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La conception du pouvoir dans la France du XVIIIe siècle

Publié le 17/06/2012

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À la campagne, où les progrès restent très lents, le "coq de village", à la fois propriétaire et fermier, s'enrichit, car il est détendeur d'un surplus de grain qu'il vend sur un marché en hausse. Au contraire, le petit paysan, une fois payés au seigneur et au roi les impôts, n'a qu'un mince profit et connaît certaines années (1747-1748) la disette. Si le journalier et l'artisan des villes voient leur salaire nominal s'élever pendant tout le siècle, il arrive aussi souvent que celui-ci ne soit pas en rapport avec la flambée des prix. Cette dernière est d'ailleurs en partie le fait des lourds impôts, d'où la fraude et le banditisme illustré par Louis Mandrin (1724-  1755).  Les Cahiers de 1789 sont pleins de doléances à l'égard de différents impôts : "Celui qui a le malheur d'être chargé de cette redevance [le champart] ne peut enlever sa récolte que le champarteur ne soit venu compter, après l'avoir averti 24h à l'avance; de là perte de récolte s'il survient un orage dans les 24h. Il faut encore que le cultivateur porte ce champart dans la grange indiquée, et cela avant qu'il puisse enlever ce qui lui reste". Ou encore : "ils sont si éloignés des moulins [seigneuriaux] qu'ils emploient 4 ou 5h, pour y porter leurs olives et leurs grains, autant pour retourner ; ils sont obligés de traverser 16 fois des rivières et des torrents dangereux. Plusieurs personnes s'y sont noyées, n'étant pas possible de construire des ponts."   

« Pour le sel, il existe six grandes divisions :- les pays de grande gabelle (supportant l'essentiel de la charge fiscale, ex : Bassin Parisien),- les pays de petites gabelles (prix plus bas car la demande est inférieure),- les pays de salines (Lorraine, Franche Comté),- les pays de quart bouillon dont le sel mêlé de sable est pris sur les plages de Normandie et obtenu par décantation (le quart du prix va au trésor royal), lespays exempts (commerce et prix libres : Bretagne, Poitou,...),- les pays rédimés (rachetés, le sel est bon marché). III.

Un mécontentement généralLa phase de prospérité amorcée vers 1730 continue durant cette dernière partie du règne.

Cette richesse se voit sur les marchés, où le grain récolté enabondance se vend bien auprès d'une population en nette augmentation.

Elle se lit dans le livre de comptes du marchand fabricant qui fait travailler activementle monde traditionnel de l'échoppe et de la boutique, mais commence aussi à s'intéresser au progrès technique et à la création des premières usines modernes.Plus encore, c'est sur les quais des ports atlantiques où la foule des portefaix, des marins, des brassiers ou des commis d'armateurs ou de négociants s'affaireque l'on peut juger de l'enrichissement de la France.

Mais cette prospérité est inégalement répartie. A) Les ambitions d'une bourgeoisie enrichieLa bourgeoisie cherche à imiter le mode de vie des nobles.

En achetant des charges d'officier ou de finances, les offices, elle s'élève au rang de la noblesse derang.

L'élite intellectuelle du tiers aspire à participer davantage à la politique, à l'administration et aux commandements militaires.

Une fraction d'entre elle semontre anticléricale et reproche au haut clergé ses accointances avec la haute noblesse.

La bourgeoisie forme une "classe matérielle et mentale" ; elle a atteintsa majorité économique, mais elle reste dans la cité française une mineure.

Elle en souffre et commence à contester l'ordre social établi.

Elle apprend d'ailleurs àle faire en côtoyant les nobles.

Il en est qui l'acceptent dans leur salon, la fréquentent dans les sociétés de pensée, et plus rarement dans les logesmaçonniques.

Mais jamais la noblesse n'oublie de faire sentir à la bourgeoisie la distance qui les sépare.

Porte-parole de la classe sociale tout entière, lesbourgeois "à talents" constituent en empruntant parfois à la pensée nobiliaire (la théorie de la séparation des pouvoirs de Montesquieu) une idéologie qui sapeles bases du régime.Barnave, orateur révolutionnaire, a bien vu que cet enrichissement de la bourgeoisie est une des causes profondes de la Révolution : "Dès que les arts[industries] et le commerce parviennent à pénétrer dans le peuple et créent un nouveau moyen de richesse au secours de la classe laborieuse, il se prépare nerévolution dans les lois politiques.

Une nouvelle distribution de la richesse produit une nouvelle distribution du pouvoir.

De même que la possession des terres aélevé l'aristocratie, la propriété industrielle élève le pouvoir du peuple" (Oeuvres, Barnave, éd.

Bérenger de la Drôme, t.

I) B) La réaction d'une noblesse appauvrieLa noblesse profite elle aussi moins que la bourgeoisie.

