le cadre des événements où ils ont joué un rôle et qui sont d'importance, puisqu'il s'agit de reines, de princes et de princesses, de ministres. Il purge l'éloge funèbre d'intentions purement flatteuses en concevant ses biographies comme de véritables « histoires d'âmes «. Il sanctifie le panégyrique en le faisant tourner à la leçon de morale chrétienne; il transforme ainsi l'oraison funèbre en véritable sermon.