Devoir de Philosophie

André Gide et sa critique de La Princesse de Clèves de Mme de La Fayette

Publié le 12/09/2011

Extrait du document

gide

Le roman de Mme de La Fayette raconte donc l’histoire d’une passion dont tous les aspects sont traités selon André Gide. Cependant si l’on y regarde de plus près, il y a dans la structure de l’œuvre quatre récits que nous appellerons récits enclavés. Ces récits paraissent anodins au lecteur. Néanmoins, ces histoires, racontées successivement par Mme de Chartres, par le Prince, par la reine dauphine puis par le vidame sont tous adressés explicitement ou non à la Princesse. Ces récits enclavés racontent des histoires de la Cour et c’est en cela qu’ils nous paraissent anodins mais ils sont là pour parfaire l’éducation de la Princesse.

gide

« Mme de La Fayette fait de son roman une véritable réflexion sur un sentiment difficile à appréhender, à décrire, àcomprendre.Le personnage de la Princesse en lui-même est un personnage difficile à cerner.

Elle est partagée jusqu’à sa décisionfinale entre la sensation, la passion et la raison.

Elle semble une femme vertueuse mais n’hésite pas à user du secretet du mensonge.

Lorsque sa mère lui dresse un portrait de Nemours comme un homme dangereux, la passion de laPrincesse grandit au lieu du contraire.

Elle se partage entre raison et passion et c’est cette contradiction, non pasla raison qui pousse la Princesse à avouer sa passion à son mari.

Ainsi, le personnage de la Princesse est enferméentre ses deux possibilités et la question qui demeure est de savoir quel sera son choix.Ainsi, si comme le suggère Gide, le roman présente une linéarité claire et un manque d’aspérité, on constate que lastructure dans laquelle s’incruste des récits enclavés au but éducatif, que le thème de la passion puissante etmystérieuse et le personnage lui-même de la Princesse ajoutent à la complexité du contenu du roman. Le personnage de la Princesse pose une certaine ambiguïté dans le roman mais ce n’est pas la seule.

Le romancomporte en effet une grande part d’ambiguïté.

La première que l’on peut relever est celle de la vérité et dumensonge.

L’exemple le plus flagrant est celui de la scène de l’aveu.

La Princesse avoue à son mari sa passion pourun autre, le Duc de Nemours et ce dernier, caché entend toute la conversation.

Mme de Clèves avoue donc sapassion mais ment en taisant le nom de son amant.

Cet aveu partiel va la conduire vers d’autres mensongesnotamment face à la reine dauphine devant laquelle la Princesse et le Duc de Nemours devront s’expliquer.

L’héroïneest donc coincée entre le mensonge et la vérité.A l’ambiguïté du mensonge et de la vérité, s’ajoute celle du rationnel et de l’irrationnel.

La Princesse essaye deraisonner, mais en fait, ces décisions contourne la raison et deviennent irrationnelle comme par exemple sa décisionfinale de se retirer plutôt que d’épouser le Duc de Nemours.

Cette décision nous parait effectivement irrationnellecar elle est veuve et ses arguments sont irrecevables : elle parle d’un amour total et s’y refuse.

Il y a bien ici unecontradiction entre la raison et l’irrationnel.

La Princesse devient héroïne du roman de manière incompréhensible.Nous avons vu que Gide reproche une certaine transparence au roman de Mme de La Fayette.

Cependant, il existeune ambiguïté entre cette transparence et des obstacles visibles dans le roman.

Il y a transparence dans le récitcar tous les secrets sont révélés mais les obstacles résident dans le dévoilement de ces secrets.

En effet, ledévoilement de ces secrets empêche la passion d’être vécue comme par exemple la révélation de l’aveu dontdoivent se justifier Nemours et la Princesse devant la reine dauphine.

Une nouvelle ambiguïté naît donc de latransparence des secrets face à l’obstacle du dévoilement des secrets.De cette ambiguïté se dégage une position ambiguë du narrateur.

En effet, c’est le narrateur qui joue de cesambiguïtés.

Mme de La Fayette dévoile la vérité par le biais de ses personnages mais les fait aussi tricher, elledévoile les secrets mais crée les obstacles.

Elle est omnisciente mais indifférente et pourtant intervient par desjugements, comme vu précédemment.

Le lecteur suit le narrateur et se retrouve donc lui aussi en position ambiguëface aux évènements.Ainsi, par ses ambiguïtés, le roman de Mme de La Fayette peut se concevoir comme simple par la vérité ou encorepar la transparence mais également comme complexe par les ambiguïtés qu’il révèle entre le mensonge et la vérité,la transparence et les obstacles ou encore la posture ambiguë du narrateur lui-même. En conclusion, nous pouvons dire que le jugement qu’André Gide porte sur La Princesse de Clèves peut être sujet àdiscussion.

Le roman peut se révéler simple lors d’un premier abord par sa structure et par sa narration mais enallant plus en avant on remarque une structure plus complexe construite en particulier sur des récits enclavés etune narration difficile sur le thème de la passion mis en parallèle avec la raison.

De plus, une réelle ambiguïtéromanesque est créée par la juxtaposition du mensonge et de la vérité, de la transparence et de l’obstacle et par laposition du narrateur.

L’écriture de Mme de La Fayette dévoile la complexité.

Il se situe entre classicisme etesthétique baroque.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles