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"Éviter la psychologie, ou plutôt lui donner une dimension métaphysique, le théâtre est dans l'exagération extrême des sentiments, exagération qui disloque la plate réalité quotidienne" Ionesco - Notes et contre notes.

Publié le 22/02/2012

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Artaud affirme que « nous ne sommes pas libres. Et le ciel peut encore nous tomber sur la tête. Et le théâtre est fait pour nous apprendre tout cela. » Le théâtre est donc, selon le dramaturge, un instrument de prise de conscience, et surtout un moyen de faire se poser au spectateur des questions d'ordre existentielle " ici : la liberté, le déterminisme, la mort... Cette vision semble aller à l'encontre de toute une frange théâtrale, allant du classicisme " même si c'est un peu plus le cas pour la comédie que pour la tragédie " au drame bourgeois, de Molière à Beaumarchais. Celle-ci, mettant en scène des personnages fortement psychologisés, se concentre sur la reproduction marquée de caractères, mimesis, et s'applique de ce fait à évacuer toute dimension métaphysique.
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« aussi noter Dumas fils avec La Dame aux camélias adaptée au Vaudeville. Toute cette frange du théâtre semble parfaitement en accord avec la pensée de Goethe qui dit « Où trouve-t-onmeilleur abri contre l'ennui qu'au théâtre ? ». On peut encore noter que c'est par sa nature même de personnage de théâtre que ce dernier est soumis à unevision psychologique.

En effet, il est représenté par un acteur qui, en tant qu'être humain et donc porteur de sapropre psychologie va psychologisé le personnage.

Il est clair les Harpagons joués par Funès, par Villard ou parSerrault ne peuvent être que différents.

Si le metteur en scène accepte le pacte et que le comédien joue le de lafaction théâtrale.

Sitôt qu'un être de chair s'exprime ou se tient en face de nous, par son jeu d'acteur, son mimesisnous lui attribuons des "caractères'.

Il est certes possible d'envisager Tête d'Or, incarnation de la métaphysique dupouvoir, à la lecture de la pièce ce Claudel.

Cependant le théâtre est fait pour être joué " sauf s'il est dans unfauteuil " et le personnage métaphysique dévoile alors ses limites.

Comment les deux clochards célestes peuvent-ilsprétendre à incarne le principe de l'attente perpétuelle qui caractérise l'existence humaine ? « Ne pas se rendre au théâtre, c'est comme faire sa toilette sans miroir.

» écrit Schopenhauer dans Observationspsychologique.

Le titre même de l'ouvrage nous montre bien que c'est au théâtre psychologique qu'est conféré cerôle de mimesis.

« Faire sa toilette » est en fait ici une métaphore pour désigner la purgation des passions : soit lacatarsis.

« La tragédie (...) est une imitation faite par des personnages en action et non par le moyen de lanarration, et qui par l'entremise de la pitié et de la crainte, accomplit la purgation des émotions de ce genre.

»explique Aristote dans Poétique.

En assistant à un spectacle théâtral, l'être humain se libère de ses pulsions,angoisses ou fantasmes en les vivant à travers le héros ou les situations représentées sous ses yeux.

L'exempleparfait pour Aristote étant L'Oedipe roi de Sophocle.

Le personnage est semblable aux autres hommes, le spectateurpeut donc s'identifier à ses émotions.

Cependant il semble difficile de pratiquer la catarsis avec un personnagecomme Georges Dandin.

C'est pour cela que Ionesco parle, au "risque' d'être redondant, « d'exagération extrême ». En effet si l'idée d'un théâtre qui ne s'ancre pas dans la psychologie n'est pas nouvelle " il suffit de se pencher surEschyle " elle est remise au gout du jour.

Lorsque la passion atteint des sommets comme avec Phèdre, on ne peutplus se limiter au psychologique.

Ainsi Don Juan que l'on pourrait percevoir comme un simple collectionneur defemme, se distingue de Casanova par sa dimension métaphysique.

C'est un personnage que l'on déplie au fil del'oeuvre.

