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Fin de partie: ACTE I - DIVISION 6 (Beckett)

Publié le 17/01/2022

Extrait du document

Hamm. - «Quelques mots... que je puisse repasser... dans

mon coeur.

Clov. - Ton coeur!«

Ou encore :

Hamm. - «... Dis quelque chose.

Clov. - Il n'y a rien à dire«.

Ces répétitions dynamisent l'alternance de la parole. Elles peuvent s'étendre à l'ensemble d'un groupe syntaxique, ou d'une phrase : Il n'ira pas loin« / «il n'a pas besoin d'aller loin«; «loin de moi tu serais mort« / «loin de moi c'est la mort«. 

« lorsque, trois fois, de façon exactementidentique, il se penche pour interroger Nagg :«Clov se penche.

Mots confus.

Clov seredresse» (page 88).

La répétition est devenue la ressource principale de la progressiondramatique. L'inutilité Une réplique de Clov résume mieux que toutcommentaire l'impasse qui rend tout acte stérile: «Si je ne tue pas ce rat, il va mourir» (page90). Les gestes accomplis sont tous annulés, serésorbent avec le geste contraire qui faitrétrograder invariablement la situation à son étatinitial : Clov ouvre, et ferme la fenêtre, après lapromenade, il «ramène le fauteuil à sa place», il ne cesse de monter et de descendre l'escabeau,revient toujours à «sa place à côté du fauteuil». Hamm sort son mouchoir, le déplie, le replie et leremet dans sa poche. Révolte On vient de le voir, la progression est uneintenable stagnation, une lutte désespéréecontre le néant.

Néanmoins, cette pièce estl'histoire d'un affranchissement, il y a uneévolution psychologique des personnages, lesrapports de Hamm et de Clov ne cessentd'empirer.

Clov résiste à son bourreau, s'insurgecontre l'oppression verbale que celui-ci faitpeser sur lui : il ne répond plus à ses questions :«Je suis très blanc ? (Un temps, avec violence.) Je te demande si je suis très blanc» et : «On estquel mois ?» (un temps).

Ses réponses trahissent un mutisme délibéré, elles se limitentle plus souvent à un oui ou un non.

Il ne relancejamais; la tension, que mani festent les temps morts, est insupportable.

Il refuse d'obéir,d'embrasser Hamm, de le toucher, et avec unsadisme digne de la cruauté de Hamm,employant les paroles que celui-ci adressait àson père pour lui dire qu'il n'y avait plus debouillie, Clov qui a entretenu Hamm dans l'espoird'un calmant, lui annonce qu'ils sont épuisés.Quand, page 93, Clov revient, la rupture estdécidée, il tient dans ses mains le réveil, signalqu'il va quitter Hamm.

La rupture est consomméelorsque, exaspéré, marionnette qui ne cesse demonter et de descendre de l'escabeau, Clovfrappe Hamm avec le chien, le double symboliquede sa soumission. Deux dialogues p.

92 et 106 Chez Beckett, les mouvements du dialogue sonttrès brefs et se renou-vellent à une cadenceélevée.

Ils s'organisent souvent autour d'un ouplu-sieurs mots qui assurent la cohésionorganique de l'ensemble et le pas-sage d'uneréplique à l'autre.

Nous avons choisi deuxséquences pour illustrer la technique dudialogue, page 93, autour des mots «loin » et«mort», page 106, autour du mot «coeur».

Lesenchaînements assurent la continuité d'uneréplique à l'autre par reprise d'un même terme :. »

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