Comment les mots et votre imagination changent-ils votre point de vue sur la peine de mort?
Publié le 09/12/2022
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Comment les mots et votre imagination changent-ils votre point de
vue sur la peine de mort?
Ya Jun (John) Feng-Jiang
141986
University of Edmonton, Concordia
Comparative politics,
Final Essay
Dr.
Adrien Guyot
03 December 2022
1
Comment les romans et la littérature participent-ils au débat sur le maintien ou l'abolition
de la peine de mort? Pour beaucoup de gens, les discussions en direct, les journaux ou les
analyses de recherche seraient plus convaincants ou plus intéressants à étudier qu'un roman ou
une histoire.
Cependant, qu'en est-il si une histoire peut vous faire changer d'avis, sur un sujet
aussi controversé que la peine de mort et les exécutions publiques? En effet, dans de nombreux
livres, comme les célèbres "Le Dernier Jour d'un condamné (1829)" ou "L'Étranger (1942)"
d'écrivains follement célèbres comme Victor Hugo et Albert Camus respectivement.
Dans cet
article, j'expliquerai comment les personnes célèbres, telles que mentionnées ci-dessus, peuvent
changer l'esprit d'un individu juste par les mots et l'imagination, les émotions, les images, les
sentiments et plus encore.
Histoire:
Pour commencer par un peu d'histoire, de nombreux pays dans le monde ont carrément
interdit les exécutions publiques et la peine de mort, mais qu'est-ce qui a provoqué cette
interdiction? Au Canada, les appels à l'abolition de la peine de mort remontent à près de 1867,
mais les choses ont commencé plus sérieusement au vingtième siècle.
Une longue série de
premiers ministres se sont ouvertement opposés à la peine de mort, et c'est en 2005 que la Cour
suprême du Canada a décidé de signer et de ratifier le deuxième protocole facultatif se rapportant
au Pacte international relatif aux droits civils et politiques, interdisant toute forme et tout type de
peine de mort au Canada.
Il n'existe par ailleurs aucun mécanisme de retrait de cette loi, ce qui
empêche tout retour de la peine de mort au Canada.
Depuis 1976, plus de 75 nations ont aboli la
peine de mort pour tous les crimes.
Bref histoire mis à part, comment les romans ont-ils
contribué à ce processus? Nous commencerons par un célèbre roman écrit par Victor Hugo
intitulé "Le Dernier Jour d'un condamné" (1829).
2
Victor Hugo:
Le Dernier Jour d'un condamné est un roman sur un criminel, ou peut-être pas, qui vit ses
dernières 24 heures avant son exécution publique en France.
C'est un roman qui décrit un combat
acharné contre la peine de mort.
L'auteur nous livre ici un roman suffocant, qui adopte une
approche subtile pour dénoncer la violation des droits de l'homme que constitue la peine de mort,
mais aussi pour proposer une nouvelle vision de la mort, de la justice et de l'être humain ;
qu'est-il capable de faire? Au lieu de parler de la violation évidente des droits de l'homme, de la
souffrance inutile et de la pratique barbare pour montrer comment punir un meurtrier par un
meurtre est un concept absurde et illogique, Victor Hugo préfère s'adresser au cœur, à l'âme et à
l'esprit du lecteur.
Tout au long du roman, nous rencontrerons de nombreux chapitres sur le
dernier jour d'un criminel, sur l'empathie, la compassion, la satire et la pitié (pathos).
Pour nous atteindre, et atteindre nos sentiments, il nous enferme, les lecteurs, dans les
pensées troubles et désespérées d'un condamné, mettant en place une situation cruelle de non
sortie (huis-clos), faite de souffrance et de vains espoirs.
Par-dessus tout, il y a la peur de la mort,
cette terreur et cet abîme qui va lentement dévorer le narrateur, cette fin inéluctable qui
s'approche, à la fois si vite et si lentement, et qui oblige cet homme à supporter cette douleur
morale qu'il dit être pire que toute blessure physique.
Cela donne au lecteur un sentiment d'effroi
qui le gagne peu à peu, car on ne nous dit jamais quel a été le crime, ni pourquoi il va être
exécuté, mais on nous dit au contraire que si nous étions à sa place, comment réagirions-nous, et
cela changerait-il notre perception de la peine de mort ? Après tout, nous parlons de la mort, une
faucheuse enveloppée de linceuls et d'ombres, qui va frapper à la porte du narrateur, à notre
3
porte, car nous ne faisons plus qu'un avec le prisonnier.
C'est une épreuve, un tourment, une
torture, et son attente est si effrayante que nous finissons par la désirer.
Dans quelques exemples,
il utilise des techniques pour susciter l'empathie et la pitié du lecteur : "Encore deux heures et
quarante-cinq minutes, et je serai guéri.
1” Guéri, dit le prisonnier, mais dans quel sens? Dans un
autre extrait, nous avons le narrateur qui parle de toutes les petites choses de notre vie, des
choses basiques comme l'odeur, la respiration, la palpitation, et qui rêve du passé et de la nature.
De plus, la foule était aussi brutale et barbare que possible, scandant la peine de mort, et
l'exécution, souhaitant voir un criminel être exécuté devant des milliers de personnes.
"Condamné à mort ! dit la foule ; et, tandis qu'on m'emmenait, tout ce peuple se rua sur mes pas
avec le fracas d'un édifice qui se démolit.
Moi, je marchais, ivre et stupéfait.
Une révolution
venait de se faire en moi.
Jusqu'à l'arrêt de mort, je m'étais senti respirer, palpiter, vivre dans le
même milieu que les autres hommes [...]2" Qu'est-ce qui rendait la foule si sanguinaire, prête à
voir quelqu'un de semblable à elle être assassiné publiquement ?
En plus des sentiments de ce qui fait vivre les humains, on pense aussi à l'avenir et à son
adorable fille de 3 ans.
L'auteur invoque également nos sentiments parentaux, en enlevant à
l'homme son dernier bonheur, qui est l'avenir de sa fille.
En effet, l'auteur utilise l'image d'un
père parfait avec sa fille, prenant soin de sa santé, de sa faim, et plus encore.
"Comment te
déshabitueras-tu, mon enfant, du Jour de l'An, des étrennes, des beaux joujoux, des bonbons et
des baisers? - Comment te déshabitueras-tu, malheureuse orpheline, de boire et de manger? 3"
Cela peut être extrêmement blessant pour certains lecteurs,....
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