S'il ne veut pas être seul, c'est qu'il a peur de la mort, puisqu'en plus il ne croit pas en Dieu " « je crois queun et un font deux et que deux et deux font quarte -, alors il invite une statue à dîner...

Au fur et à mesure Dieu vadonc être évacuer de la métaphysique moderne. Artaud affirme que « la vraie poésie, qu'on le veuille ou non, est métaphysique et c'est même, dirai-je, sa portéemétaphysique, son degré d'efficacité métaphysique qui en fait tout le véritable prix.» Il faut aussi savoir que ladramaturge explique que si le théâtre le dégoute c'est qu'il est aussi humain qu'il est antipoétique.

De ces deuxidées, on comprend alors qu'Artaud souhaite que le théâtre recouvre une dimension plus métaphysique.

De la mêmemanière que Nietzsche s'opposait à Euripide " en l'accusant d'avoir déplacé la tragédie Eschyle-sophocléenne dans lapsychologie " Artaud ne s'intéresse pas au conflit qui oppose des subjectivités mais plutôt à un autre conflit,cosmique: celui qui oppose l'homme à la nature, l'humain à l'inhumain.

Il veut opposer au théâtre psychologique unthéâtre métaphysique.Il développé ceci dans Le théâtre et son Double et explique que « briser le langage pour toucher la vie, c'est faireou refaire le théâtre ».

En effet « tout ce qui est spécifiquement théâtral » est « tout ce qui n'est pas contenudans le dialogue ».

Alors bien sur que « le théâtre doit faire de la pensée le pain de la foule», mais Artaud préciseque « c'est par la peau qu'on fera rentrer la métaphysique dans les esprits ».

En se préférant les signes, il s'éloignedu texte, du réalisme pour que le théâtre cesse de se « borner à nous faire pénétrer dans l'intimité de quelquesfantoches», et s'arrache à son piétinement psychologique et humain ».

C'est pourquoi Artaud prend comme modèlele théâtre oriental qui se fonde sur la "métaphysique" alors que l'occidental mise sur la psychologie.

En outre, lethéâtre oriental ne met pas en scène des caractères mais il se fonde sur des grands mythes ce qui se prête plus àla catarsis.

Artaud propose une représentation d'un aspect universel de la vie et non singulier, ce qui permet deposer des questions existentielles.C'est l'enjeu de sa théorie : "Il faut croire à un sens de la vie renouvelé par le théâtre." C'est dans ce principe queréside ce qu'Artaud va appeler le théâtre de la cruauté.

Il le compare à l'expérience de la peste qui éveille lagratuité des actions et la liberté de la pensée: « [...] le théâtre lui aussi prend des gestes et les pousse à bout ».

Ilcite Saint-Augustin qui pensait que le théâtre était aussi dangereux que la peste : l'un s'attaque au corps et l'autreaux moeurs.

Après Les Censi, dans la ligné du théâtre de la cruauté, de l'alourdissement de la vie te a souffranced'exister, on pourrait citer Purifiés de Sarah Kane où l'on trouve "l'enfermement' et surtout l'impossibilité du langageréaliste, l'importance de la mise en scène et la ritualisation de la violence.Les idées d'Artaud le Momo vont influer sur tout le théâtre de l'époque et la suite, notamment les l'absurde commeBeckett, Adamov, Genet ou Ionesco.

Mais aussi sur les metteurs en scène.

Par exemple chez Meyerhold, tous lesacteurs sont habillés de la même manière, et la psychologie n'est pas présente dans la mise en scène.

Le théâtretend ainsi généralement à être dépsychologisé.« Le théâtre est le premier sérum que l'homme ait inventé pour se protéger de la maladie de l'Angoisse » assureJean-Louis Barrault.

On retrouve bien cette idée chez Ionesco qui lutte contre l'angoisse latente héritée del'enfance ; l'écriture est donc aussi une façon d'extérioriser sa peur de la mort.

Pour lui, la création artistique pose. »

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