Bérénice, Racine, 1671 - Dissertation: dans quelle mesure Bérénice peut être considérée, au regard des caractéristiques annoncées, comme une tragédie classique ?
Publié le 21/09/2018
                             
                        
Extrait du document
 
                                De plus, dans Bérénice, la politique n’est pas absente de l’intrigue. Celle-ci joue un rôle majeur dans la prise de décision de Titus, au point de peser très lourd dans la balance lorsque Titus est confronté à une remise en question de sa décision. C’est bien la politique et les lois de Rome qui, à travers la voix de Paulin, dictent sa conduite. En effet, le seul argument rationnel qui soit utilisé lors des débats entre Titus et Bérénice est bien le respect des lois et du peuple, car tous les arguments de persuasion faisant appel aux sentiments sont insensés. La possibilité de Titus d’épouser Bérénice se réduit alors à une impasse conduisant à sa chute, peut-être même à sa mort et le plaçant dans la catégorie des empereurs crapuleux comme Néron ou Caligula, et menant ainsi qu’à un ébranlement de l’empire romain. Le choix de Titus devient de ce fait un non-choix et la décision auparavant présentée comme un acte de courage apparaît alors comme la réponse à une obligation, à une nécessité politique étant à l’époque unanimement acceptée. Titus n’agit donc pas avec courage mais ne fait que suivre ce qui est dicté par les obligations politiques de l’époque.
Nous avons donc vu comment les personnages se surpassaient dans Bérénice, prenaient leurs responsabilités et invitaient les spectateurs à faire de même. Mais nous avons aussi vu comment Bérénice différait des autres tragédies, de part sa lenteur et son manque d’héroïsme mais surtout de part son manque d’enjeu et la prédictibilité de son dénouement. Ainsi, cette description ne s’applique pas totalement à Bérénice, car celle-ci est une exception parmi les tragédies, mais semble assez correcte pour les autres tragédies. Mais cette analyse d’André Bonnard s’applique-t-elle aux tragédies actuelles ?
 
                                «
                                                                                                                            Bérénice représente  bel et bien un obstacle pour le but de Titus : leur  amour réciproque est  une barrière
pour son devoir.
                                                            
                                                                                
                                                                     Titus prend  donc ses responsabilités d’empereur de Rome, et prend  conscience de sa
grandeur dans la société, face à  l’obstacle que représente  Bérénice, c’est  à  dire  les passions.
De plus,  les personnages faisant preuve d’un courage et d’un dépassement d’eux même, ils  invitent  les
spectateurs à  faire de même.
                                                            
                                                                                
                                                                    La catharsis est  une des caractéristiques des tragédies.
                                                            
                                                                                
                                                                    En effet, celles-ci sont
sensées purger le spectateur de ses passions,  et c’est  aussi ce que  Bérénice  cherche  à  faire  : à  travers une
pièce montrant pourtant  la souffrance des personnages,  ils  sont témoins  de la souffrance de Titus lorsqu’il
n’arrive pas  à  annoncer sa décision à  Bérénice.
                                                            
                                                                                
                                                                    Ils sont aussi témoins  de toute la vigueur dont Bérénice fait
preuve pour changer la décision de Titus.
                                                            
                                                                                
                                                                    Ainsi,  Bérénice  instruit les spectateurs en  leur  montrant
l’inefficacité et la souffrance que peuvent engendrer la non-acceptation d’une vérité.
                                                            
                                                                                
                                                                    Alors même que la
pièce se finit plutôt bien,  sans mort,  uniquement  avec  des adieux, très douloureux mais qui devaient
forcément  arriver.
                                                            
                                                                                
                                                                    Par son dénouement léger,  Bérénice  arrive à  persuader  les spectateurs d’obéir à  leur  sens
du devoir et leur  donne du courage pour mieux se dépasser.
                                                            
                                                                                
                                                                    De plus,  les spectateurs sont aussi invités à  se
détacher de leurs passions,  car ce sont elles qui sont responsables de toute la tristesse et souffrance dans la
pièce.
                                                            
                                                                                
                                                                    Ainsi, les spectateurs sont invités à  imiter les protagonistes dans leur  courage et à  ne  pas  accepter de
se faire dominer par ses passions.
Mais Bérénice  n’est pas  une tragédie comme les autres.
                                                            
