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commentaire « Nuit de l'enfer » d'Arthur Rimbaud

Publié le 09/10/2011

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rimbaud

« Nuit de l’enfer « est un poème tiré du recueil Une saison en enfer d’Arthur Rimbaud. Il a été écrit durant une période douloureuse et exprime les souffrances du poète souvent proche de la folie. Ce recueil a été terminé après sa rupture avec Verlaine. D’abord intitulé « Fausse Conversion «, ce poème critique le christianisme et le poète semble regretter de ne pas être « païen «. C’est une véritable descente aux enfers psychologique, provoquée par le « poison «.

De quelle manière le poète critique t-il l’ordre religieux à travers ce poème totalement déconstruit ?

Dès le début, il accuse le christianisme d’être à l’origine de ses souffrances et le ridiculise. C’est cette religion même qui le conduit en enfer et il le montrera aux lecteurs à travers ce poème hallucinatoire et déconcertant.

rimbaud

« Il vit donc un véritable enfer.

On remarque des termes qui renvoient à sa douleur, notamment dans la premièrestrophe où l’on peut lire entre autres termes « les entrailles me brûlent.

La violence du venin tord mes membres, merend difforme, me terrasse ».

Cette souffrance paraît être insupportable et est renforcée par la gradation desverbes « tord », « rend difforme », « me terrasse » vu dans la phrase précédente.

On note à la suite la successionde trois verbes de souffrance à nouveau « Je meurs de soif, j’étouffe, je ne puis crier.

».

Le poète est torturé, etles déictiques de première personne du singulier sont nombreux dans ces deux phrases sous la forme des pronomspersonnels « me », « je » ainsi que le « j’ » et de l’adjectif possessif « mes », rappelant à chaque instant que cettesouffrance est vécue par le poète.

Le registre lyrique autobiographique est dominant.

Il se trouve bel et bien enenfer comme en témoigne « le feu » omniprésent, il « brûle ».

Il n’y a pas que des indices de sa situation, il ledéclare clairement « c’est l’enfer » et on compte huit occurrences du mot « enfer » au singulier et pluriel.

Il ne peutrien faire contre ce qui lui arrive, il ne peut « crier » et il a « un oreiller sur la bouche », et « l’horloge de la vie s’estarrêtée tout à l’heure » ainsi il est exclu du monde et de la réalité.

Il invite les lecteurs à suivre son parcours enenfer en les incluant grâce à la première personne du pluriel « nous sommes hors du monde ».

Outres les brûlures,une autre conséquence directe de sa situation est évoquée à deux reprises.

Il s’agit de « la soif » que provoque lachaleur, « le feu ».

Cette soif paraît insupportable au cours du poème, au début il « meur[t] de soif » puis ils’exclame « j’ai soif, si soif ! ».

En effet, le verbe mourir ainsi que la répétition du mot « soif » dans la phraseexclamative avec l’adverbe « si » témoignent du caractère insoutenable de cette torture. Tout porte à croire que le poète est en enfer mais on peut penser que ce n’est pas l’enfer après la mort dont ilparle.

En effet, le feu de l’enfer et la souffrance coïncident avec le présent du poète.

Les verbes sont au présent del’indicatif « je meurs », et coïncident donc avec l’énonciation.

Il utilise le prénom « Ferdinand » pour faire référenceà Satan, ce qui lui donne un côté plus humain.

Une phrase semble résumer sa vie sur terre « extase, cauchemar,sommeil dans un nid de flamme ».

L’expression contradictoire « nid de flamme » est révélatrice du mal être du poètesur terre car un nid évoque quelque chose de confortable, en est l’exemple l’expression un « nid douillet » pourdésigner une habitation où l’on se sent bien et qui est agréable.

En revanche, le nom commun « flamme » associé aunid indique que celui-ci est totalement invivable.

Ainsi malgré des conditions relativement agréables sur terre, lepoète souffre beaucoup.

Malgré une énumération de lieux agréables pour lui « mon château, ma Saxe, mon bois desaules » son locus amoenus ne change rien, il semble épuisé et las du monde : « suis-je las ! », « je meurs delassitude ».

D’autres indications temporelles permettent de corroborer cette hypothèse.

Dans la phrase où le poèteévoque l’innocence de l’enfance ainsi que la simplicité de certains éléments de la nature qui inspirent le calme et latranquillité, il utilise l’imparfait, temps qui correspond au passé et ici utilisé dans le cadre d’une description.

Puisd’un coup il passe de nouveau au présent de l’indicatif, avec des mots révélateurs « le diable est au clocher, àcette heure ».

Le présent ainsi que l’indication temporelle « à cette heure » indiquent que l’enfer qu’il vit coïncidebien avec son présent.

On peut alors émettre une hypothèse sur la première phrase du poème « j’ai avalé unefameuse gorgée de poison », qui semble être le déclencheur des douleurs.

« Le poison » pourrait être l’alcool,rappelons qu’Arthur Rimbaud avait des problèmes avec la boisson et qu’il a été hospitalisé de nombreuse fois à causede celle-ci.

L’adjectif « fameuse » pourrait alors être interprété d’une seule façon et serait un indice au lecteur surl’identité de ce poison.

En effet cet adjectif peut être compris de deux façons car il peut avoir un sens différentdans la phrase : il peut s’agir d’une grande « gorgée » ou d’une « gorgée » déjà connue, autrement dit le lecteurconnaissant déjà la vie du poète pourrait alors comprendre la nature du « poison ».

Alors cette immense soifressentie serait un effet du manque d’alcool, « ce baiser mille fois maudit ». Cet alcool qui serait nommé « poison » et « venin » expliquerait alors la forme de ce poème totalement déconstruit,très déconcertant pour le lecteur.

Phrases déclaratives, exclamatives et interrogatives paraissent s’enchaînerrapidement et les nombreuses virgules donnent un rythme saccadé au texte, comme si le poète débitait des phrasesà une folle allure, essoufflé, et parfois sans grande cohérence.

Il se condamne tout seul en ingurgitant ce « poison »et il en est bien conscient « un homme qui veut se mutiler est bien damné ».

Pris de folie, il affirme tout et soncontraire « il n’y a personne ici et il y a quelqu’un » et « je suis caché et je ne le suis pas », comme s’il avait demultiple personnalités.

Dans une sorte de dialogue avec lui-même, il se pose ses propres questions et y répond « unhomme qui veut se mutiler est bien damné, n’est-ce pas ? » « que sais-je ? ».

Il est lui-même conscient de sa folie« les hallucinations sont innombrables ».

Le poète va même jusqu’à rivaliser avec la connaissance de Dieu endéclarant « et dire que je tiens la vérité, que je vois la justice », « je suis mille fois le plus riche ». Il s’adresse à plusieurs personnes dans le poème.

Tout d’abord il s’adresse aux lecteurs grâce à l’impératif duverbe voir à la deuxième personne du pluriel « voyez ».

Il s’adresse aussi au démon « va, démon ».

Mais plusieurspassages sont très énigmatiques et déstabilisent le lecteur.

Notamment la strophe commençant par « Tais-toi, maistais-toi ! » où le lecteur peut se demander à qui fait référence cette deuxième personne du singulier.

Ici discoursdirect et commentaires se succèdent sans qu’il y ait vraiment de limite visible qui délimiterait les deux types dediscours.

En effet, on peut observer des tirets, présence matérielle du discours direct, mais il n’y a pas de retour àla ligne, et comme les personnes qui parlent ou de qui l’on parle ne sont pas nommées clairement, le lecteur est. »

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