A quelle date placer le commencement du XVIIIe siècle ?
Publié le 16/02/2012
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Dans une de ses leçons, après avoir cité la note de Dangeau : « Le roi est mort ce matin à huit heures un quart « (1er septembre 1715), Villemain ajoute: « A partir de cette date, commence pour nous le xviiie siècle. «
Que voulait dire Villemain, en faisant commencer le XVIII6 siècle à la mort de Louis XIV ? — Quelle est votre opinion à ce sujet ?
«
EN ECONOMIE POLITIQUE.
Apres les ruines accumulees par les guerres de Louis XIV, on tente de
relever, au moyen des institutions de credit, la fortune publique gravement
compromise.
Les economistes proposent leurs systemes et voient se multiplier
leurs adherents jusque parmi les personnages de l'entourage royal.
EN LITTERATURE ET DANS LES ARTS.
De soumise an pouvoir, dont elle fut souvent, sous Louis XIV, la complai-
sante adulatrice, la litterature se fait, au xvirre siècle militante et parfois hos-
tile.
Le livre, le journal, le pamphlet volant, exercent desormais une influence
decisive sur la direction de l'opinion.
L'alteration des mceurs modifia profondement l'art et en prepara la deca-
dence.
On avait pu regretter, au xvne siècle, que l'inspiration mythologique
ait fait abandonner, par plusieurs artistes, les traditions des siecles de foi;
mais au xvire siècle, c'est le sensualisme paten qui envahit l'art et le met au
service des passions degradantes.
Remarquons que si ces divers courants d'idees sont encore peu sensibles
dans les masses populaires, durant la premiere moitie du xviir siecle, Pe lite
intellectuelle, les classes privilegiees sont, des 1721, pretes a accueillir les
Lettres Persanes.
II.
- Ces idees et ces theories ont existe sous Louis XIV;
rapports entre to mort du grand Roi et leur propagation.
Ces courants ne se sont pas subitenient trees a la mort de Louis XIV; plu-
sieurs avaient existe latents durant la derniere periode du regne.
Sans doute,
le xvir' siècle avait ete un arret dans la propagation des idees du xvi° :
it
avait combattu le mouvement paten en philosophie et le mouvement reforme
en religion; en politique et en litterature, it avait adopt& la regle et en avait
meme resserre les exigences; mais les courants primitifs de la Renaissance
ont subsiste a travers le xvii° siècle.
EN POLITIQUE.
La mort de Colbert (1683)marque le terme final des efforts seculaires de
la monarchie franeaise pour completer ses institutions.
La monarchie ab- solue exagere son propre principe, absorbe tous les pouvoirs (clerge, noblesse,
parlements), acheve de detruire les libertes publiques et municipales; l'ad- ministration se montre, dans les quinze dernieres annees, impuissante ou
incapable; les reclamations se produisent, mais timides et reprimees.
(Les
soupirs de la France esclave qui aspire apres la liberte, 1689; - Le
Detail
de la France, 1699; -La Dime royale de Vauban, 1701; - Le Factum de la
France de Boisguilbert, 1707; - le Memoire de Pelle lon, 1710.) A la mort de Louis XIV, se produit l'explosion de ces sentiments jusqu'alors
contenus : la noblesse vent avoir part aux affaires et imagine une ephemere
polysynodie 1, le Parlement pour jouer un role politique, casse le testament du feu roi; le peuple laisse Mater sa colere avec indecence, et les essais
de troubles se multiplient pendant la Regence.
La mort de Colbert marque aussi l'abandon de la politique coloniale suivie
depuis Henri IV : mais cet abandon, necessite depuis 1688par la continuite
des guerres continentales, devient au xvine siecle du dedain et aboutit aux
catastrophes de la guerre de Sept Ans.
EN RELIGION ET DANS LES McEURS PUBLIQUES.
Les libertine et les sceptiques, retenus par Louis XIV, ont plusieurs foil
donne, an xvrie siècle, de tristes preuves de leur audace et de leur corruption :
Bossuet, Bourdaloue et La Bruyere les ont publiquement denonces; l'affaire des poisons et certains Memoires ont montre .que la demoralisation des
hautes classes &tail profonde dans la derniere moitie du grand regne.