                                                                                
                                                                    En effet, contrairement aux autres tragédies,
comme les tragédies cornéliennes,  Bérénice  est  une pièce qui donnent une grande  place aux passions et
laisse peu  de place aux haut -faits.
                                                            
                                                                                
                                                                    Le sujet  traité  est  celui de l’amour entre Bérénice et Titus et celui
d’Antiochus pour Bérénice.
                                                            
                                                                                
                                                                    Les grands actes héroïques n’apparaissent que dans les discours racontant le
passé de Titus et ses faits glorieux en  tant que général, mais au cours de la pièce, aucun  ne  fait un
quelconque acte héroïque.
                                                            
                                                                                
                                                                     Là où les autres tragédies possèdent une ou plusieurs figures de combattants, de
guerriers,  Bérénice  n’en présente qu’un, et qui n’est qu’un combattant  dans le passé.
                                                            
                                                                        
                                                                     De plus,  la pièce ne
comporte aucune mort,  qu’elle soit héroïque ou non, et se place donc en  opposition avec  toutes les autres
tragédies.
                                                            
                                                                                
                                                                    Ensuite, l’acte courageux de Bérénice va  à  l’encontre de toutes les tragédies  : elle choisit  de ne  pas
se suicider alors que nombre d’autres pièces exposent  le suicide comme étant l’acte de courage.
                                                            
                                                                                
                                                                    Enfin,
l’action de Bérénice est  extrêmement lente  et va  à  l’opposé des tragédies cornéliennes  en  mettant en  scène
l’annonce de Titus à  Bérénice pendant cinq actes.
                                                            
                                                                                
                                                                    En effet, celui-ci ayant déjà pris sa décision pendant l’acte
II (il laisse même supposer qu’il  l’avait déjà prise  avant), le reste de la pièce se réduit à  un problème de
transmission d’information à  Bérénice.
                                                            
                                                                                
                                                                    L’action de  Bérénice  et sa lenteur est  donc en  total contraste avec
une pièce comme  Phèdre , à  qui on  reproche une invraisemblance sur le plan de l’unité de temps et sur
l’unité d’action.
                                                            
                                                                                
                                                                     Bérénice  est  une pièce aux enjeux peu  important, et qui étale son action pourtant  très courte
temporellement  sur cinq actes.
                                                            
                                                                                
                                                                    C’est  donc une pièce qui se place en  contraste avec  les autres tragédies.
De plus,  dans  Bérénice , la politique  n’est pas  absente de l’intrigue.
                                                            
                                                                                
                                                                    Celle-ci joue un rôle majeur dans la
prise  de décision de Titus, au point de peser  très lourd  dans la balance  lorsque Titus est  confronté à  une
remise en  question  de sa décision.
                                                            
                                                                                
                                                                    C’est  bien la politique  et les lois de Rome qui,  à  travers la voix de Paulin,
dictent sa conduite.
                                                            
                                                                                
                                                                    En effet, le seul argument rationnel qui soit utilisé lors des débats entre Titus et
Bérénice est  bien le respect des lois et du peuple, car tous les arguments de persuasion faisant appel aux
sentiments  sont insensés.
                                                            
                                                                                
                                                                     La possibilité de Titus d’épouser Bérénice se réduit alors à  une impasse
conduisant à  sa chute, peut-être même à  sa mort et le plaçant  dans la catégorie des empereurs crapuleux
comme Néron ou Caligula, et menant ainsi qu’à un ébranlement de l’empire  romain.
                                                            
                                                                                
                                                                    Le choix de Titus
devient de ce fait un non-choix et la décision auparavant  présentée comme un acte de courage apparaît alors
comme la réponse  à  une obligation, à  une nécessité politique  étant à  l’époque unanimement acceptée.
                                                            
                                                                                
                                                                    Titus.
                                                                                                                    »
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- DISSERTATION SUR PHEDRE: Racine a donc respecté les trois grandes règles de la tragédie classique mais pouvons nous pour autant croire et se reconnaître en certains des personnages de la tragédie ? La tragédie apporte t-elle vraiment une vision différente au spectateur ?
- Explication linéaire n°9 Madame Bovary: Dans quelle mesure cette rencontre amoureuse, bien que classique, est-elle magnifiée par le regard du héros ?
- Bérénice (1671) de Jean Racine (1639-1699)
- Introduction Phèdre est une tragédie classique de Jean Racine parue en 1677 sous le nom de « Phèdre et Hyppolite ».
- BÉRÉNICE, tragédie de Racine
 
    
     
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                