Des études récentes ont certes montré que certains de ses membres participent pendant tout le siècleaux entreprises des armateurs et des industriels, mais la fortune de l'ordre est en majeure partie constituée par des biens fonciers qui rapportent moins que lecommerce ou l' "industrie".

Il en résulte un appauvrissement relatif de la noblesse et la constitution d'une "plèbe nobiliaire".

Riches ou pauvres, les nobles ont encommun de s'accrocher à leurs privilèges, qui leur assurent de conserver dans un monde en mutation la prééminence sociale.

Par l'intermédiaire des noblesde robe – Montesquieu est l'un d'entre eux –, ils agiront contre toute tentative de réforme royale qui les mettrait au rang de la bourgeoisie.

Sous couvert dedéfendre la liberté de la nation tout entière, ils ne se battent que pour leurs privilèges, qu'ils appellent "libertés".L'un "a dû abandonner son château devenu inhabitable ; l loge dans une maison couverte de paille et ne jouit plus que d'une réserve de 6 à 7 chars de foi etd'un domaine de 2 paires de boeufs des plus médiocres".

Un autre écrit : "Non seulement nous n'avons pu fournir à l'éducation de nos enfants, mais même pasà leur entretien, ils sont tout nus" (Cité par P.

de Vaissière, Gentilshommes campagnards de l'ancienne France, Perrin éd.) C) Disettes et question paysannesÀ la campagne, où les progrès restent très lents, le "coq de village", à la fois propriétaire et fermier, s'enrichit, car il est détendeur d'un surplus de grain qu'ilvend sur un marché en hausse.

Au contraire, le petit paysan, une fois payés au seigneur et au roi les impôts, n'a qu'un mince profit et connaît certaines années(1747-1748) la disette.

Si le journalier et l'artisan des villes voient leur salaire nominal s'élever pendant tout le siècle, il arrive aussi souvent que celui-ci ne soitpas en rapport avec la flambée des prix.

Cette dernière est d'ailleurs en partie le fait des lourds impôts, d'où la fraude et le banditisme illustré par Louis Mandrin(1724-1755).Les Cahiers de 1789 sont pleins de doléances à l'égard de différents impôts : "Celui qui a le malheur d'être chargé de cette redevance [le champart] ne peutenlever sa récolte que le champarteur ne soit venu compter, après l'avoir averti 24h à l'avance; de là perte de récolte s'il survient un orage dans les 24h.

Il fautencore que le cultivateur porte ce champart dans la grange indiquée, et cela avant qu'il puisse enlever ce qui lui reste".

Ou encore : "ils sont si éloignés desmoulins [seigneuriaux] qu'ils emploient 4 ou 5h, pour y porter leurs olives et leurs grains, autant pour retourner ; ils sont obligés de traverser 16 fois desrivières et des torrents dangereux.

Plusieurs personnes s'y sont noyées, n'étant pas possible de construire des ponts." * * * ConclusionCe gouvernement "à la turque", où le pouvoir est "dilué" (H.

Méthivier), est attaqué par les élites, bourgeoise et nobiliaire.

Celles-ci jouent de leur clientèle pourternir l'image du souverain.

Louis le Bien-Aimé pour qui la France entière pria lorsque la maladie manqua le terrasser (1744) devient Louis le Mal-Aimé que lespublicistes brocardent.

En 1751, on trouve ainsi répandues dans les rues de Paris de petites cartes où il y a : "Rasez le roi et pendez la Pompadour".

Mais LouisXV n'est qu'un des principaux acteurs d'un drame dont il n'est pas le responsable et qui tient à la crise de la société.Mirabeau, en 1790, écrit : "Il n'est personne qui n'avoue aujourd'hui que la nation française a été préparée par le sentiment de ses maux et par les fautes deson gouvernement à la révolution qui vient de s'accomplir, bien plus que par le progrès général de ses lumières" (Correspondance entre le comte de Mirabeau etle comte de la Marck, éd.

de Bacourt, t.

II) BibliographieOuvrages générauxTAINE, Les origines de la France Contemporaine, t.

I, Hachette éd.SAGNAC, La formation de la Société française moderne, t.

II (1715-1788), Presses Univ., 1946SEE, La France économique et sociale au XVIIIe siècle, coll.

A.

Colin, 1925 Histoire économique de la France, t.

I, Colin, 1939 Etudes des institutions du XVIIIeMARION, Dictionnaire des institutions de la France aux XVIIe et XVIIIe siècles, A.

Picard, 1923On peut également se référer aux manuels d'histoire du droit français, en particulier ceuxd'ESMEIN, de PERROT et d'OLIVIER-MARTIN Aperçu de quelques localitésPETIT-DUTAILLIS, Les Communes françaises, coll.

Evolution de l'humanité, Albin Michel, 1947M.

DE VAISSIERE, Gentilshommes campagnards de l'ancienne France, Perrin, 1903. »

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