Tou-
1.
Gouvernement oh chaque ministre serait remplace par un conseil.
L'idee et le mot
sont de l'abbe de Saint-Pierre, l'auteur d'un Projet sur la Paix perpetuelle (1713).
(Dis-
cours sur la Polysynodie, 1718.)
EN ÉCONOMIE POLITIQUE.
Après les ruines accumulées par les guerres de Louis XIV, on tente de relever, au moyen des institutions de crédit, la fortune publique gravement
compromise. Les économistes proposent leurs systèmes et voient se multiplier leurs adhérents jusque parmi les personnages de l'entourage royal.
EN LITTÉRATURE ET DANS LES ARTS.
De soumise au pouvoir, dont elle fut souvent, sous Louis XIV, la complai
sante adulatrice, la littérature se fait, au XVIII6 siècle militante et parfois hos tile. Le livre, le journal, le pamphlet volant, exercent désormais une influence décisive sur la direction de l'opinion.
L'altération des mœurs modifia profondément Fart et en prépara la déca dence. On avait pu regretter, au xvne siècle, que l'inspiration mythologique ait fait abandonner, par plusieurs artistes, les traditions des siècles de foi; mais au xvnf siècle, c'est le sensualisme païen qui envahit l'art et le met au service des passions dégradantes.
Remarquons que si ces divers courants d'idées sont encore peu sensibles
dans les masses populaires, durant la première moitié du XVIII6 siècle, l'élite intellectuelle, les classes privilégiées sont, dès 1721, prêtes à accueillir les Lettres Persanes.
II.
— Ces idées et ces théories ont existé sous Louis XIV; rapports entre la mort du grand Roi et leur propagation.
£es courants ne se sont pas subitement créés à la mort de Louis XIV; plu sieurs avaient existé latents durant la dernière période du règne. Sans doute,
le xvne siècle avait été un arrêt dans la propagation des idées du xvi e : il avait combattu le mouvement païen en philosophie et le mouvement réformé en religion; en politique et en littérature, il avait adopté la règle et en avait même resserré les exigences; mais les courants primitifs de la Renaissance
ont subsisté à travers le xvn e siècle.
EN POLITIQUE.
La mort de Golbert (1683) marque le terme final des efforts séculaires de la monarchie française pour compléter ses institutions. La monarchie ab solue exagère son propre principe, absorbe tous les pouvoirs (clergé, noblesse, parlements), achève de détruire les libertés publiques et municipales; l'ad ministration se montre, dans les quinze dernières années, impuissante ou incapable; les réclamations se produisent, mais timides et réprimées.
(Les soupirs de la France esclave qui aspire après la liberté, 1689; — Le Détail de la France, 1699; — La Dîme royale de Vauban, 1701; — Le Factum de la France de Boisguilbert, 1707; — le Mémoire de Fénelon, 1710.) A la mort de Louis XIV, se produit l'explosion de ces sentiments jusqu'alors
contenus : la noblesse veut avoir part aux affaires et imagine une éphémère polysynodie le Parlement pour jouer un rôle politique, casse le testament du feu roi; le peuple laisse éclater sa colère avec indécence, et les essais
de troubles se multiplient pendant la Régence.
La mort de Colbert marque aussi l'abandon de la politique coloniale suivie
depuis Henri IV : mais cet abandon, nécessité depuis 1688 par la continuité des guerres continentales, devient au xvme siècle du dédain et aboutit aux catastrophes de la guerre de Sept Ans.
EN RELIGION ET DANS LES MŒURS PUBLIQUES.
Les libertins et les sceptiques, retenus par Louis XIV, ont plusieurs fois donné, au xvne siècle, de tristes preuves de leur audace et de leur corruption : Bossuet, Bourdaloue et La Bruyère les ont publiquement dénoncés; l'affaire
des poisons et certains Mémoires ont montré que la démoralisation des hautes classes était profonde dans la dernière moitié du grand règne.
Tou-
1.
Gouvernement où chaque ministre serait remplacé par un conseil. L'idée et le mot sont de l'abbé de Saint-Pierre, l'auteur d'un Projet sur la Paix perpétuelle (1713). (Dis cours sur la Polysynodie, 1718.).
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