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CRITIQUE DE LA DESCRIPTION

Publié le 29/03/2015

Extrait du document

Par le style, la description peut se faire littérature, voire poème et Breton, sans doute, le savait, lui qui vouait une admiration des plus grandes au romancier Joris-Karl Huys­mans (1848-1907) dont l'oeuvre, des sordides chambres que dépeignaient ses romans naturalistes (En ménage) jusqu'aux somptueuses cathédrales de la conversion (La Cathédrale) et à l'invraisemblable demeure de Des Esseintes (A Rebours), compte en son sein certaines des plus impeccables descrip­tions de la littérature française.

 

Nécessaire souvent au genre romanesque, dotée quelquefois d'une beauté propre par la rigueur d'un style, la description, de plus, s'est vu reconnaître un rôle central dans certains des textes de ce que l'on nomme le «nouveau roman«. Chez Robbe-Grillet surtout, mais également chez Michel Butor ou Claude Simon, on assiste en effet à une véritable hyper­trophie de la description en laquelle le texte semble souvent se résorber, voire disparaître.

« 164 I Le travail du romancier .

@l C'est, poursuit André Breton, dans les descriptions que se marque de la manière la plus irréfutable la nullité du roman : «Et les descriptions! Rien n'est comparable au néant de celles-ci; ce n'est que superpositions d'images de cata­ logue, l'auteur en prend de plus en plus à son aise, il sai­ sit l'occasion de me glisser ses cartes postales, il cherche à me faire tomber d'accord avec lui sur des lieux com­ muns( ...

]» ....

La condamnation de la description est, on le voit, sans appel.

Comment Breton la justifie-t-il? D'abord par un exemple, emprunté à un ouvrage pourtant des plus prestigieux, Crime et Châtiment.

Breton en fait figurer un assez large passage dans son propre texte, comme si la description de la chambre de son héros par Dostoïevski était d'une médiocrité si accablante qu'elle suffisait à confirmer la condamnation d'ensemble portée par Breton: «La petite pièce dans laquelle le jeune homme fut intro­ duit était tapissée de papier jaune : il y avait des géra­ niums et des rideaux de mousseline aux fenêtres; le soleil couchant jetait sur tout cela une lumière crue ...

La chambre ne renfermait rien de particulier.

Les meubles, en bois jaune, étaient tous très vieux.

Un divan avec un grand dossier renversé, une table de forme ovale vis-à­ vis du divan, une toilette et une glace adossées au tru­ meau, des chaises le long des murs, deux ou trois gravures sans valeur qui représentaient des demoiselles allemandes avec des oiseaux dans les mains -voilà à quoi se réduisait l'ameublement.» Les spécialistes du surréalisme ont relevé le caractère tron­ qué de la citation que nous propose André Breton.

Les points de suspension trahissent clairement le redécoupage auquel il s'est livré en supprimant une partie du texte.

Or l'omission en question est des plus intéressantes et permet déjà de nuancer fortement les critiques qui sont adressées à la technique de la description.

La phrase manquante est en effet la suivante : «"Ce jour-là, le soleil l'illuminera aussi sans doute de la. »

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